Metal + Toulouse = fabrication de fuselages pour Airbus ?
Pas faux, mais je pencherais plutôt pour : Metal + Toulouse = MANIMAL, DWAIL, PSYKUP, ERYN NON DAE, FLESHDOLL, HYSTERIA, INSANE VESPER... un véritable surbooking de décibels dans les règles de l'art ! Car cette scène, en plus d'être prolifique, offre un vaste panorama de formations de talent allant du metal barré au brutal death en passant par le black bien burné. NAÏVE s'ajoute à cette longue liste en apportant sa contribution à l'édifice local dans un registre metal atmo et progressif bardé de références trip-hop et électro. Éclectique, vous avez dit éclectique ?

Résolument.
A l'écoute de son troisième album, "Altra", un constat s'impose naturellement : que de travail abattu par le trio depuis un "The end" initialement paru il y a cinq ans et qui posait déjà des bases solides en matière de metal indus puissant mais mélodique ! Cinq années qui ont permis au groupe d'affiner sa recette pour proposer un style unique et envoûtant où maturité et originalité sont érigées en lignes de conduite. Pas de doute, NAÏVE sait où il fourre ses rangeos, pour sûr. Et ce qui frappe d'entrée sur "Altra", c'est la qualité des vocalises de Jouch, ne souffrant pas d'un franglais approximatif, le bougre manie à merveille les ambiances, passant du clair au nerveux avec une facilité déconcertante. Appuyé à merveille par une section rythmique fluide et percutante, il donne à chacun des sept titres une vraie personnalité.

Prenez l'introductif "Elevate/Levitate" et ses claviers planants rapidement rejoints par une batterie aux abois, avant qu'une épaisse tartine de guitares ne vienne se greffer sur ces ambiances éthérées. Voilà une introduction digne d'un TEXTURES au sommet de son art sur "Drawing circles". Sauf qu'ici le ton se durcit radicalement avec une envolée thrash du meilleur effet pour ensuite laisser place à nouveau au calme... avant que la tempête ne vienne repointer le bout du pif sur le reste du morceau. Presque neuf minutes de montagnes russes sur lesquelles on embarque avec délice. "Yshbel" reprend ce schéma chaud/froid, garni de montées en puissance façon post-metal équilibrées par des parties plus posées pendant que "Mother Russia" sort du cadre avec ses velléités clairement plus electro et son spoken word dans la langue de Poutine en partie centrale. Le tout est contrebalancé par des riffs mastodonte de toute beauté qui déboulent presque cinq minutes après le début du morceau. Un morceau d'ailleurs à part sur cet album mais pas dénué de charme, loin de là. "Monument size" et "Surge" sont tout deux de véritables monstres métalliques, deux embardées chevelues et testostéronées qui feront craquer les nuques en live à n'en point douter. Plus classiques dans l'approche, certes, mais foutrement efficaces. Quant à "Waves will come", il intrigue par ses incursions dans le trip-hop, lardé de guitares célestes et autres vocalises déclamées avec grâce, n'oubliant pas de placer une intervention musclée quand la tension se relâche. Tout en nuances, "Altra" clôt les débats de bien belle manière avec son format XXL de près de treize minutes où un violon entêtant mène la danse au coté d'une montée en puissance des guitares chargées de préparer l'explosion finale, apte à faire trémousser même les popotins les plus flasques !

Du côté de l'enrobage, rien à redire. Enregistrée et mixée par Clarence Mocquet au Moxoundz Studio, masterisée par El Mobo dans la foulée, cette galette ne souffre d'aucune faute de goût dans son approche sonore, claire et puissante. NAÏVE tape fort, NAÏVE tape juste et livre ici une autoproduction premium qui tient la dragée haute à bon nombre de grosses cylindrées plus rutilantes.

Jamais un groupe n'aura si mal porté son nom finalement : NAÏVE ? Non, maline... et expérimentée plutôt !





Rédigé par : TarGhost | 16/20 | Nb de lectures : 9596