NEAERA est un (très) bon groupe mais malheureusement il n’aura jamais vraiment le respect qu’il mérite. Les allemands ont beau enchainer les albums de qualité, ils ne seront toujours que les « mecs qui font comme Heaven Shall Burn». Si le constat n’est pas totalement faux, il est toutefois réducteur. Bien qu’influencé et affilié à la même scène que ses compatriotes allemands, auxquels ont pourrait ajouter Narziss, Caliban ou A Traitor Like Judas tellement la liste est longue, NEAERA a toujours eu sa petite spécificité. Un son plus metal, des vrais morceaux de mélodeath suédois, une atmosphère plus noire et une capacité à composer de vrais riffs assassins. Puis, ce qui ne gâche rien, le groupe est hyper efficace sur scène. Ils avaient tout pour devenir les chefs de file de cette scène melodeath/metalcore allemande mais ils ont eu la malchance d’arriver un peu après la guerre. En 2003, Heaven Shall Burn, Marroon et Caliban étaient déjà dans la place. Installés, bien au chaud.

Pourtant, comparé à ses camarades de jeu, NEAERA est d’une grande constance. En 10 ans le groupe a sorti six albums, tous d’une belle qualité, aucun faux pas et connait une évolution légère mais constante. « Ours Is The Storm » est leur album le plus heavy au sens traditionnel du terme mais ne vous attendez pas non plus à du Blind Guardian ou du Stratovarius, NEAERA reste NEAERA et leur musique est toujours très musclée mais avec un vrai côté épique propre au heavy allemand, voir à tous les groupes allemands en général. Le titre « My Night Is Starless » présente un riff efficace, couillu et épique : voila qui résume bien leur son. « Ours Is The Storm » commence fort. Après une petite intro d’une trentaine de seconde déboule le premier vrai titre : « Ours Is The Storm » qui savate d’entrée de jeu. Après seulement quatre minutes, on est content de retrouver NEAERA là où on les avait laissés. C’est comme s’asseoir dans son fauteuil préféré : ça colle parfaitement. On retrouve tout ce qu’on y avait laissé mais avec en plus quelques petites nouveautés au niveau de la production moins massive mais plus vivante, plus organique (prends ça Heaven Shall Burn).

« Ours Is The Storm » fonce droit devant lui en balançant ses riffs de tueurs à gauche et à droite, metal extrême, death, black, melodeath, tout l’arsenal habituel du groupe y passe, couplé à des moshparts méchantes, des breakdowns lourds et une voix qui alterne growls profonds, cris plus hardcore et aigus vengeurs. Tout ça avec beaucoup de variété, on n’a jamais l’impression d’entendre deux fois le même morceau. Le groupe reste lui-même et fait ce qui sait faire mais ne cesse de se renouveler et trouver de bonnes idées tout en restant dans le carcan qu’il s’est créer à base d’Heaven Shall Burn, le grand frère du edgemetal ricain type Undying et de melodeath à la Dark Tranquility. « Ours Is The Storm » est un disque solide, carré et qui possède lot de bons moments : « Ours Is The Storm » brutal, « Ascend To Chaos » et ses riffs démoniaques ainsi qu’un « Black Tomb » très deathcore (mais le vrai deathcore celui du début des années 2000), fin 90). On notera aussi le présence de Nathan Gray, vocaliste de Boysetsfire sur "Slaying The Wolf Within". Avec ce disque, NEAERA surpasse le décevant « Veto » d’Heaven Shall Burn et montre la voie à toute cette scène allemande en perdition. Ils prennent les devants, s’impose comme un groupe incontournable mais une fois encore, malgré la qualité de l’ensemble ils resteront tapis dans l’ombre. Mais finalement, l’ombre leur réussi plutôt bien.


Rédigé par : Seb On Fire | 15.5/20 | Nb de lectures : 12279