NACHTMYSTIUM - Silencing Machine (Century Media/EMI) - Selection VS du 28/08/2012 @ 08h27
Il y a un peu plus de deux ans, nous avions laissé NACHTMYSTIUM avec Addicts, deuxième partie de son dyptique baptisé « Black Meddle », qui avait plutôt eu un certain succès, à condition d’apprécier les groupes de BM qui manient l’art de l’expérimentation. Comme tout groupe qui a démarré sa carrière de manière « traditionnelle », NACHTMYSTIUM a donc été tenté de revenir aux sources après des albums qui sortaient volontairement des clous. Et ce retour aux sources semble totalement assumé par Blake Judd, le bouillonnant leader du combo américain au line-up variable, assumant parfaitement les velléités expérimentales du dyptique « Black Meddle » qui appartiennent désormais au passé. Mais comme d’habitude, tout retour aux sources annoncé n’en est pas totalement un… mais va à nouveau, montrer un groupe qui évolue dans la continuité.

Pas de retour à un USBM « necro » donc. NACHTMYSTIUM propose avec Silencing Machine, son 6ème méfait longue-durée, un Black personnel comme le groupe avait su bien faire avec Demise (2004) et Instinct:Decay (2006), avec de légères touches expérimentales héritées d’Assassins (2008) mais vraiment nettoyé de tous les aspects psyché/postpunk/mon-cul-sur-la-table-basse développés sur la deuxième partie de l’album précité et sur Addicts (2010). De toute façon, la pochette annonce déjà la couleur de cet album voulu assez négatif voire apocalyptique (dommage que le digipack sobre ne présente pas les paroles qui me semblent particulièrement sombres). Et sous couvert de repratiquer un Black-Metal plus traditionnel mais-pas-trop, NACHTMYSTIUM va nous livrer un album tout à fait exceptionnel de Black décharné, un brin atmosphérique, toujours aussi aventureux que ce que Judd et ses camarades de jeu nous proposent depuis Demise (2004). Avec mêmes quelques éléments de Black « à la mode », mais diaboliquement bien intégrés dans un album quasi-parfait…

Notons déjà que le single "As Made", sorte de Metal-Indus passé à la moulinette USBM, n’annonçait absolument pas la couleur de Silencing Machine et que contrairement à ce qui avait été annoncé, ne figure même pas sur l’album de toute façon. NACHTMYSTIUM va plutôt développer un Black-Metal à la production grésillante et desséchée, mais parfaitement claire (et bien plus appréciable que celles de Demise et Instinct:Decay), trouvant écho dans des morceaux plus ou moins longs (4 à 8 minutes), parsemés d’assauts de trémolos, de mélodies désespérées et lancinantes, de solos un peu Rock’n’Roll, et toujours les vocaux saturés et déchirants de Blake Judd. Du pur NACHTMYSTIUM dans la forme, qui va nous donner du Black semi-atmosphérique qui pioche à droite et à gauche avec brio. Silencing Machine s’ouvre par le frénétique "Dawn Over the Ruins of Jerusalem", avec un déferlement de trémolos salvateurs, des vocaux perçants et des rythmiques plus efficaces en milieu de course. Une parfaite mise en bouche avant les excellents "Silencing Machine" et "And I Control You", deux plages singulièrement prenantes, grâce aux guitares répétitives et aliénantes à souhait, et aux gimmicks vocaux de Blake Judd en très grande forme (notamment lors des refrains (!)). Avec "And I Control You", nous basculons d’ailleurs vers des intentions plus posées et atmosphériques qui vont prendre place dans la suite de l’album…

Et avec "The Lepers of Destitution", NACHTMYSTIUM va nous donner sa vision du Post-Black (avec ou sans casquette) en nous livrant un morceau aux mélodies enivrantes, aux breaks lumineux et aux effets d’ambiance bien sentis (claviers et samples). Mais avec "Borrowed Hope and Broken Dreams", nous allons prendre une toute autre direction vu que les Américains nous proposent ici un « tube » de BM semi-acoustique qui peut faire penser à des combos allemands (NOCTE OBDUCTA en tête) et gorgé de claviers à la THY CATAFALQUE ! Un morceau surprenant mais tout simplement fantastique et accrocheur. Nous retrouverons d’ailleurs ces grattes acoustiques intégrées avec succès sur le plus dépressif et très bon "Give Me the Grave", avec un refrain entraînant. Avant ça, NACHTMYSTIUM va continuer à expérimenter sur la base d’un Black-Metal râpeux, avec l’apocalyptique "I Wait in Hell" porté par les éructations de Judd (qui me font ici penser aux vocaux de P. Emerson Williams de CHORONZON) et les accélérations qui prennent l’auditeur à la gorge, puis l’étrange "Decimation, Annihilation" à l’aspect très noir et nihiliste et à l’ambiance légèrement industrielle développée par la section rythmique et les sonorités. On trouvera ensuite les plus classiques "Reduced to Ashes" (avec des passages au synthé de nouveau THY CATAFALQUesque très jouissifs) et "These Rooms in Which We Weep", final plus sage (malgré une conclusion épique) et mélodique aux accents « Post », deux morceaux peut-être moins intéressants que le reste du disque, mais qui ne font pas baisser son niveau global outre mesure. A noter que la version digipack du disque possède un bonus en bout de course, un réenregistrement de "Ashes to Ashes" qui figurait à l’origine sur Demise, nous donnant un morceau poisseux à souhait, aux nappes de synthé d’un autre univers.

S’il se base sur des formules connues, sur des éléments de divers courants BM et sur ses propres œuvres passées, NACHTMYSTIUM réussit pourtant un sacré tour de force en nous livrant un album impeccable de bout en bout, inspiré et parfaitement varié, avec de purs morceaux qui sortent des sentiers battus sans perdre l’auditeur en cours de route, grâce à une volonté d’expérimentation parfaitement dosée. Sans révolutionner quoi que ce soit malgré des pistes osées ("Borrowed Hope and Broken Dreams", "Decimation, Annihilation"), Blake Judd et ses partenaires, dont l’excellent Sanford Parker aux claviers et effets, nous présentent ici une œuvre de Black semi-atmosphérique (avec force trémolos et prod à l’avenant) et un peu psychédélique (qui, dans l’intégration des éléments acoustiques et des ambiances, me fait penser à ce qu’avait fait le projet allemand KAMERA OBSKUR dont je conseille toujours l’unique album Bildfänger) qui n’est pas loin de la réussite totale, tout comme l’avait pu l’être Monument To Time End de TWILIGHT. Une sacrée surprise pour moi qui n’avait jamais été convaincu par l’art de NACHTMYSTIUM hormis le début d’Assassins et quelques EP à droite et à gauche (notamment Doomsday Derelicts), bref si vous êtes amateurs de Black négatif et décharné qui joue avec les ambiances, n’hésitez pas à donner votre chance à cet excellent album qu’est Silencing Machine (passé un peu inaperçu à sa sortie), à n’en pas douter une des toutes meilleurs œuvres de l’USBM.

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Silencing Machine - 238 téléchargements


Rédigé par : ZeSnake | 17/20 | Nb de lectures : 14769




Auteur
Commentaire
damikachu
Membre enregistré
Posté le: 28/08/2012 à 09h01 - (103412)
Monstrueux.

Atmosphère, ambiance et son parfaits. Compositions riches et variées, puissantes.

Les samples et autres "grésillements indus" qui ponctuent l'album donne un côté malsain très bien rendu.

Après 2 Black Meddles très intéressants (à mon avis), le groupe continue de surprendre même quand il prétend revenir à un BM "trad".

Tourne en boucle chez moi depuis sa sortie, grosse baffe.



Seeds Of Perversion
Membre enregistré
Posté le: 28/08/2012 à 10h18 - (103416)
Je serai tenté de dire "comme d'hab" depuis de la sortie de Assassin's. Cet album est pourvu d'excellents morceaux, mais est plombé par des plans et des morceaux purement infectes, je pense surtout au morceau I wait in Hell et son solo incroyablement faux (a croire qu'ils ont mixé les mauvaises pistes ensemble), sans parler du plan complètement débile qui suit sur le même morceaux. La suite de l'album est très mauvaise également, avec ces sons electro qui sont tout sauf pertinent... l'album relève un peu la tête sur la fin. Mais au final tout le plaisir est gaché.



Diefod
IP:194.206.254.8
Invité
Posté le: 28/08/2012 à 13h34 - (103420)
Pas convaincu par les extraits que j'avais pu entendre, je me suis finalement laissé prendre au piège de cet album sombre de chez sombre. Excellent en ce qui me concerne.

Ennemie
IP:85.69.142.15
Invité
Posté le: 28/08/2012 à 18h11 - (103425)
C'est la premiere fois qu'un Nachtmystium me fait tant plaisir. Need.

Ennemie
IP:85.69.142.15
Invité
Posté le: 28/08/2012 à 21h43 - (103434)
C'est la premiere fois qu'un Nachtmystium me fait tant plaisir. Need.

Moulinexxx
Membre enregistré
Posté le: 29/08/2012 à 00h34 - (103435)
Ouh que c'est bon, sombre, épique, mélancolique, merci pour la découverte !

Bernard
Membre enregistré
Posté le: 29/08/2012 à 16h49 - (103449)
Sans prétendre que c'est d'une originalité démesurée ou effectivement ce qui se fait de mieux dans le genre ça me "parle" quand même vachement comme album. Et la réflexion sur 'I Wait In Hell' me laisse pantois. J'ai déjà entendu, et continue d'entendre, des trucs largement plus infects ailleurs...

Gaahl
Membre enregistré
Posté le: 29/08/2012 à 17h03 - (103450)
au passage sacré line-up tout de même; Judd , Panker, Will Lindsay..

Moulinexxx
Membre enregistré
Posté le: 29/08/2012 à 18h50 - (103451)
C'est vrai que le titre Borrowed Hope and Broken Dreams fait vachement pensé à Thy Catafalque, et ce n'est pas pour me déplaire !

Mary poppins
IP:82.241.58.14
Invité
Posté le: 01/09/2012 à 23h02 - (103500)
bof bof bof pas trop inspiré, donc chiant.. haha merci pour le com seeds, j'ai bien ris en écoutant le plan a 5:03 <3

Zebrowsky
Membre enregistré
Posté le: 08/09/2012 à 11h17 - (103618)
Il est vraiment très bon cet album, il faut quelques écoutes au compteur pour qu'il se révèle vraiment. Donc n'hésitez pas à lui redonner sa chance.

Matt
IP:78.118.173.20
Invité
Posté le: 13/10/2012 à 19h41 - (104138)
Très bon album effectivement, sombre et apocalyptique à souhait !

TarGhost
Membre enregistré
Posté le: 27/02/2013 à 08h32 - (106261)
Quelle surprise !
N'ayant jamais un grand afficonado des réalisations précédentes de la bande au père Blake, hormis l'inégalable et aventureux "Assasins", je ne peux qu'applaudir des 2 lobes d'oreilles ce "Silencing machines" qui incarne à mon sens le chaînon manquant entre la sauvagerie contrôlée d'un "Demise" et l'envie de sortir des sentiers battus que l'on retrouve sur "Assasins" sans pour autant tomber sans le pétage de plombs de l'indigeste "Addicts"...
En ce qui concerne les morceaux à proprement parler, "I wait in hell" est indiscutablement le tube de mon année 2012...groovy, pêchu, moulant : du pur banane black métal qui donne une irrésistible envie de fait son Gunther love en open space ! Irrésistible !
Seul point de désaccord avec le serpent (dans lagl), "These rooms in which..." est le grand moment de l'album...grande finale riche en émotions, osé et posé, tout en finesse, un grand moment épique, parfaitement adapté pour clore cette oeuvre.
Cohérent, homogène, animal tout en restant raffiné, ce "Silencing machines" est dans mon tiercé gagnant de 2012, avec le Deftones et le Panopticon.



pyofan
Membre enregistré
Posté le: 18/12/2013 à 10h31 - (110456)
Magistral !!



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