Faut être honnête...
Nous, metalleux, le marketing, on s’en tape.

Les publicités, les slogans racoleurs, les ‘featuring’ inédits et les stickers promotionnels remplis de louanges douteuses, ça ne nous laisse de marbre.
Ce n’est pas avec ces techniques préhistoriques, dédiée à la culture de masse, qu’on risque de jeter une oreille sur un nouvel inconnu ! Non mais ! Les pigeons, y’en n’a pas par ici...

Et pourtant, je vous l’avoue ; s’il n’y avait pas eu le chanteur/guitariste de NILE impliqué dans ce projet, je n’aurai sans doute jamais jeté une oreille sur NARCOTIC WASTELAND...

Triste ? Non, réaliste. La diversité de la scène Metal, et la productivité de l’Underground, sont tels qu’il devient difficile de suivre tous les groupes potentiellement intéressants. Cette diversité, qui est à mon sens une richesse inestimable, possède aussi ses limites.
Mais je le reconnais, c’est dommage, car "Narcotic Wasteland" est un album sans prétention mais foutrement plaisant.

Qu’on se mette d’accord : non, contrairement à son compère George Kollias, Dallas Toler-Wade n’a pas spécialement choisi de s'ouvrir à un autre style avec son projet parallèle.
Mais, cependant, ne cherchez pas de rapport avec NILE. Ni musicalement, ni thématiquement.
Et non, n’espérez pas non plus une quelconque originalité particulière, ni talent fondamental, ni aucun autre truc exceptionnel ou foutrement réussi.

"Narcotic Wasteland" est juste un sympathique album de Death/Thrash, qui laboure gentiment les tympans et ravage tranquillement les cervicales.

Le style de base est classique, un Death Metal typé Deicide ou Obituary pour la structure et la violence maîtrisée. Les cavalcades et certaines accélérations évoquent une filiation avec le Thrash à l’américaine, notamment Slayer.

Par moments, les aspérités Brutal Death prennent le dessus, et le groupe part alors dans un style hargneux et ponctué de riffs saccadés et rapides, ce qui n’est pas sans évoquer l’autre groupe de Dallas.
Certains riffs, et surtout quelques soli, évoquent également, par moment, des brides de NILE. Mais, il ne s’agit jamais que de fugaces rappels, et non d’une redite.

L’ensemble est relativement homogène, gentiment violent, mais sans identité réelle.
La prod est sèche et puissante, les titres accrocheurs, alternant blastbeats et mid-tempos. On retrouve le chant typique de Dallas, orné par moments des growls du bassiste Chris Dupre. Certains morceaux, plutôt dynamiques, sortent du lot, à l’instar de ‘The Shackles of Sobriety', ‘Alcoholic Religious Fanatics’ ou ‘Addicted to Junk’.

Mais, malheureusement, cela n’empêche pas "Narcotic Wasteland" de patiner dans la semoule, à cause de longueurs préjudiciables et de passages franchement mous. On sent paradoxalement que NARCOTIC WASTELAND essaye (sans trop de succès) de diversifier son style, de l’aérer ou de le violenter, au travers de variations bien senties.
Mais, aussi étrange que cela puisse paraître, et en dépit d’une maîtrise certaine, l'album reste désespérément plat et creux. Sympathique, mais creux.

En fait, c’est uniquement en distillant l’écoute d’un titre de temps en temps, que je ressens un certain plaisir ; mais l’enchaînement des 9 titres me conduit, à chaque fois, inexorablement, vers une forme de léthargie annonciatrice de bâillements difficilement réprimables.
Le plus triste, c’est qu’au final, aucun morceau ne reste vraiment en tête, même après plusieurs écoutes... La faute, en partie, aux riffs interchangeables et un peu passe-partout.

On est évidemment loin du niveau de NILE ici, tant techniquement que musicalement. Il faut prendre NARCOTIC WASTELAND pour ce qu'il est, c'est à dire un projet parallèle à la cool, sans prise de tête, avec juste l'envie de jouer du Death Metal Thrashy...
Sympathique, mais certainement pas indispensable, "Narcotic Wasteland" est définitivement réservé aux fans de Dallas Toler-Wade, ou aux fans de Death Metal américain.




Rédigé par : ..::Ju::.. | 11,5/20 | Nb de lectures : 12496