Vous voulez vous réconcilier avec le révérend Morse ? Lui pardonner ses sermons permanents considérant que sa dimension d’artiste n’est pas à remettre en cause et dépasse de loin le discours fumeux? Alors faites comme moi. Repassez-vous le DVD de Transatlantic et admirez une nouvelle fois les talents de performer et de frontman du bonhomme. Ça vaut toutes les absolutions du monde !

Quelle énergie et quel savoir faire. C’est lui qui donne le frisson sur We All Need Some Light ou qui met le feu sur Suite : Charlotte Pike, véritable morceau d’anthologie de 30’. Il sait jouer de tous les instruments, il est de toutes les facéties, les impros, y compris les gimmicks parfois insupportables du rock prog.
Allez, 2 Pater et 3 Ave pour frère Morse.

Le 4e album de Neal Morse est bien entendu un concept-album dont le thème religieux – il va sans dire – est Martin Luther et ses 95 thèses dénonçant les dérives de la Sainte Eglise Catholique puis sa tentative de réforme et enfin sa mise au ban. Un balayage ou un toilettage de la religion illustré par la pochette on ne peut plus explicite. Voilà, on se débarrasse tout de suite du concept et on y revient pas.

Si ? le précédent donnait dans le sympho mélo, celui-ci est d’emblée plus dark. Il est vrai que le sujet n’est pas le même et se prête davantage à ce type d’ambiance. Plus dark chez Morse, ça veut dire plus heavy. Ça paraît évident mais devant l’angélisme bon teint dont fait souvent preuve le gus, il n’est pas inutile de le préciser. C’est vrai que par le passé et notamment sur In The Fire, Morse nous a montré qu’il savait durcir le ton et transformer son prog symphonique en métal prog de haute volée. Le line-up est sensiblement le même : Portnoy, l’ami de toujours derrière les fûts, Randy George à la basse et le nouveau venu, Paul Gilbert qui n’est ni un manchot ni un inconnu. (Racer X – Mr Big). Le son métal de Sola Scriptura, c’est donc lui.

Parce que pour le reste on est tout à fait dans le style de l’ex Spock’s Beard dont Morse perpétue l’esprit, album après album. L’âme de Spock, c’était lui. Ses anciens camarades ont beau se démener pour se sortir de là, ils n’ont, semble-t-il pas encore trouver le moyen de le faire oublier complètement. Ce qui rend la comparaison inévitable.

La difficulté surgit à l’instant où il faut décrire plus en détail la musique de Morse en évitant de répéter ce que l’on a déjà dit pour les précédents. Car, il faut bien l’avouer, l’Américain ne se renouvelle pas beaucoup. Y compris dans la construction de l’album. 4 titres épiques (3 font 16, 25 et 29 minutes), intro ronflante et musclée, déclinaison des thèmes, breaks, reprises, développements, mélodies « beatlessiennes », etc. Invariablement, on replonge dans le progressif de Spock ou de Transatlantic. Un progressif luxuriant, généreux mais un peu figé tout de même.

Bon, de toute façon, à l’heure qu’il est, les anti sont déjà partis se coucher et les pro n’en finissent pas de se repasser en boucle ce Sola Scriptura qui n’apporte rien à la cause, ne fait pas avancer le schmilblik, ne bouleverse pas le Landerneau, bref, qui n’a d’autre prétention que d’exister par et pour lui- même. N’est-ce pas une raison suffisante ?


Rédigé par : Karadok | 16/20 | Nb de lectures : 11547