Le plus scandinave des groupes de black grec est de retour, avec quelques changements notoires depuis la sortie de "Discipline Manifesto" en (déjà) 2005. En mars 2007, le combo signe chez la nouvelle filiale de Season Of Mist, Underground Activists (ouais, parce que SoM, ils font de la musique commerciale, d'abord). Le groupe entre en studio en juin, puis annonce en juillet l'intégration de Vicotnik (DHG) au poste de vocaliste (vous le repérerez facilement dans la vidéo, c'est le seul qui a des cheveux et un slip).

L'arrivée de Vicotnik est l'évènement qui masque à peine le remaniement de line-up conséquent qu'a connu le groupe. Le guitariste/vocaliste Morpheas s'est fait la malle et le guitariste Indra a été officialisé dans le line-up en 2006 (non, ce n'est pas la pute suédoise, c'est encore un chauve tout costaud). Des Grecs, il en reste donc trois (batteur, bassiste et le nouveau six-cordistes), épaulés par deux Scandinaves (Vicotnik donc, et Nordvargr toujours en poste aux bidouilles électroniques). On ne peut que constater que Naer Mataron évolue, voire prend du grade, tout en espérant que la musique suive.

OK, ce genre de petite phrase à la fin d'un paragraphe, vous en avez l'habitude. Bien souvent, il s'agit d'une première miette des griefs qui me taraudent sur un album. Ben oui, je suis tout taraudé! Le truc qui me branchait chez Naer Mataron, c'est leur black old school, souvent rapide et toujours mélodique. Ce black qui se permettait des élans épiques et des breaks tartinés dans une production grésillante à la Nehëmah. C'était pas la panacée, mais ça avait le mérite d'emporter l'adhésion. Force est de constater que le nouveau line-up prône plutôt un black efficace et rentre-dedans martelé comme un hymne martial, avec une production qui flirte avec le synthétique.

Mais que diable, c'est quoi cette batterie triggée jusqu'à la moelle qui est mise aux avant-postes? Difficile lors d'une première écoute de ne pas entendre QUE le tandem caisse claire/grosse caisse tellement il est projeté devant comme une mitrailleuse lourde. Terminés les passages posés avec un riff qui groove, finis les fins de titre comme "Extreme Unction" ou le monumental riff central de "Black Furnace". Bienvenus dans un monde de brutosaures qui blaste quasiment en continu et qui fait tourner des rythmiques qui se ressemblent toutes, sans oser la variété des précédents albums. J'espère que vous n'êtes pas allergique aux passages de deux minutes avec le même pattern blasté, car vous allez vite manquer de ventoline.

Les mélodies parviennent parfois tout juste à surnager, comme sur le titre "Incarcerating Gallantry". Ne vous laissez pas abuser par le passage final plus mélodique, il est unique sur tout l'album, l'extrait n'étant pas choisi au hasard. Tout le reste ressemble bien plus à la première partie du titre. Blast, blast et riff en tremolo. Et globalement, rien ne ressort vraiment d'un opus qui tourne rapidement en rond (petimataron). Déception.

Dans ma liste de griefs, j'ajoute une pierre pour Vicotnik. Malgré ses tentatives pour varier sa forme, je n'aime pas sa "grim voice" somme toute linéaire. Son chant manque d'émotions, de puissance et finalement de conviction. Ses lignes sont d'ailleurs fréquemment doublées pour arriver à en tirer quelque chose. N'est pas Attila qui veut, na. Et dans un album rapidement linéaire, je deviens vite nostalgique de la voix classique mais efficace de Morpheas.

Au passage, un petit clin d'œil à l'artwork, que je trouve fort sympathique. Je n'en ai que la pochette et je suis curieux de découvrir le reste de cette galerie dessinée de personnages zombifiés, qui n'est pas sans évoquer les personnages momifiés de Nile. Les amateurs de pochettes dessinées apprécieront ce joli travail, dont l'esthétique n'apparaît nullement dans la vidéo et c'est bien dommage de ne pas conserver une unité visuelle entre les supports, rien qu'en terme de couleurs.

Sans faire partie de la première division, Naer Mataron avait tout du second couteau très plaisant. Mais avec son évolution, le groupe me déçoit plutôt et leur nouvelle orientation ne m'inspire pas beaucoup de sympathie. Que retenir à la fin de l'opus? Vicotnik a une jambe du slip plus courte que l'autre. C'est pas possible que ce soit ça le message…

Sortie prévue le 19 mai 2008




Rédigé par : Prince de Lu | 11,5/20 | Nb de lectures : 13020