Si vous trainez sur le forum de VS, vous aurez peut-être déjà croisé le nom de Mörker (espérons que cette publicité éhontée puisse nous permettre de franchir la barre fatidique des cent membres inscrits). Sinon, concernant Mörker, le groupe est un projet studio suédois qui a été fondé en 2004 sous la forme d'un trio dont le line-up est resté stable. En 2005, la formation enregistre une démo intitulée Den Sista Utfärden, démo qui sera publiée l'année suivante en MCD par Northern Silence. Fort de cette signature, Mörker sort son premier album Skuggornas Rike en 2006, toujours sur le label allemand.

Force est de constater que Mörker n'a pas changé son fusil d'épaule ces deux dernières années, comme peut le confirmer sa nouvelle galette parue en juillet dernier. La bande propose toujours un black mélodique effrontément suédois. L'ombre de Dissection ou In Flames plane grandement sur les thèmes développés dans les 49 minutes de Höstmakter. Proposant des compos homogènes entre 5 et 6 minutes, Mörker entrecoupe ses titres avec quelques passages ou interludes acoustiques. Tout cela n'est pas sans rappeler le milieu des années 90 et devrait donner une petite bouffée nostalgique aux plus anciens.

Les titres déroulent des compos moyennement rapides (entre mid-tempo et brutosaure à poils durs, en somme), où les changements de rythme emportent les mélodies toujours plus loin. La composition reste bien faite, dans des morceaux qui parviennent à emporter l'auditeur. Outre les riffs, la production aide bien à s'immerger dans l'atmosphère du siècle précédent. Le côté vintage de l'ensemble a été donné par un enregistrement maison (comme d'hab, chez Mörker) puis un mastering au Necromorbus. Rien que la reverbe de la voix devrait suffire à vous renvoyer aux premiers Dissection et Sacramentum.

Si je trouve l'album sympathique, comme les précédentes réalisations du groupe, il faut avouer que Mörker peine toujours un peu à garder en haleine son auditeur. Le trio n'invente rien, même s'il propose par moments de très bons thèmes mélodiques dont le défaut est d'être trop épars sur la durée. Cette fois, la bande a mis en place plus de passages acoustiques et propose douze titres qui sont plus aboutis que ses précédents efforts. Mais en déséquilibrant trop ses compos vers les mélodies, au détriment de l'agressivité ou des ambiances sombres, le trio rentre au bout de quelques pistes dans le doux ronronnement sans surprise d'un album plaisant, mais c'est tout. Un peu dur pour un combo dont le nom signifie justement "obscurité". D'autant plus que la fin de l'opus connaît trop d'interludes, d'épilogue ou autres passages tranquillos pour vraiment marquer les esprits.

Höstmakter (attention au "t") signifie les "pouvoirs de l'automne". Sans aller jusqu'à parler d'un album essentiel de la saison, gageons que ce second opus sera un agréable compagnon de la rentrée. Un nouveau copain de classe gentil et sympathique sur l'épaule duquel vous pourrez reposer votre tête, mais un ami bien trop émotif pour jouer à la bagarre avec les autres camarades qui ne manqueront pas de se faire connaitre.

Northern Silence a enfin remisé ses boîtes en métal moisies. L'édition limitée de cet album est donc un digibook A5. Même s'il est limité à mille pièces, il devrait y en avoir pour tout le monde.


Rédigé par : Prince de Lu | 14/20 | Nb de lectures : 10887