Hé ben, je ne l'attendais même plus celui-là ! Il faut avouer que je ne suis plus de près l'(in)activité des suédois depuis pas mal de temps. Même si des signes avant-coureurs ont été décelables (notamment, les concerts européens en support de FINNTROLL), c'est un bonne nouvelle que d'avoir des nouvelles (justement) du combo scandinave. "Pariah" vient s'ajouter à la maigre discographie des nordistes. Vous me direz qu'il vaut mieux sortir de la qualité et en sortir moins, certes. Mais cela fait déjà trois ans depuis "Sheol" et NAGLFAR n'est définitivement pas un groupe à inonder notre discothèque de boîtiers inutiles. Pour sa décharge, la cause principale de cette défection est l'instabilité chronique du line-up. Et cette fois, c'est carrément le vocaliste et membre fondateur Jens Ryden qui quitte le navire, officiellement pour aller poursuivre ses études à Stockholm. C'est donc le bassiste et second membre fondateur Kristoffer Olivius qui s'empare du micro, poste pour lequel il officiait dans SETHERIAL. Pour être tout à fait complet, je signale qu'Olivius se concentre sur les vocaux en live et laisse la basse à Morgan Lie (qui est batteur dans le groupe de death mélo Auberon. Si je n'en ai pas perdu un ou deux dans ce jeu de chaises musicales, ce sera déjà bien...)

Malgré le départ de Ryden, les fondements musicaux du groupe n'ont pas vacillé et NAGLFAR pratique toujours assidûment son black mélodique "so swedish", dont les formules ont été définitivement gravées dans le marbre avec le mini "Ex-Inferis" et l'arrivée de Marcus Norman. Si la recette est la même, elle reste très efficace. Le groupe oscille entre des titres "boulet de canon" bourrés d'énergie et des morceaux plus mid-tempo jouant sur la douce mélopée apportée par une lead guitare toujours inspirée. La force de NAGLFAR est clairement de trouver des mélodies toujours intéressantes qui embarquent l'auditeur sans aucune échappatoire possible. Les textes sont toujours aussi bien placés, dans des passages appuyés où les refrains ressortent au mieux. On se surprend à brailler dans son salon les tirades de cette machine de combat ("I bring the secrets on my grave", yeahhhh. "That's why I dominate !!"). La prestation est impeccable, avec une mention particulière au bretteur de service Mattias Grahn qui martèle ses fûts avec une redoutable technique. Le jeu des guitares est toujours redoutable. De plus, la bande agrémente ses morceaux de petits effets fort appréciables (raah, les passages de piano). C'est très bien mis en place et réalisé, dans la droite lignée du précédent album. Le son est impeccable, l'album ayant été enregistré au Ballerina Audio comme les précédents (VINTERSORG, le side-project de Ryden DEAD SILENT SLUMBER, SETHERIAL, etc). Que du bonheur cet album...

Alors, quoi ?? Hein ? Qu'est-ce qu'il a ce chroniqueur à ne pas être totalement jouasse devant cette nouvelle offrande de qualité de NAGLFAR ? Hé bien, le chroniqueur reste sur sa faim... La structure de "Pariah" est quasi-identique à "Sheol". Les morceaux boucherie sont judicieusement placés en tête de gondole, "Swarm of Plagues" remplaçant ici l'impitoyable "I am Vengeance". Les morceaux suivants sont progressivement moins bourrins, quoique forts sympathiques. Et le turbo est remis vers la moitié de l'album, "Revelations Carved in Flesh" prenant la place du monstruissime "Of Gorgons spawned through Witchcraft". NAGLFAR reste un très bon groupe, mais la surprise des sorties passées est éventée et il manque un quelque chose qui les ferait définitivement basculer dans la première division. Peut-être manque-t-il un côté plus sombre aux compos ? De même que pour "Sheol", si les titres sont toujours bons et balancent sévèrement, on ne trouve pas la noirceur d'un DISSECTION, par exemple. Peut-être la vélocité et la patate d'un titre comme "Swarm of Plagues" devraient-elles se répandre sur tout un album comme une armée de zombies ? Effectivement, les titres plus mid-tempo sont sympathiques mais ne relèvent pas du génie par leur originalité. Mais je chipote, je chipote...

Malgré mes réserves, cet album est bon et mérite une écoute attentive. NAGLFAR est ce qui se fait de mieux en black mélodique depuis la disparition de DISSECTION (on me signale dans l'oreillette que Dissection serait revenu ?!? Kali Mah Sheuptidé !!). Néanmoins, mon sentiment que le groupe n'évolue plus me donne des scrupules à trop monter la note. Hé non, le chroniqueur n'est pas jouasse....


Rédigé par : Prince de Lu | 15/20 | Nb de lectures : 13158