Je vous le dis souvent, le Metal est partout ! Le Metal est universel ! Voici ainsi NAWATHER qui nous vient de Tunisie, et directement car il ne s’agit pas d’un groupe expatrié. Mené notamment par l’ex-batteur de MYRATH et par Hichem Ben Amara qui fait aussi partie de deux autres groupes locaux, MELMOTH et OUT BODY EXPERIENCE, NAWATHER existe depuis 2003 bien qu’il a passé 10 ans sous le patronyme AGONY’S SERENADES, sans jamais rien sortir apparemment et Wasted Years semble bel et bien être le premier stuff du sextette de Tunis. Si MELMOTH et OUT BODY EXPERIENCE étaient des formations de Metal extrême, NAWATHER lui va être « tunisien » par tous les pores, encore plus que MYRATH d’ailleurs. Le folklore local va être au rendez-vous pour un groupe que l’on peut aisément qualifier de Folk-Metal d’ailleurs, enfin de Metal oriental pour être tout à fait précis. ORPHANED LAND et consorts ne sont jamais loin, forcément. Mais NAWATHER est un groupe créatif et Wasted Years va proposer quelques surprises…

"Portals to Edinya" introduit Wasted Years avec bien évidemment des instrumentations orientales d’emblée, histoire de se mettre dans l’ambiance sans trop attendre. "Falling Down the Slope" puis "Daret Layyem" dévoilent ensuite les caractéristiques metalliques de NAWATHER, qui évolue dans un contexte abrasif et légèrement extrême, avec un chant masculin rugueux et un chant féminin oriental, paroles se partageant des lignes en anglais et en arabe. Et bien sûr, l’aspect folk oriental est presque omniprésent, inspiré et maîtrisé, il témoigne à chaque instant du savoir-faire du groupe pour les instrumentations typiques. A la fois classique et original, le Metal oriental de NAWATHER se laisse rapidement apprivoiser même s’il faut un certain temps pour l’assimiler. Surtout que dès "Raped Dreams", stupeur : voilà que le groupe tunisien prend un virage Metal… electro/indus ! A partir de là, Wasted Years sonne souvent comme un croisement improbable mais réussi entre du Metal oriental et du goth/electro Metal façon CREMATORY voire SAMAEL, avec une chanteuse à la voix orientale plutôt que gogoth.

Wasted Years est donc surprenant à plus d’un titre, surtout qu’il se montre inspiré voire même efficace. Les riffs de "Raped Dreams" sont terribles et les claviers bien intégrés. Les patterns de batterie aux accents tribaux de "Broken-Winged Bird" sont excellents, de même que les nombreux arrangements folk (idem pour "Time to Raise the Curtains" de ce point de vue, morceau qui bénéficie de l’apport de beaux riffs mélodiques). Le raffinement est également au rendez-vous, entre les magnifiques leads de "Defnouna" ou le plus atmosphérique "Succubus Romance". Tout est réuni pour faire de Wasted Years un bel et bon album de Metal oriental aux influences finalement assez larges. Mais cela reste un « premier album » et l’art de NAWATHER nécessitera encore quelques petites améliorations pour vraiment exploser. Si la production Made In Tunisia est très bonne (avec un mixage et un mastering Made In North America), le point à améliorer reste surtout le chant masculin, un peu agaçant par moments (notamment sur le final "Kont Trab" où les râles Black sont assez poussifs). Parfois un peu kitsch (du point de vue goth-metal à claviers/électro), l’art oriental de NAWATHER n’en est pas moins réussi et surtout totalement maîtrisé, mais le groupe peut encore aller plus loin et ces 43 minutes sont surtout une démonstration de ce qu’il est capable de faire. Si il s’agit typiquement d’un album qu’on aime ou pas sans demi-mesure vu le style et les sonorités utilisées, Wasted Years est un bien bon album de Metal oriental aux accents surprenants. Après les vacances musicales au Kirghizistan de DARKESTRAH, voici le trip en Tunisie par NAWATHER !




Rédigé par : ZeSnake | 14.5/20 | Nb de lectures : 6691