Ouais, ouais, OUAIIIIIIS ! ! ! ! ! ! ! Enfin le nouveau Necrophagist ! Après le superbe « Onset of putrefaction », joyau de Brutal Death technique, j’attendais avec une impatience grandissante cette deuxième livraison des allemands, retardée pour cause de moult péripéties qu’il serait fastidieux d’énumérer ici. A force de persévérance Muhamed Suicmez, tête pensante du groupe, a fini par décrocher la lune avec un deal sur Relapse Records, gage d’une reconnaissance quasi assurée, si besoin était tellement Necrophagist a acquis au fil des ans un statut culte sur la scène extrême européenne. En tous cas gage d’une distribution digne de ce nom. « Onset of putrefaction » était l ‘oeuvre d’un unique homme qui (avait?) tout composé et enregistré, jusqu’à la programmation de la batterie. « Epitaph » a été enregistré en groupe avec enfin une vraie batterie acoustique. Une sorte de retour aux sources vers l’époque de la cultissime demo 3 titres de 1995.
Alors concrètement comment m’est apparu cet album ? Hé bien je scinderais l’analyse en deux visions différentes : le fan converti depuis longtemps, et le néophyte. Pour la première catégorie dont je fais partie, le sentiment qui ressort principalement est une déception assez conséquente, probablement due au syndrome du premier album indétrônable. « Onset » était remarquable, « Epitaph » n’est que bon, ce qui en soi n’est déjà pas si mal, j’en conviens, malgré un morceau d’ouverture surpuissant. On ne change pas une équipe qui gagne : les mêmes recettes sont appliquées ici, à savoir des structures hyper changeantes, une batterie montée sur du 220, un bassiste impressionnant et des solos partout. C’est là que le bât blesse : une profusion de solos de guitare, toujours aussi mélodiques et impeccablement interprétés (Muhamed Suicmez et sa nouvelle recrue à la deuxième six-cordes font partie des tous meilleurs guitaristes de la scène extrême, au même niveau qu’un Erik Rutan par exemple), mais tous semblables, avec l’utilisation des mêmes gammes encore et toujours, dans l’esprit neoclassique à la Malmsteen…. Lassant. Les riffs de gratte, acérés au possible, ressemblent fortement à ceux de « Onset » (Cf riff de « Diminished to be » qui ressemble furieusement à un de ceux de « Intestinal Incubation » par exemple) et les mélodies qui se chevauchent et s’entrecroisent ne facilitent pas la digestion d’un album très (trop ?) dense, ce qui peut être aussi un avantage, la première écoute ne suffisant pas à cerner le monstre, tout dépend du point de vue. Notons toutefois des ralentissements du tempo plus fréquents et plus marqués que sur le méfait précédent, ce qui confère aux morceaux une lourdeur plus accrue qu’auparavant. Par contre la voix de Muhamed cartonne toujours autant, vraiment l’un des points forts de l’album, mais elle est moins présente que sur « Onset »….
Pour le néophyte par contre, le tableau est plus souriant : il s’agit d’un groupe qui ne ressemble à aucun autre, qui a sa propre vision du brutal death que je n’ai entendue nulle part ailleurs. La production extrêmement claire, très puissante, permet d’entendre distinctement toutes les subtilités des compositions et du jeu des zicos (et il y en a beaucoup). Des passages presque Heavy se font entendre deci-delà, d’autres avec des accords dissonants qui confèrent une atmosphère spécifique à certains breaks, et un petit assage bien déjanté sur le final de « Only ash remains »…. Ces touches plus progressives (le mot est peut-être fort) apportent une profondeur intéressante aux compositions, Entre les rythmiques plombées, la batterie échevelée et les différentes pistes de guitare et de basse qui se croisent et se recroisent, un véritable dédale auditif se forme et l’assimilation d’un morceau peut être ardu, mais jouissif.
En conclusion, « Epitaph » est un album de très haute tenue technique, mais je reste sur ma faim quant à l’innovation ou plus simplement l’évolution du groupe, j’ai l’impression que tout avait déjà été dit sur le premier disque et que déjà au bout de 2 albums Necrophagist tourne en rond. J’ai dû trop en attendre, d’où ma déception même si je me suis surpris à l’apprécier un peu plus à chaque écoute au début. Par contre si vous aimez la puissance alliée à la mélodie, que vous n’avez rien contre le brutal death et que vous ne connaissez pas Necrophagist, il s’agira là d’un achat presque indispensable. Je me souviens avec une petite larme à l’œil de ma découverte de ce groupe fabuleux, la claque que je m’étais prise à l’époque… Heureux ceux qui vont vivre ce moment grâce à cet « Epitaph », qui possède tout de même la carrure pour mettre une bonne baffe dans la tête à pas mal de monde !

Note connaisseur : 13/20
Note neophyte : 17/20


Rédigé par : Ocean? | 15/20 | Nb de lectures : 10898