Tas de merde, vendus, opportunistes, trendy, sales cons n’écoutant pas leurs fans et seulement intéressés par le ca$h… Non, je ne suis pas atteint du syndrome de Tourette mais disons que si je vous balance d’entrée ce flot d’insultes, c’est uniquement par pur souci d’hygiène. Et pour préserver la précieuse salive de nos amis les chiens de garde de la scène extrême qui n’auront sûrement pas attendu cette tardive chronique pour chier à la gueule d’un Nachtmystium pris en flagrant délit de lèse-majesté. Déjà que cela sentait le roussi sur l’album ‘Instinct : Decay’ sorti il y a deux ans mais là, la cause est entendue : ‘Assassins’ est pour Nachtmystium et surtout son leader omnipotent Azentrius, alias Blake Judd, ont décidé de se balader à poil avec une plume rose dans le cul devant leurs (anciens) copains de la scène black-metal. Si cette émancipation en a surpris certains, c’est qu’elle survenue assez vite et surtout qu’elle concerne celui qui pendant un temps était censé, après la vide laissé par Krieg, le ‘truvisme’ à l’Américaine. Sauf qu’à y regarder de plus près, aussi bien la participation de Blake au (pétard mouillé) qu’était le ‘supergroupe’ Twilight ainsi que certaines des récentes signatures très ‘Southern Lordiennes’ de son label Battle Kommand (la compilation ‘Four Burials’, Zoroaster) laissaient deviner que le mec était en train de s’écarter du droit chemin. Mais de là à s’attendre à le voir ainsi faire le pont entre black et, euh, Pink Floyd ?! L’analogie s’étale en lettre de feu dès le début de l’album. Les plus ouverts d’esprit d’entre vous qui connaissent peut-être l’album du Flamand Rose datant de 1971 ‘Meddle’, avec le gigantesque « Echoes » bouffant toute la face B, reconnaîtront d’ailleurs sans problème en guise d’intro ce clin d’œil appuyé à l’énorme morceau instrumental du Floyd « One Of These Days », où le guitariste David Gilmour s’en donnait à cœur joie sur sa pedal steel, justement intitulé « One Of These Nights ». Alors certes, tout de suite derrière comme pour se rassurer, le titre « Assassins » profite à fonds de la présence du batteur Tony Laureano, dont je n’ai normalement pas besoin de vous dérouler l’impressionnant CV, et blaste tout va. Mais ce retour à la normal est de courte durée car avant même la fin du titre, on plonge sans crier gare dans un bain psychédélique à coups de ‘bip’, ‘piou, piou’ et autres bruitages dignes de Spoutnik. Et ce n’est que le début car le titre suivant (« Ghosts Of Grace ») emprunte lui à Katatonia sa science du petit riff tournoyant et mélodique qui tue…

 partir de là, les choses sont claires : si le black-metal se défini avant tout, comme le soutiennent certains, par son discours satanique et son ‘anti-mélodisme’ alors oui, Nachtmystium n’a plus grand chose à voir avec ce style. Sauf que même s’il s’est offert un studio branché loin de toute considération ‘necro’ (Rwake, Minsk, Pelican etc.) et qu’il revendique aujourd’hui une plus grande fluidité, empruntant pour cela aussi au metal au sens large du terme qu’au rock sa riche palette mélodique, ‘Assassins’ garde un côté poisseux et noir. Et même dans ses (nombreux) passages planants, il ne se dépareille jamais d’une aura volontairement dérangeante. Par contre, à trop vouloir en faire, Nachtmystium dérape un peu sur la fin, offrant au passage à ses détracteurs une « belle preuve de sa vantardise ». « Seasick », le morceau instrumental de près de douze minutes qui clôture l’album, fini par aller nulle part à force de convulsions, voire se fracasse comme une grosse merde sur le mur d’en face, notamment lorsque le saxophoniste ( !) de Yakuza fait une apparition à mi-parcours que rien ne semble justifier, si ce n’est le désir de péter plus haut que son cul. Alors si Nachtmystium avait mieux négocié sa sortie, cela aurait donné plus de cohésion à ce ‘Assassins’ donc imparfait mais au final quand même diablement (comme quoi…) intéressant et original.


Rédigé par : Olivier ‘Zoltar’ Badin | 14/20 | Nb de lectures : 12787