Ben non, pas la peine de froncer les sourcils comme ça, même Tonton ne se souvient pas de NECRONOMICON. Ou alors s’il se met à frétiller de la queue lorsque l’on sort ce nom, c’est parce qu’il pense aux Canadiens du même nom signés pendant un temps sur UNIQUE LEADER… Non, là je vous parle du groupe allemand formé originellement en 1983, bah oui cela ne nous rajeunit pas, et deuxième, que dis-je, troisième couteau de la scène thrash teutonne dont les trois albums sortis dans les années 80 lorsque la vague était au zénith n’ont pas franchement laissé, à l’instar de DARKNESS par exemple, un souvenir impérissable, à part chez quelques forcenés. Sauf que pendant tout ce temps, le groupe n’a jamais vraiment jeté l’éponge. Et même si ces apparitions discographiques se sont de plus en plus espacés, le groupe a su conserver la moitié de son line-up d’origine (le chanteur/guitariste et le batteur) et continuer à sortir une poignée de d’albums dans l’indifférence la plus totale. D’ailleurs, sans être langue de pute, le fait que le groupe se retrouve aujourd’hui à crécher chez Dave Rotten d’AVULSED, plus connu pour ces ripailles death-metal que pour son goût sûr en thrash-metal, est en soit assez révélateur. Il y avait donc de quoi avoir un peu peur, surtout qu’il existe un fâcheux précédent : l’album de la pseudo-reformation d’HALLOWS EVE, le tout simplement honteux ‘Evil Never Dies’ sorti sur XTREEM MUSIC en 2006, exemple hélas parfait du groupe qui n’a conservé de son glorieux passé que le nom (et encore). Eh ben saperlipopette, je suis content d’avoir faux sur toute la ligne pour une fois…

Surtout ne vous fiez pas au côté limite autoproduction de l’ensemble de la présentation et à cette pochette ultra-clihé dont même AGATHODAIMON n’aurait pas voulu. En fait, le plus gros défaut de NECRONOMICON est son CV car il donne l’impression que l’on a affaire à une bande de vieux croulants refusant de raccrocher. Alors que si ‘Revenge of the Beast’ était sorti sous n’importe quel autre patronyme et avec au dos la photo d’une bande de jeunes thrashers à la VIOLATOR ou BONDED BY BLOOD, personne n’aurait bronché. Alors attention, on ne tient pas là le nouveau Graal et papa KREATOR peut dormir sur ses deux oreilles. Mais dans le créneau ‘on est peut-être plus tout frais mais on sait toujours envoyer la purée’, NECRONOMICON fait presque aussi bien que les derniers DESTRUCTION par exemple, production moderne comprise. Bon, cela dérape un chouia vers PRIMAL FEAR (oui, je sais, cela fait peur) lorsqu’ils s’essayent à un brin de mélodies (« On Path of Death ») ou quand ils nous sortent des plans intro à la basse bondissante affreusement datés (« Blood Sky »). Mais lorsque c’est direction thrash toute, avec grosse double à fond les ballons, cela tient franchement bien la route car cela ne s’embarrasse pas de plans compliqués ou de grands discours philosophiques de comptoir. Dans ces cas-là, NECRONOMICON se révèle être un pur groupe de thrash des années 80 qui s’assume bien. Petit album, petit groupe mais bonne surprise.

PS : Il existe une édition limitée à 1000 exemplaires de l’album où l’on retrouve sur un second CD un autre mix soi-disant plus ‘roots’ de l’album histoire de, je cite, « fêter les vingt-cinq ans du groupe ». Sauf que la différence est loin de sauter aux oreilles…


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 13/20 | Nb de lectures : 11054