Frappé dans leur irrésistible ascension vers le cultissime par la perte en 2004 de leur leader, mentor, producteur et ami, Mieszko Talarczyk, on aurait pu croire que NASUM avait mis un point final à sa carrière sur l’énormissime et bien nommé « Grind Finale » désormais sur les étagères de tout fan de grind qui se respecte. Qu’était-il possible d’ajouter à un final, un testament aussi complet que celui-ci ? Hé bien il faut croire que ça n’était pas suffisant car 2008 aura vu la sortie d’un live plutôt inattendu. NASUM ne s’étant jamais livré à cet exercice tout au long de ses quinze années de carrière, on serait en droit se s’interroger sur la pertinence d’une telle sortie plus de trois ans après la dissolution du groupe.
En fait, on irait même volontiers à certains raccourcis qui feraient le procès des ex-NASUM. Essayent-ils d’exploiter les dernières ressources d’un filon ?
Relapse a-t-il besoin de ça pour booster son chiffre d’affaire 2008 ?
Tout ce beau petit monde ne peut-il pas s’empêcher de faire quelques billets sur la mémoire de NASUM et de son chanteur-guitariste ?
Et puis cet artwork racoleur n’est-il pas lourd de signification ? Trop lourd même…
Voilà quelques-uns des fantasmes que ce « Doombringer » ne manquera pas d’éveiller et voici pourquoi vous n’avez pas lu cet article plus tôt dans les colonnes de VS (certain membre de la rédaction ayant refusé d’en parler).

Et puis merde ! C’est de NASUM dont il est ici question ; un sacré pavé dans la mare ; la figure de proue de la seconde vague grind, celle des années 90. Alors non, on ne peut pas forcement tourner le dos à cette galette parce qu’on est des ennemis du « music business ». Ce disque existe alors parlons-en.

Enregistré lors d’une vieille tournée en compagnie de NAPALM DEATH au Pays du Soleil Levant et plus précisément à Osaka, ce live était destiné à devenir un split album partagé avec NAPALM DEATH avant de devenir un simple album de 23 minutes chez Relapse. C’est du moins ce qu’avait laissé entendre Anders Jakobson. Pas la peine de chercher des titres de « Shift » dans la setlist, cette date servait alors de support à la sortie d’« Helvete ». Pas la peine de s’indigner devant la durée du set et d’imaginer du charcutage intensif en studio, NASUM n’assurait que la première partie de NAPALM DEATH. Enfin, pas la peine de critiquer l’absence du public dans le mix de l’album car il s’agit tout simplement d’un vulgaire soundboard, un live enregistré comme un bootleg à la console comme à la grande époque du tape-tradin’ que NASUM avait sans doute pris soin de faire pour immortaliser la première date de cette tournée au Japon. Sans les micros d’ambiance disséminés aux abords de la scène, impossible d’entendre véritablement le public. Le son est directement pompé sur les retours et prive donc cet ultime live de l’atmosphère électrique qui flottait sans doute dans l’air. Comme il se doit, « Doombringer » a été remanié, remixé en studio (comme c’est le cas pour tous les albums lives d’ailleurs) pour arriver à ces quelques 23 minutes d’adrénaline.

NASUM, ce soir-là jouera un panel assez monstrueux de ses trois albums en mettant l’accent sur « Inhale/exhale » et « Helvete ». De « Corrosion » à « Den svarta fanan » en passant par « Inhale/exhale », « I hate people », « Masshypnosis », « The Idiot parade » ou encore le terrible enchaînement «Scoop »/ « Bullshit »/ « Relics », NASUM balance ici une set puissante à dessouder un coffre-fort. On notera également la présence singulière de « Löpandebandsprincipen » extrait de leur premier EP. Bien entendu, il s’agit d’un live de grind et il ne faut donc pas s’attendre à autre chose qu’à de la défonce de façade qui n’égale pas l’impact des albums studio. Pourtant « Doombringer » remplit parfaitement son office de témoignage de la fureur que NASUM pouvait déployer lors de ses shows et qui faisaient d’eux les dignes héritiers de NAPALM DEATH. Je me garderai bien de dire que ce live est aussi indispensable que celui de LOCK UP puisque ça n’est pas le cas. Maintenant, « Doombringer » reste quand même une galette sacrément vitriolée.

Il y a des histoires, des légendes qu’on ne peut se résoudre à voir finir mais j’espère bien que cette fois-ci, personne ne viendra racler les fonds de tiroirs et que NASUM goûtera enfin à la paix qu’il mérite, trônant au panthéon du grind.


Rédigé par : Tonton | Live/ | Nb de lectures : 11792