Cet (excellent) album est sorti il y a près d’un an. Certes. Et alors ?
Ce n’est pas une raison pour passer outre cette monumentale baffe, et il n’est jamais trop tard pour convertir quelques grindeux au Nashgul...
Qu’est-ce donc que le Nashgul, me direz-vous ? Au risque de décevoir certains lecteurs, non je ne ferai pas de parallèle avec le chef-d’œuvre de Tolkien. Formé en 2003 du côté de Coruña (La Corogne, pour les non-Ibériques), le Nashgul est un monstre façonné à l’ancienne, fortement inspiré de TERRORIZER ou MACHETAZO, et évoluant donc dans un Grind Core 'Old School', râpeux et surtout très accrocheur.

Le Punk fait partie des racines du Grind, ce n’est pas nouveau, mais les Nashgul ont eux réussi à conserver cette efficacité associée à une simplicité fortement contagieuse. A l’image d’un LOOKING FOR AN ANSWER ou d’un MACHETAZO, Nashgul possède cette attirance pour le Grind basique, corrosif et terriblement efficace. Même s’ils évoluent un cran en dessous des inégalables MACHETAZO, les 4 Nashgul se complaisent dans leur style avec talent et avec sincérité.

Majoritairement hurlé en espagnol, les attirances du groupe pour les films d’horreurs de Série Z, en témoigne notamment la superbe pochette, ont permis d’aboutir à un pamphlet extrêmement convaincant et dont la rage et la hargne portent cet ogive dans des sphères hautement accrocheuses. En se concentrant dans des hurlements essentiellement graves mais non gutturaux, uniquement aérés de quelques cris aigus, Santi (Ex-Looking For An Answer) véhicule cette conviction et cette hargne propre aux groupes ibériques expressifs et talentueux.
Les 19 titres sont très, très efficaces, et vont droit au but. Rageurs, violents, énergiques et néanmoins variés. Bâties sur des structures Grind, les compos sont toutes ornées de relents Rock 'n' roll crasseux, faisant penser à Motörhead ou Entombed sur certains passages. Ce cachet rugueux est surtout présent lors de certains ralentissements ou passages lents très headbanguants. Mais contrairement à un groupe comme NOLENTIA, pour qui le Sludge et le Rock font partie intégrante du style, Nashgul demeure ancré dans le Grind Core de par ses frénétiques accélérations ou blast-beats. Les émanations de Punk 'Old School' sont judicieusement équilibrées, surgissant de temps à autre sur certaines rythmiques typiques ou via quelques accélérations dévastatrices.

Les riffs, s’ils peuvent s’apparenter à la réelle déception en raison d’un léger manque d’inspiration, sont tout de même suffisamment pertinents. Ornés de penchants Thrash et de Rock crasseux, ils apportent un soupçon de mélodies bienvenus, tout en conservant et en portant la hargne et la furie purement Grind. Amplement suffisant pour desservir la soif de rage musicale.

Autre composante indispensable à un style aussi expressif : le son. Et, sur 'El Dia Despues Al Fin De La Humanidad', cet aspect est absolument irréprochable. Granuleux, crade, râpeux, et néanmoins parfaitement équilibré : la perfection sonore pour du Grind Core Old-school. La basse, très présente, virevolte sur chaque titre, les roulements et enchaînements de batterie sonnent vraiment naturels et ne couvrent pas le reste, et les guitares sont parfaitement audibles. Vraiment irréprochable, la production est totalement adaptée au style pratiqué, et participe à propager cette furie musicale s’exprimant avec talent dans ce "Old-School Grind Core Death 'N Roll".

Un cran en dessous des implacables Machetazo, Nashgul n’en demeure pas moins très accrocheur et dévastateur, avec certes moins de groove, mais dont la rage et le talent compensent largement les rares baisses de régime. Une tuerie, tout simplement.


Rédigé par : ..::Ju::.. | 16/20 | Nb de lectures : 12445