"Ich liebe dich", ça c'est OK.
"Achtung. Papiere bitte", OK aussi.
"Ich bin ein Berliner", c'est bon je l'ai aussi.
Voilà, maintenant que j'ai rassemblé toutes mes connaissances en allemand, je vais pouvoir aborder sereinement cet album de Nebelung.

Alors, Nebelung est un duo germanique (vous l'aviez deviné). Si vous avez cru jusqu'ici qu'il s'agissait de black metal, c'est raté car le projet pratique du folk/ambient acoustique que j'inscrirai musicalement dans la mouvance acoustique du neo folk. Musicalement, car je n'ai rien pané aux paroles, mais j'imagine qu'elles sont en mode "Bouh, je suis triste, alors que la nature est si belle.", à peu de choses près. Je déduis tout cela du livret sobre, mais fort réussi, qui accompagne le digipack tout aussi beau. Un livret où les textes sont accompagnés de photos de forêt et d'un cliché du duo (les cons, ils se sont fait prendre en photo à moitié à contre-jour. Ah ah, les nouilles, elle est ratée leur tof. Trop nazes. Bouh, je la taggerai même pas sur mon Facebook).

Mon air enjoué étant un mécanisme d'auto-défense contre le spleen, vous aurez compris que les neuf titres de Vigil sont une ode à la tristesse et à la mélancolie. Là où Mistelteinn montrait encore quelques faiblesses de composition en 2005, Nebelung a revu sa copie pour ne proposer que des moments de grâce. Entre des instants vivifiants cheveux au vent sur des collines herbeuses ("Die Roder", l'excellent "Sturm") et des moments de pure détresse sentimentale au coin d'un feu ("Ausklang", "Nebelung"), Vigil conserve comme unique trame une émotion portée par les sombres voix des protagonistes et leurs guitares (et une légère touche de synthé et de violon).

Sur ce constat élogieux, vous demanderez des références pour vous faire une idée. On peut citer sans peine Empyrium et surtout (très surtout) Ulver dont le duo boche a dû passer des nuits à s'écouter le Kveldssanger en boucle. La référence est encore plus frappante sur les chœurs mâles ou les accords choisis qui ne peuvent qu'évoquer cette influence nordique directe. "Hoffnung", "Wanderer" ou "Nokturn" ou... heu... en fait, les deux tiers de l'album... donnent immédiatement envie de ressortir le brûlot des Norvégiens. On peut également penser à October Falls, même si le travail des guitares s'avère moins riche (bien que déjà très palpitant) pour laisser la place de choix au miroir de l'âme humaine: les voix (non, me faites pas chier avec vos yeux).

Grosse note et énorme sensation pour ma part avec cet opus de Nebelung qui parvient à faire fondre le caillou caché tout à fond de mon âme. Tout cet art valait bien une chronique un peu délurée, non? Je ne vous tiendrai pas la jambe avec une production parfaitement emplie de basses où tout n'est que légèreté. Pas la peine de faire une prose plus longue; achetez cet album dans l'instant, c'est la bande-son idéale pour mourir en toute quiétude.


Rédigé par : Prince de Lu | 18/20 | Nb de lectures : 10833