… ou le retour des purs et durs… En plus de vingt années de carrière NAPALM DEATH n’a jamais dévié de sa trajectoire puriste tout en faisant évoluer son style désormais inimitable. Après tout ce temps dédié à sa musique, le groupe de Birmingham n’a jamais succombé aux sirènes du succès ou de l’argent et ces incorruptibles du grind restent la pierre angulaire du métal extrême tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Après un second hommage aux maîtres précurseurs du death, du grind, du speedcore, sorti l’été passé, revoilà ND pour ce nouvel album très attendu qui marque le début de leur collaboration contre nature avec Century Media. Alors, qu’est devenu ND depuis le saisissant «Order of the Leech » ? Leurs crocs se sont-ils émoussés avec cette arrivée sur un label de « music business » ? Nous ont-ils juste ressorti la même recette pour nous contenter d’un « Order of The Leech 2 » ? Que nenni mes loupiots, cela serait bien mal connaître ND qui vit une seconde jeunesse depuis leur départ de chez Earache (bah oui, faut bien dire les choses telles qu’elles sont, hein ?). S’il est vrai qu’ « Order.. » était la suite un peu trop évidente d’ « Enemy of music business », « The Code is Red… » célèbre un retour tonitruant de la bande à Shane avec un album plein de surprises, de retours aux sources et d’inspiration.
Avec un titre résolument politique (le Red Code est l’alerte de sécurité maximale aux USA) ND affiche par de là même un profond désaccord avec l’Amérique de George W. C’est vrai que ND a toujours été un groupe soucieux de faire passer des messages mais le ton s’est irrémédiablement radicalisé et cette nouvelle galette en est une nouvelle fois la preuve. A en voir les titres des morceaux et la pochette du « Code », on se croirait presque revenu aux bons vieux temps des « Scum » et autres « From enslavement from obliteration ».
Musicalement parlant, le groupe continue immuablement son voyage jusqu’au-boutiste au travers d’un death grind batailleur comme lui seul sait le décliner. Les grattes sont ultra incisives, la rythmique groovy part en vrille à la moindre occasion, avec une nouvelle performance de Daniel Herrera, Barney est au sommet de sa forme avec son chant unique tirant parfois vers des hurlements aigus déchirants. Il est surprenant de constater à quel point ses vocaux se sont rapprochés, sans doute involontairement, de ceux de Lee Dorian au fil des années. Remettez-vous donc « Scum » à l’occasion, c’est assez stupéfiant.
Le grind, si cher à ND, a encore gagné du terrain sur le death toujours omniprésent sur le dernier album en date. Il faut noter également que les influences punks reviennent en force au travers d’une certaine spontanéité et de rythmiques hachées. Un titre comme « The Great and the Good » assouvit allégrement ces aspirations punkoïdes, sans dénoter du reste de l’album.
C’est au travers de pures décharges d’adrénaline que sont des titres comme « Right you are », « Diplomatic immunity », « Instruments of Persuasion », « Vegetative state » que l’art de NAPALM DEATH se traduit et que le Grind s’écrit avec un grand G. Toutefois ND ne rechigne pas à lever un peu le pied de l’accélérateur pour alourdir son style de breaks d’une puissance assassine. Mais la singularité du « code » se traduit par la présence d’invités de marque dans l’univers de NAPALM DEATH. Tout d’abord, et dans l’ordre d’apparition, Jamey Jasta (HATEBREED) vient prêter ses meilleurs braillements sur le saisissant «Instruments of Persuation » qui démarre sur les chapeaux de roue pour virer, en son milieu, à la mosh part. Ensuite le dieu vivant du punk US, l’inoubliable chanteur des DEAD KENNEDYS, Monsieur Jello Biafra lui-même, vient associer son timbre vacillant unique aux beuglements rauques de Barney pour « The Great and the Good » (d’où ce côté très punk du morceau). Enfin le « Code » est l’occasion de retrouver le légendaire Jeff Walker (CARCASS), avant la sortie de son premier album solo, sur « Pledge yourself to you ». Ici le père Walker officie dans un registre qu’on ne lui connaît pas ou peu, un chant de gorge traînant et grave qui apporte une touche très particulière au titre.
Le « Code » est aussi l’occasion pour ND de renouer avec les influences industrielles et expérimentales déjà présentes sur « F.E.T.O. » avec le morceau « Evolved as one ». Le groupe a choisi de terminer sur deux titres très différents et surtout beaucoup plus lents que le reste de l’album. Tout d’abord le lancinant et hypnotique « Morale », un titre qui, sous le couvert d’une certaine grandiloquence, installe progressivement une ambiance claustrophobe qui prépare le terrain à l’étrange « Our Pain is Their Power ». ND dévoile un visage qu’on ne lui avait pas connu depuis bien longtemps en s’inspirant délibérément de l’indus décadent des SWANS.
« The Code is Red … » apparaît comme un joyau de pur Grind, taillé pour devenir un futur grand classique du métal extrême. ND ne dévie toujours pas d’une ligne de conduite exemplaire, fidèle à ses principes et rebel. Et si par un curieux hasard le Grind tombait en désuétude dans le futur :
« Et s’ils ne sont plus que mille, hé bien ils en seront, Si même ils ne sont plus que cent, ils braveront encore Sylla, s’il en demeure dix, ils seront les dixièmes et s’il n’en reste qu’un, ils seront celui-là… »*
NAPALM DEATH est de retour… Longue vie à NAPALM DEATH…

*C’est pas de moi, c’est de Victor Hugo, bande d’ignares… !!!


Rédigé par : Tonton | 19/20 | Nb de lectures : 16522