S’il n’y avait pas ce foutu ‘Illud Divinum Insanus’, qui sait si ce ‘In The Flesh’ ne serait pas au final passé inaperçu ? Projet studio n’ayant pas prévu pour l’instant de prendre le chemin d’une scène, ‘all star band’ ayant emprunté quelques grosses pointures éparpillées sur deux continents et monté autour d’un type apparemment cintré, il avait tout de l’épiphénomène oublié dans six mois, comme il semble hélas en être de mise de plus en plus dans notre société hyper-speedée actuelle qui s’ennuie dès que l’on ne nourrit pas la machine. Sauf que papa MORBID ANGEL - son influence principale et avouée, une impression renforcée par la présence surprise au chant de Steve Tucker, intérimaire au sien de l’Ange Morbide entre 1997 et 2004 – vient tout juste de commettre une belle grosse bouse bien baveuse ou, on va jouer l’apaisement, en tous cas le genre d’album qui ne plaira pas à tout le monde ou en tous cas, pas à ceux qui attendaient un skeud de death pur et dur. Soit l’occasion rêvée pour des outsiders style NADER SADEK de s’engouffrer dans la brèche et de récupérer les (nombreux) déçus…

Il faut dire que cet artiste d’origine égyptienne mais vivant à New York et s’étant fait connaître en tant que décorateur scénique pour, entre autres, MAYHEM a su faire jouer de son carnet d’adresse. En plus du Tucker susnommé, il a quand même confié les guitares à justement l’ex-MAYHEM Blasphemer et à la batterie à Flo Mounier de CRYPTOPSY, soit pas des lopettes qui se mouchent avec le revers du coude. Et encore, histoire d’en rajouter une louche, Attila Csihar, Travis Ryan (CATTLE DECAPITATION) ou encore Destructhor (ex-ZYKLON, MORBID ANGEL) y sont tous allés de leur petit featuring, histoire de faire grimper le taux ‘bankable’ de la chose, même si franchement leurs apports ne sautent pas aux oreilles. N’ayant qu’un CD promo, j’avoue que le rôle exact de Sadek est un peu flou car je ne sais même pas s’il s’est au final contenté en quelque sorte de jouer les maîtres d’orchestre ou s’il a réellement joué d’un instrument sur le disque mais franchement, on s’en tamponne un peu parce que le résultat est étonnement réussi.

Oui ‘étonnement’ parce qu’avec autant de monde à faire rentrer dans un seul disque et les clashs d’égo potentiels que cela pouvait susciter, on aurait pu s’attendre au pire. Mais non, malgré son concept sur les relations entre l’humanité et le business du pétrole, censé symboliser notre désir irrépréhensible de piller de façon égoïste la Nature pour notre seul bénéfice, ‘In The Flesh’ défonce quand même tout. Impossible de ne pas penser à MORBID ANGEL (« Rusted Skin » étant par exemple leur « Eyes To See » à eux), même si le tout tape aussi dans un style certes assez brutal death bavard parfois proche d’ORIGIN avec toutes ces descentes de gammes à 300,000 à l’heure sur fond de blasts, tout en s’autorisant quelques embardées étonnantes comme ces surprenants plans de double harmoniques à la ATHEIST sur le meilleur titre du lot « Soulless ». Sauf que l’on sent malgré tout la ‘patte’ Blasphemer dans ce petit côté tordu dans certains riffs là où il ne devrait pas y en avoir et cette froideur presque clinique. Et que même si on a l’impression d’entendre Trey Azagthoth toutes les trois secondes (avant que celui ne se même à écouter de la techno et un peu trop son manager), tous ces solos mirifiques qui ne cessent de transpercer de toute part les compos comme autant d’éclairs dantesques la nuit noire soulève l’ensemble là-haut, tout là-haut au-dessus de la médiocrité de tous les sous-DIABOLIC de la Terre. Le pire est que face à une telle qualité, même la frustrante courte durée du tout - seulement 29 minutes, et encore en comptant l’inutile intro – ne finit pas par trop peser dans la balance, tant il y a plus d’intensité et de fureur dans un titre de ‘In The Flesh’ que dans les trois quarts du nouvel album de qui-vous-savez. Et histoire de rendre cette histoire encore plus tordue, les deux sortent sur le même label et donc au même moment !

Alors, vous êtes plutôt ‘Illud’ ou plutôt ‘Flesh’ ?




Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 16/20 | Nb de lectures : 14764