Alors que le cinquième album de Naglfar vient de sortir, il était plus que tentant d'en parler sur VS et surtout de le comparer au premier album de Profundi, paru en novembre dernier. Si vous ne connaissez pas Profundi et que vous vous demandez le pourquoi du comment de cette comparasion, toutes les réponses à vos questions se trouvent dans ces deux chroniques. Entamons les hostilités avec Naglfar. Enjoy!!

FIGHT CLUB SUEDOIS - 1ère partie

Le navire Naglfar semble désormais avoir trouvé son rythme de croisière. La stabilité de line-up aidant, le drakkar nous sort un album tous les deux ans depuis "Sheol", suivi de la tournée de rigueur. Et si le groupe déménage toujours en live, le pilote automatique semble désormais enclenché sur les albums. Donc, c'est dit "Harvest" est à peu de choses près le même album que "Pariah" qui était déjà un resucée de "Sheol". Au moins, Naglfar reste constant. Si vous avez aimez les précédents, la pitance est servie. Si vous avez été déçu par "Pariah" mais pas encore écœuré, ne partez pas tout de suite.

Premier point, "Harvest" tient un peu mieux la route que "Pariah", même s'il en conserve intégralement la recette. Peut-être que ce point positif est dû à l'absence de titres poussifs comme "The Perpetual Horrors". Pour le reste, on est en terrain plus que connu. Roule ma poule pour 45 minutes. Naglfar s'appuie toujours sur des riffs mélodiques à souhait et des gros ponts qui pètent, des refrains bien massifs. Le groupe est égal à lui-même, de la composition à la production, en passant par la voix du grimaçant Kristoffer Olivius. Les suédois rabâchent désormais la même rengaine d'opus en opus. Les fans y trouveront agréablement leur compte, ne manquant pas de commenter les subtiles différences entre ces nouveaux titres et leurs prédécesseurs à la manière de docteurs ès Cannibal Corpse. Et pourtant on retrouve les mêmes riffs, les mêmes tappings, les mêmes effets de manche...

Les premiers albums de Naglfar donnaient l'impression d'ouvrir la boîte de Pandore, une sensation de découvrir quelque chose d'interdit et de démoniaque. Les plus récents efforts des suédois se comparent plutôt à une boîte à chaussures. Le contenu est largement prévisible et l'usage en est connu. Au début, ces nouveaux ustensiles peuvent gêner un peu mais on s'y habitue très vite. Et on finit toujours par regretter un peu les vieilles godasses, celles qu'on a mises de côté en même temps qu'un peu de nous. Si elle ressemble beaucoup à son aînée, cette nouvelle paire de bibelots à lacets ne pourra jamais vraiment remplacer l'ancienne qui emporte avec elle une certaine charge émotionnelle et des souvenirs plus ou moins glorieux. Mais bon, dans le fond, les nouvelles chaussures remplissent leur office et permettent de marcher, même si elles sont de moins en moins "rebelles" car elles suivent notre vieillissement et notre "assagissement".

"Naglfar, c'était bien mieux avant" diront les plus vieux auditeurs. Et ils auront bien raison, rien que pour "Diabolical" et "Ex Inferis". Pour quelqu'un qui a découvert le groupe sur ses plus récents efforts, le combo peut faire son petit effet. Mais j'ai du mal à trouver lumineux le navire de guerre depuis "Sheol". Sans parler de "commercial" (ce qui serait un peu ridicule pour un second couteau du métal extrême), Naglfar a profilé, polissé son discours et les compos sont désormais hautement calibrées et sans aucune surprise. Elles sont taillées pour être efficaces et faire illusion sur scène, mais on n'en retient bien peu de choses à la fin de l'écoute. On repart avec une sensation de déjà-entendu qui va bien avec le déjà-vu du sempiternel faciès grimaçant de Kristoffer Olivius sur toutes les photos. Il est encore heureux que le groupe ait réussi à augmenter sa cadence de parution, tellement il s'auto-plagie.

A noter, Century Media sort une édition spéciale avec DVD (dont je ne dispose pas, je vous laisse en parler). Sur le DVD, vous trouverez quatre titres live enregistrés au Party San Festival 2006 (et tous tirés de "Pariah", évidemment), le clip de l'infâme "The Perpetual Horrors" et une interview de Kristoffer Olivius. L'édition japonaise comprend le sempiternel titre bonus, ici il s'appelle "Necrospiritus".

"Harvest" n'est pas mauvais, non. Mais il tourne à vide, se contentant de flatter notre envie insatiable de consommer encore et toujours la même chose ou de répondre à un besoin urgent en cas de manque. Comme une nouvelle paire de chaussures. Bon, ben puisque l'effet de surprise s'est estompé, ma note descend encore par rapport au précédent.

Jens, pourquoi tu es parti? Et tu es où, nom d'une pipe en bois!!

A suivre dans le FIGHT CLUB SUEDOIS - 2ème partie


Rédigé par : Prince de Lu | 13,5/20 | Nb de lectures : 13841