Ce qui est bien avec NECRONAUT c’est qu’on a, une fois n’est pas coutume, pratiquement un VRAI album solo, c’est-à-dire entièrement réalisé par son auteur, l’ex-batteur et compositeur principal de CARNAGE et DISMEMBER, Fred Estby, qui a été contraint de quitter ses derniers en 2007 après dix-neuf années de bons et loyaux services car il avait une famille à nourrir. Ici, il a joué pratiquement de tous les instruments, a presque tout composé, tout enregistré, tout produit et même tout mastérisé ! Sur « The Lie In Which The Truth Is Buried », initialement prévue pour David Vincent de MORBID ANGEL dont la participation a dû être annulée pour cause de tracasseries administratives, il s'est même pris pour la première fois le micro dans les dents pour un résultat d’ailleurs super-thrashy mais pas si mauvais que ça, quelque part entre Tom Araya et Schmier.

Par contre, à l’inverse d’un PROBOT par exemple, plutôt que de s’adapter à l’univers de chacun de ses invités, chaque chanson étant assurée par un VIP différent, c’est plutôt le contraire qui s’est produit. Mis à part le très heavy-metal « Soulside Serpents », qui va comme un gant à l’ex-SPIRITUAL BEGGARS et actuel GRAND MAGUS, JB, et qui est constellée de solos épiques par Robert Dahlqvist (ex-HELLACOPTERS) et Robert Pehrsson (DEATH BREATH), on a pratiquement tout le temps l’impression d’entendre ses potos pousser la gueulante sur un inédit de DISMEMBER qu’autre chose. Certes, lesdits potos ne se mouchent avec le revers de la manche : Erik Danielsson de WATAIN, Tomas Lindberg d’AT THE GATES, Hellbutcher de NIFELHEIM, Andreas ‘Drette’ Axelsson de TORMENTED et ex-EDGE OF SANITY, etc. Sauf que malgré toutes les possibilités qui lui étaient ainsi offertes, Estby n’a malgré tout pas pris beaucoup de risques et s’est reposé sur le son de guitare barquettes à frites et l’accordage en Si qui lui sert de fonds de commerce depuis ‘Like An Ever Flowing Stream’. Le paroxysme est atteint avec ce « Infecting Madness » plus vrai que nature, vu que c’est Chris Reifert d’AUTOPSY, l’influence (revendiquée) principale de DISMEMBER, qui y tient le crachoir… On croirait entendre Matti Kärki !

En somme, il faut être Swedishophile à 400% et accessoirement vraiment fan de DISMEMBER pour rentrer dans ce disque dont la seule réelle surprise est cet énorme « After The Void » digne du grand CANDLEMASS et chanté (en voix claire) par Joakim Nilsson du petit frère caché de WITCHCRAFT, GRAVEYARD. Et encore, avec un gros bémol, vu qu’Estby s’y auto-parodie, recyclant pour le refrain le riff principal et le phrasé de « I Saw Them Die » le morceau qui ouvrait le troisième DISMEMBER, ‘Massive Killing Capacity’ (1996) ! Ceci étant dit, à l’inverse, ce « Tower Of Death » chanté par son ami de trente ans l’ex-ENTOMBED et maître à penser de DEATH BREATH, Nicke Andersson, est un ratage intégrale, vu que plutôt que se la jouer brontosaure enrhumé comme il l’avait fait sur ‘Clandestine’, Monsieur a tout simplement préféré se la jouer rock n’roll, en total décalage avec ce morceau pourtant très metal lourd sur le plan musical et malgré le ‘ugh’ très Tom G. Warriorien qu’il lâche en intro.

Autant poser les couilles sur la table plutôt que faire du tricot avec : si vous ne débarquez pas de la planète Mars et que vous êtes un minimum fidèle à VS, vous connaissez sûrement mon amour immodéré pour tout ce qui sent le vieux death-metal et les drapeaux jaune et bleu. Donc sans surprise, moi j’accroche bien à cette réunion d’anciens combattants musicale, même si je trouve qu’il manque juste à l’appel LG Petrov d’ENTOMBED (mais je chipote). Mais bon, après PROBOT ou l’album solo de Tony Iommi, on tient là une nouvelle fois la preuve qu’un casting trois étoiles permet d’avoir un bel autocollant sur pochette mais pas forcément un résultat très cohérent ou intégralement réussi.


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 14/20 si vous êtes fans de DISMEMBER, la moitié pour les autres | Nb de lectures : 13174