Voici la quatrième sortie de NECRODEATH en deux ans, si l’on compte le Best Of « 20 Years Of Noise » de 2006 et la récente réédition du troisième disque des Italiens, « Fragments Of Insanity », initialement paru en 1989. Certainement pas assez pour les fans du groupe me direz-vous, qui avaient dû attendre trois ans avant de voir arriver le successeur de « Ton(e)s Of Hate » en 2006, mais peut-être légèrement trop pour le thrasheur tout-venant qui risque de se perdre un peu dans cette avalanche de sorties. Je fais partie de ceux qui n’ont jamais accroché à NECRODEATH, peut-être parce que l’ayant découvert sur le tard avec « Black As Pitch », l'aura des premiers albums s'était déjà évanouie, peut-être également parce que leur thrash, bien que parfois bien brutal, ne dégageait rien de spécial par rapport aux autres combos existants.

Quoi qu’il en soit, la première écoute de « Draculea », au volant de la patmobile, m’avait laissé une très bonne impression avec ces ambiances théâtrales évoquant parfois un NOTRE DAME beaucoup plus radical, cette large place laissée aux instruments (une intro, une outro et une sorte d’instrumental, « The Golden Cup », qui dévoilent une facette mélodique du groupe plutôt plaisante) et surtout le dernier morceau, « VT 1476 », pur moment de métal gothique avec cette voix angélique qui le transcende et qui offre à l’album une conclusion magnifique toute en finesse, idéale pour un concept-album… Parce que oui, « Draculea » (« Fils du Dragon » en roumain, l’un des surnoms Vlad Tepes) est un album concept centré autour du mystérieux prince de Valachie que Bram Stocker a érigé en icône gothico-vampirique avec « Dracula ».

On retrouve justement le dépouillement, la froideur et paradoxalement la ferveur des sentiments du livre dans le disque de NECRODEATH. Agressivité et douceur sont ainsi perpétuellement en balance, certains passages sont très travaillés musicalement alors que d’autres ne sont rien d’autre qu’un déchaînement de violence primaire (« Fragments Of Insanity »). L’orientation générale est tout de même aux ambiances et aux mélodies, aux morceaux mid-tempo rythmés par la batterie de Peso, les guitares du nouveau guitariste Maxx et les grognements aigus de Flagias. Le track listing survole toute la vie de Tepes, de sa naissance en 1431 à sa mort quarante-cinq ans plus tard en passant par ses premiers émois sanguinaires (« Smell Of Blood ») avec un léger détour deux cents ans plus tard, en Hongrie, chez la comtesse Bathory… Les Italiens reprennent en effet la mythique « Countess Bathory » de VENOM, une reprise très fidèle à l’originale qui s’insère parfaitement au milieu des autres morceaux.

NECRODEATH signe avec « Draculea » un album original, résultat d’un vrai travail de composition, qui plaira aux amateurs de metal/thrash mettant l’accent sur les ambiances plus que sur la brutalité. Les influences de KREATOR et SLAYER sont également moins audibles, ce qui laisse peut-être plus de place aux mélodies de guitares et aux ambiances, justement, qui sont l’élément constitutif de « Draculea ».


Rédigé par : Dungorpat | 14/20 | Nb de lectures : 10945