Première infidélité du dénommé Nattefrost à son groupe principal Carpathian Forest, « Blood & Vomit » est un album qu’on sent venir de loin… D’ailleurs il ne fait aucun doute que les anecdotiques instants de témérité excrétoire gravés sans honte sur les sillons de ce disque précéderont dans le souvenir collectif tout autre facteur d’intérêt à son endroit. Eh oui, Nattefrost pisse, Nattefrost dégueule (il ne sort pas grand chose d’ailleurs, décevant…), mais attention : Nattefrost s’interdit encore les flatulences rythmiques en double-croche ; jusqu’au prochain album ? Bref, inutile d’épiloguer sur ce qui n’est au fond qu’une triste confirmation : certains musiciens de black metal ne savent plus quoi inventer pour se fabriquer un fard provocateur. On nous vend ça sous le sceau de la dérision, c’est lourdaud et pas qu’un peu hors-sujet en vertu du style, mais pour ce que ça change…
Sur la musique, maintenant… La première remarque qu’on peut faire, c’est qu’elle, s’affranchit en fait assez peu de ce qu’on peut trouver sur un disque de Carpathian Forest conforme à l’argus. L’affirmation selon laquelle Nattefrost avait à tout prix besoin de ce projet solo pour se soustraire aux limites du travail de groupe en devient assez étonnante. On mettra ça sur le compte du régime de composition génétique propre à l’individu. Le produit de l’équation est donc sans équivoque : un black metal borné et sans poésie, mû par le besoin compulsif de démolir, et peut-être (sûrement) de se faire mal durant l’interprétation – cf. le chant qui doit bien laisser l’une ou l’autre corde vocale sur le carreau de temps à autres. L’écoute est jalonnée d’incursions isolées et plus ou moins iconoclastes dans le symphonique ou le bruitiste, et on tâtonne sans but ostensible en bordure de sphères plus tempérées – ou plus rythmiques – que le black puriste affiché en grosses lettres bien sales sur l’enseigne. Après tout Carpathian Forest ont hérité de l’appellation « black’n’roll », et c’est un peu de cette fusion fantasque et pas toujours très cohérente qu’on retrouve sur « Blood & Vomit ». On finit par se demander si ce maintien bancal de la musique ne relève pas moins de la volonté délibérée que du je-m’en-foutisme et des collages à la bonne fortune – c’est en tout cas ce que suggère, par exemple, une intro ridicule entre narratif insipide en Norvégien et samples tirés de quelque best-of bon marché de polyphonies sacrées, de surcroît fort mal arrangés. Pour le reste les parties brutales sont syndicales, pour ne pas dire rasoirs, même s’il n’y a pas grand chose à critiquer au niveau de l’exécution (la batterie, peut-être, un peu trop ballonnée – ou est-ce une programmée ?), ni de la production, qui satisfait aux critères du genre en terme de fiel et de masse. Le fan comme le novice y retrouveront à peu près leurs petits, avec pour le premier un avertissement de principe quant à un scénario poussif et la qualité bien inégale des morceaux, et pour le second un conseil urgent : s’attacher à découvrir Carpathian Forest en priorité, l’honorable « Strange Old Brew » ou le venimeux et fanatique « Black Shining Leather » (merci Nordavind) pour commencer…
Tout bien considéré, « Blood & Vomit » n’est ni mauvais, ni intéressant. Chez moi en tout cas il provoque une indifférence totale. Du ventre mou dans tous les sens du terme…




Rédigé par : Uriel | 09/20 | Nb de lectures : 9273