Difficile de s’y retrouver dans la jungle des genres et sous-genres métalliques tant les groupes bâtardisent tout ça en piochant sans vergogne aucune à gauche et à droite pour un résultat parfois très aléatoire. Les Allemands de NEAERA, dont c’est déjà le quatrième album mine de rien, ne facilitent pas la tâche du pauvre chroniqueur hardcore que je suis en multipliant les influences, les chausse-trappes et les fausses pistes.

Metalcore ? Oui… mais non.
Deathcore ? Oui Deathcore c’est bien ça… mais en fait… non.
Blackcore ? Pourquoi pas… mais non.
Hardcore ? Oui… oh puis non.

Si je devais définir la musique des Teutons flingueurs, je parlerais plutôt de « metalextrêmecore » tant le groupe doit autant au hardcore, au death, au black ou au melodeath à la suédoise. Parce que sous leurs airs de p’tits étudiants en sociologie, les mecs en ont dans le calcifs. « Sévèrement burnés » comme dirait Nanard.
Histoire de mettre tout le monde d’accord, ils frappent fort d’emblée avec le monstrueux « I Loathe » qui démarre sur un riff black metal imparable, embraye sur du blast tout droit sorti du dernier groupe de gore grind kirghize vénéré par Cobra, poursuit son chemin avec des vocaux deathcore et finit le boulot sur un imparable riff edgemetal. Dans mon jargon on appelle ça la grande classe monsieur. Facile le meilleur morceau du genre entendu cette année.

Les Allemands sont souvent comparés à une version plus extrême de leurs compatriotes d’HEAVEN SHALL BURN, ce qui, en soi, n’est pas tout à fait faux même si un poil réducteur. Sans atteindre le niveau d’excellence de celle de leurs grands frères, la musique de NEAERA, qui puise sa source dans les mêmes eaux, offre une palette d’émotions et d’ambiances plus large. Les parties de guitares rappellent aussi bien le AT THE GATES période « With Fear… », que les groupes metalcore des années 90 comme UNDYING ou STATECRAFT, ou les vrais deathcoreux de CRAWLSPACE. L’influence de ces derniers est surtout prégnante sur les parties les plus lourdes, lentes et ivôôôôôl. D’ailleurs le titre « The Wretched Of The Earth » rappelle furieusement le « As Winter Calls » des Flamands, ce qui encore une fois est une belle référence. Le mix de toutes ces influences offre au son de « Omnicide – Creation Unleashed » des envolées lyriques apocalyptiques qui parviennent à hérisser le poil sous la casquette du coreux de base. Le duo de guitaristes joue à merveille son rôle d’anges de l’Apocalypse, ayant troqué leurs sept soufflantes contre des six cordes, annonciateurs de l’Armageddon à coups de riffs tragiquement désenchantés. Ouais je vous avais prévenu, NEAERA c’est du joufflu.

Comme si la musique en elle-même ne suffisait pas, le mix a été confié à Zeuss, qui peaufine un son en béton armé sans être robotique pour autant, ce qui est toujours bon pour la street cred’ hardcore. Tout ça donne une musique assez extrême capable de plaire à la fois au métallo chevelu à patches, au coreux en short et au méchus en col en V. Ajoutons à cela un fort joli artwork et une édition collector agrémentée d’un titre supplémentaire et d’un DVD.

Alors que MAROON stagne dangereusement , NEAERA avec cet excellent album, s’installe dans la peau de l’outsider le plus dangereux pour les grosses écuries death/metalcore. Si tous les skeuds de pseudo deathcore pouvaient avoir cette gueule-là, le monde n’en serait que meilleur.


Rédigé par : Seb On Fire | 16/20 | Nb de lectures : 10861