Seb On Fire
Attention Attention ! Planquez les gosses et sortez les grands-mères. NASTY, les vilains pas beaux du hardcore déboulent pour donner la leçon. Une leçon de Beatdown. De Terror Beatdown comme ils se sont eux-mêmes auto-définis. Avec « Give A Shit », les Belgo-Teutons repoussent les limites d'un genre ultra codifié. Ils poussent le style tellement loin qu'ils en font pêter toutes les coutures. En deux albums, « Declaring War » et « Agression », ils se sont imposés comme l'un des plus fiers représentants du beatdown européen. Avec cette nouvelle offrande, ils tabassent toute la concurrence, reléguant tous les autres groupes loin, loin derrière, les regardant de loin avec un sourire narquois au coin de la bouche. « This is NASTY, Motherfucker ! »

NASTY livre ici une déstructuration du beatdown. Les mecs ont bien compris ce qui faisait la force du style et donc ont viré tout le superflu. Point d'intro, point de solo, point de pont, point de refain en voix de pucelle, chaque morceau de l'album commence par une moshpart, se poursuit par une breakdown et finit par LA moshpart. Voilà c'est aussi simple que ça. Dès les premières écoutes, l'envie de mosher nous prend. Envie de tout casser. Mais vraiment tout. Les meubles, la maison, les os. Tout. Vous voyez la scène de Dr Folamour dans laquelle le dictateur ne peut retenir son bras droit ? Ben ici c'est la même chose, vous avez beau lutter, impossible de garder votre jambe droite, elle se lève toute seule et vous ne pouvez vous empêcher de balancer des high kicks tout seul dans votre salon. C'est l'effet « Give A Shit ». Un album de beatdown délesté de tout son gras, tout en muscle, rien qu'en muscle. Pas un pet de graisse. 12 titres pour à peine 20 minutes de gros, mais alors GROS son.

NASTY ouvre les hostilités avec « Fire On The People » qui donne le ton du reste de la bombe qui va suivre. Il ne faut que onze seconde avant de voir débouler la première moshpart qui passe en force et ouvre le passage pour la suite. La suite c'est « Second Life » et sa petite vibe hip hop et surtout « Massakermusic » premier temps fort et morceau vraiment ENAURME qui redéfinit la notion de choeur de bûcherons en faisant passer les 300 spartiates pour les Poppies. Des backing de bâtards, une moshpart rappelant le Crawlspace de la grande époque et le refrain final qui arrache toutes les têtes qui dépassent. Mais le meilleur reste à venir grâce à la triplette infernale « Fuck It » avec son petit riff à la Slipknot, « Justice », ses choeurs de bouchers et son featuring de Tito Surge Of Fury et la moshpart « brutal as fuck » de l'année enfin « Incum » vient finir le boulot aux poings américains et à la batte cloutée. Entre-temps les Belges prennent le temps de donner un cours de confucianisme à grands coups de latte dans la gueule. « Give A Shit » va tellement loin dans ses derniers retranchements qu'il frôle parfois l'abstraction, mais sans oublier le côté "festif" et "fun" de la musique des Belges. Rien de mieux pour se caresser tibias et rotules entre amis.

Voilà, s'il ne devait rester qu'un album du style ce serait celui-ci. « Give A Shit » est le « Reign In Blood » du beatdown.

Vision Of Beuh
Ah putain, Nasty!. En raison de leur attitude et de leur musique très basique (mais peut-être aussi pour la coupe de cheveux de Matthis lors du With Full Force en 2009), il s'agit probablement du groupe qui s'en est pris plein la gueule en Europe. Et pourtant...
Nasty est au hardcore ce que Bolt Thrower est au death metal : unique, reconnaissable dès la première seconde, incontournable et une pêche de ouf! De plus, il est de renommée que les concerts de Nasty sont les plus virils qui soient.

La sortie d'un nouveau Nasty est toujours un événement. Après un « Aggression » avait augmenté les bénéfices des salles de musculation de 15%, voici donc « Give A Shit » (c'te nom!) et un mot d'ordre : Beeeaaaaatdooooown!
12 titres pour 20 minutes, les Germano-Belges n'y vont pas de main morte. Pas de superflu, d'intros, de samples, rien de tout ça. Que du brut0l, du vénère, du riff cinglant et du vocal de batard.
On commence déjà par la voix de Mathis, ultra agressive, rauque, digne d'un sérial killer. Largement plus mise en valeur que sur les précédents opus, Mathis semble se défoncer sur cet opus. On est loin de la modeste voix de pitbull qu'il avait lors de « Declaring War » et notre chanteur possède ici tous les artifices pour séduire les masses : gros vocaux rageurs, un peu de vocaux parlés (il l'a toujours fait) et des petits braillements hystériques. On n'oublie pas non plus les chœurs, véritable instrument à eux seuls. Que serait Nasty sans ses chœurs de bûcherons ?

Si les mcdos sont constitués de 80% de graisse, 80% de la musique de Nasty est basé sur la moshpart. Le combo est passé maître en la matière pour pondre les mosh parts les plus abrasives qui soient. Le plus gros point fort est sans conteste le final de « Ice Age » et son riff à faire du karaté dans son salon. Il s'agit du titre beatdown le plus puissant que j'ai pu écouter, surpassant même « Down To Concrete » de Embraced By Hatred ou bien « Rising » de Punishment.
Difficile aussi de ne pas froncer les sourcils à l'écoute d'autres chansons comme « Fuck It », somptueux sur le « what-you-go-nna-do-now » ou bien le ultra vénère « Justice » et son petit passage où la batterie semble s'être accouplée avec une kalachnikov. On peut également citer « Independance Day » et son début ravageur, ou bien le « Massakermusik » dont le chœur de bûcheron reste dans les mémoires.
Mais alors, cette prod! MO-NU-MEN-TALE! Jamais un album de beatdown avait été aussi mis en valeur. Guitares brutales, basse presque audible derrière ce déluge de brutalité, batterie percutante avec sa double qui perfore les tympans à chaque plan, et ce mix qui rend le tout étouffant.
Un défaut ? Oui, la durée... très, très court, d'où la métaphore utilisée par Seb.

Le "Reign In Blood" du Beatdown ? Fort possible car avec cet opus Nasty est devenu le groupe de beatdown européen, voire mondial.. Oubliez tout ce que vous connaissez sur la brutalité jusqu'à lors et venez écouter « Give A Shit »... parce que Nasty EST la brutalité. Period.


Rédigé par : Seb On Fire featuring Vision Of Beuh | 17/20 | Nb de lectures : 14369