Voilà déjà le troisième album des Allemands en trois ans, une productivité dont devraient peut-être s’inspirer quelques groupes « établis » comme SLAYER et METALLICA (au hasard, hein !), d’autant qu’en ce qui concerne NEAERA l’inspiration est au rendez-vous ! Si vous connaissez déjà les deux épisodes précédents « The Rising Tide of Oblivion » et « Let The Tempest Come », chroniqués à leur sortie par respectivement Leguman (Kro ici) et Sentenced (Kro ici), vous ne serez aucunement dépaysés par leur cadet, qui reprend grosso modo les mêmes éléments enrichis toutefois de l’expérience acquise par le groupe.

On retrouvera donc le double chant black au phrasé HxC/death bien guttural, le mélange de riffs suédois, death old school, black et de beatdowns typiquement hardcores, sans parler des blasts foudroyants qui, bien que moins présents qu’auparavant, tiennent une place importante dans l’architecture des morceaux. A priori, on pourrait se dire que tant de styles abordés, c’est la porte ouverte au n’importe quoi et/ou à la redondance… a priori seulement, parce que le groupe fait preuve d’une maîtrise bluffante en matière d’arrangements et de capacité à faire cohabiter des styles que tout oppose ! Je n’aurais jamais cru entendre un lourd hardcore côtoyer un riff black, tous deux typiques de leurs styles respectifs, avec autant d’efficacité et de pertinence ! Avec NEAERA, il semble tout à fait naturel (après une période d’acclimatation toutefois) de passer sans cesse d’un univers à l’autre, comme si ces barrières que nous bâtissons si promptement n’étaient finalement qu’une succession de cellules psychiques à l’intérieur desquelles nous aurions la sensation rassurante d’appartenir à une communauté mais qui nous empêcheraient par la même occasion de rencontrer les autres et de n’en faire qu’une, énorme, bruyante, SAUVAGE !

Bref, aimez-vous les uns les autres et ne vous moquez plus du crâne rasé en marcel et baggy qui gesticule à côté et vous empêche de headbanguer en paix, vous avez très certainement le même but, à savoir vous prendre une bonne dose de musique qui déboîte dans la tronche ! Mais revenons à nos Teutons, qui comme je l'ai laissé entendre en début de kro, passent sans aucun problème le cap du troisième album avec un « Armamentum » qu’on pourrait presque qualifier de commercial puisqu’il s’adresse à un public très large et qu’il exploite à fond chaque filon. Une fois encore produit, hormis les voix, aux Hansen Studios, il bénéficie d’une production irréprochable qui fait aussi bien ressortir les étouffés massifs que les passages blacks. L’artwork magnifique, dont la thématique graphique trouve une suite tout aussi magnifique sur le site officiel, est à la fois moderne (coup de crayon BD très actuel) et sombre, en parfaite adéquation avec l’état d’esprit de NEAERA et les ambiances qu’ils génèrent sur albums depuis leurs débuts.

Sans chant clair cette fois, mais avec de bienvenus clins d’œil à IRON MAIDEN (« The Escape From Escapism »), les Allemands se montrent sous un jour légèrement plus radical qu’auparavant avec un côté death plus marqué mais n’en oublient pas les mélodies pour autant comme sur « Spearheading The Spawn » où un riff pesant à la BOLT THROWER se transforme en gros lourd en allers-retours gavé de testostérone et débouche sur un court solo triste et lancinant à la GOREFEST. « Armamentarium », en écoute sur MySpace, est également un bon exemple de ce que NEAERA propose sur leur album, certainement le meilleur à ce jour parce que le plus réfléchi, celui pour lequel la recherche d’efficacité a été la plus poussée et qui devrait parvenir à convaincre les derniers réticents à son deathcore blackisant.


Rédigé par : Dungorpat | 16/20 | Nb de lectures : 10241