Changements de line-up, changements de label, changements de management, coups de semonce, coups de gueule, coup durs, coups d’éclat, coups du sort, coup de fatigue : il y a tellement de facteurs qui auraient pu émousser la motivation, la détermination, les crocs de NAPALM DEATH. A commencer par une longévité record qui les voit aujourd’hui approcher à grands pas des trois décennies d’une carrière exemplaire.

Les parrains du grind, les demi-dieux de Birmingham, sont de retour pour une nouvelle salve plus de deux ans après « Smear Campaign », un album taillé comme un bilan de carrière. Derrière un artwork, encore une fois, signé Mick Kenney, le quatuor anglo-américain ouvre une nouvelle fois les vannes de la folie destructrice, de la rage dans sa version la plus primale… A ceci près que ND qui apprécie les expériences distille sur cette galette quelques nouvelles recettes. A commencer par quelques variations sur le chant plus précisément présentes sur les refrains de « Time Waits for no Slave » et « Life and Limb » où la voix du père Greenway se retrouve démultipliée sur un ton plus neutre que son vomissement de glotte perpétuel si familier, où des chœurs aux allures de grognements se font entendre « Fallacy Dominion ». L’autre évolution de ce nouvel équarrissage s’inscrit dans la continuité de « Smear Campaign ». En effet, sur la seconde partie de l’album, sur quelques titres, quelques passages, ND lève le pied de façon parfois significative pour s’adonner à des tempos plus death metal ou à des passages sensiblement indus (« Passive tense »), hypnotiques (« Procrastination of the Empty Vessel ») voire même presque blacks (« Work to Rule »).

Pour autant, cela ne fait pas de « Time Waits for no Slave » un album moins percutant ou moins survolté. La boucherie absolue de titres comme « Strongarm », « Diktat » ou «Felling redundant » ; une salve digne des fameux orgues de Staline est là pour nous rappeler que ND reste l’ultime référence du grind de qualité. Mais c’est tout de même sur ses breaks monuments ou sur ses riffs simplistes mais tellement accrocheurs que ND exprime le plus finement son savoir-faire. Suffit de s’envoyer « De-evolution ad Nauseum » le final de l’album et de prendre son break monumental dans la face pour en être définitivement convaincu.

Alors oui, ND ajoute un nouveau pavé de brutalité à son édifice entre grognements d’ours furibards, gueulantes de porc, riffs punk vitriolés et rythmiques « de puta madre ». Avec l’âge et le mur qui se rapproche inexorablement à chaque jour qui passe sans que la mondialisation ne lève le pied de l’accélérateur, les membres de ND auraient pu devenir désabusés ou philosophes mais non, rien n’y fait et ce quatorzième album, d’une discographie se bonifiant avec les années, nous démontre, une fois encore, que ND a toujours la véritable gniak, la volonté irrépressible de tout défoncer sur son passage qui les animait déjà quelques 27 années en arrière.

Ne soyez pas surpris si ce disque ne figure pas en bonne place dans les sélections de VS. La raison en est simple, ND se situe irrémédiablement au-delà de toute sélection et les rétrograder à une place d’« employé du mois » serait leur faire injure. Enfin, avant que cette chronique ne s’achève, il vous faut savoir que cet album connaîtra une édition limitée en CD digi-pack et vinyle avec deux titres bonus pour atteindre une durée record de près d’une heure.

Total respect
Total support
Total Warfare


Rédigé par : Tonton | 16,5/20 | Nb de lectures : 13830