Purs entre les purs, justes parmi les justes, intègres, exemplaires, insoumis que dire... que dire au sujet de NAPALM DEATH qui n'ait été déjà dit ? Quel superlatif inédit utiliser pour épiloguer sur le quatorzième album studio des « Godfathers of grind » ? NAPALM DEATH ne joue pas du grind, il incarne le grind dans toute son absolue fureur, dans son explosion d'adrénaline, dans ses perpétuelles revendications. Les quatre de Birmingham pourraient nous tabasser tous les deux ans un album identique qu'on en redemanderait encore et encore et pourtant... pourtant cela serait mal connaître la bande à Barney que de croire une seconde à une quelconque stagnation musicale. Il demeure toujours cette volonté de remise en question, ce désir d'enfoncer les portes, d'innover, d'étoffer sans cesse un univers musical pourtant particulièrement dense.

Il est vrai que le premier trailer lancé sur la toile voilà quelques semaines annonçait clairement la couleur. A n'en pas douter, « Utilitarian » allait délier les langues et donner lieu à des débats passionnés.

Et qu'en est-il alors au juste ? J'aurais envie de vous dire que ND est, dans mon cas, au-delà de tout jugement objectif. J'aurais envie de vous dire qu'une fois de plus le patron remettait les pendules à l'heure en nous assénant une claque monumentale. J'aurais envie d'effacer de ma caboche toute idée de chronique pour sceller d'un seul mot mon opinion sur la bête : masterpiece. Cependant cela ne serait pas rendre hommage à sa juste mesure à « Utilitarian ».

Le temps d'une intro nuancée, grandiloquente, hypnotique et « Utilitarian » dévoile progressivement sa véritable trame, celle d'un grind contrasté alternant passages lents, riffs aux relents punks, les accélérations supersoniques qu'on leur connaît et quelques autres petites surprises distillées avec intelligence. Difficile, en effet, de parler de ce disque en occultant la participation du saxophone de John Zorn sur l'improbable « Everyday pox ». Pourtant, il est étonnant de voir à quel point les envolées de freejazz hystériques collent merveilleusement à la déferlante de blast. Il faut sans doute voir dans cette idée l'inspiration parfaitement digérée et personnalisée du « Drop dead » de SIEGE qui dès 1984 avait osé une telle association. Entre deux titres vitriolés les petites innovations continuent avec « The wolf I feed » dédié au feu bouillonnant des révoltes personnelles. Après quelques essais studio lors desquels Mitch Harris s'était essayé au chant, le groupe a décidé d'inverser les rôles laissant Mitch aboyer les couplets et Barney se charger des refrains qui ne manqueront pas de faire lever quelques sourcils circonspects à la première écoute. Et pour cause, Mark Greenway s'essaye à des voix chargées d'effet évoquant à s'y méprendre le timbre clair de Burton C. Bell de FEAR FACTORY. Le titre raté de l'album ? Hé bien non, même pas. Lorsque ND nous « caresse » la joue c'est pour mieux nous mettre une tannée la seconde d'après et ça marche à la perfection ; idem pour des titres comme « Fall on their swords », « Blank look around face » ou « Leper Colony » émaillés de break ou chorus solennels incarnés par des voix déformées psalmodiant des refrains de cathédrale évoquant l’influence toujours présente des SWANS.

ND aurait-il tronqué son grind chargé de testostérones pour devenir consensuel et accessible ? Non ! Et des véritables brûlots sont là pour témoigner de cette hargne toujours intacte et militante et aussi étonnant que puissent être ces petites expérimentations dans l'univers du groupe, le mélange fonctionne à la perfection sans paraître déplacé dès la seconde écoute. Que les fans se rassurent donc après plus de trois décennies vindicatrices, ND continue de se réinventer et au final de faire ce qu'on attend de lui ; de rester animé par cette flamme, de nous surprendre et de toujours faire du NAPALM. Encore un morceau d'anthologie qu'il m'est pénible de désacraliser en apposant une note, au demeurant réductrice, en bas de ce paragraphe.

NAPALM RULES !!!!

Comme d'hab les versions digi-pack et vinyle se verront agrémentées de titres bonus (deux pour le CD et un troisième en plus pour le vinyle).


Rédigé par : Tonton | 17/20 | Nb de lectures : 22384