« NAZARETH, mais ça existe encore ce groupe ? ». Voici, à quelques éléments de ponctuation près, la réaction normale de toute personne dotée d’un tant soit peu de culture rock ou ayant connu les glorieuses années 1970. En effet, totalement oubliée du grand public depuis plusieurs décennies, la formation écossaise n’est plus aujourd’hui suivie que par un petit nombre de passionnés, de fans jusqu’au-boutistes pour qui le temps n’a pas de prise… Pourtant, nul ne peut contester la place de choix que s’est offert le combo dans la grande histoire du hard rock.

Alors, oui, mesdames et messieurs, ces vieux briscards roulent toujours leur bosse après plus de quarante ans de carrière… Et ils ne sont pas près de s’arrêter ! Heureusement, serait-on tenté de dire… Car, après un album fort réussi publié en 2008 ("The Newz"), les Ecossais récidivent trois ans plus tard avec un "Big Dogz" qui a, lui aussi, plutôt belle allure. Sans fioritures, NAZARETH nous balance onze titres de classic rock direct, dépouillé, mais classieux avant tout. Les rêves de gloire et de fortune étant loin, le groupe continue désormais son aventure sans illusions. Et cet amour de la musique rock transparaît tout au long des compositions ici présentées.

S’il y en a un pour qui la retraite ne semble pas se profiler, c’est bien Dan McCafferty. Malgré ses soixante-cinq balais au compteur, le chanteur à la voix éraillée affiche encore une forme exemplaire. Il reste d’ailleurs une référence pour bon nombre de vocalistes, dont un certain Axl Rose, qui pour la petite histoire, avait fait des pieds et des mains pour que NAZARETH joue son hit « Love Hurts » lors de son mariage en 1990 avec le top model Erin Everly ! McCafferty avait alors poliment refusé. Pas rancunier, l’excentrique chanteur de GUNS N’ ROSES milita pour que son groupe reprenne un titre de NAZARETH sur l’album de reprises "The Spaghetti Incident", en 1993 (« Hair Of The Dog », en l’occurrence).
Aux côtés de l’indéboulonnable frontman figurent toujours le fidèle bassiste Pete Agnew, présent lui aussi depuis 1968, ainsi que le guitariste Jimmy Murrison et le batteur Lee Agnew (le fils de Pete), arrivés dans les années 1990. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces quatre-là semblent prendre leur pied à jouer ensemble à l’écoute de titres comme l’introductif « Big Dog’s Gonna Howl », au feeling ravageur, le nostalgique « Radio », ou encore le très seventies « Watch Your Back ». Dans un registre plus intimiste, les frissons sont également garantis avec le superbe « When Jesus Comes To Save The World Again », qui voit McCafferty assurer une performance de tout premier ordre. Pour le reste NAZARETH ne réinvente bien sur pas l’eau chaude, mais il faut savoir parfois se contenter des choses simples, comme on a coutume de le dire. Car, inéluctablement, viendra un jour où le groupe ne sera plus en mesure de poursuivre son chemin.

Bien que déconcertant de prime abord, car moins inspiré et plus inégal que son prédécesseur, "Big Dogz" est un album qui s’apprécie sur la durée et qui véhicule une certaine idée du rock. Il ne vient en tout cas pas ternir la carrière de cette légende qu’est NAZARETH. Toujours ça de pris !


Rédigé par : up the irons | 13.5/20 | Nb de lectures : 12200