Jamais deux sans trois. Troisième chronique de My Ruin sur VS, troisième chroniqueur, troisième galère pour assembler ce tas de mots. Comment se fait-ce? Ca ferait une bonne intrigue pour le prochain Dan Brown... En attendant on doit pas être les seuls dans ce cas-là, sinon comment expliquer la maigre notoriété de la bande à Tairrie B en près de dix ans de carrière avec My Ruin, sans compter ses précédentes formations, Manhole et Tura Satana? Hormis une fan-base dévouée, le groupe n'aura jamais connu de succès commercial malgré des critiques plutôt favorables. Depuis ses débuts en tant que rappeuse en 1990, la Tairrie sera passée par ces formations pratiquant un néo métal alternatif groovy à la Snot, avant de former My Ruin en 1998 avec son guitariste et compagnon Mick Murphy.

Quelques soucis ont émaillé ce groupe ces derniers temps, entre l'accident de voiture qui a failli côuter la vie de Tairrie B, les difficultés à trouver un label pour ce disque et le départ de Matt Lechevalier, venu récemment retrouver la France derrière les fûts des Marseillais d'ETHS. Ce cinquième album, "Throat full of heart" ne me semble pas déroger à la droite lignée dessinée par ses prédécesseurs. A savoir un métal lourd aux gros relents sudistes, avec voix hurlée féminine. Onze titres évoluant dans la même veine.

Une veine rock'n roll lourd et crade, qui mise beaucoup sur l'efficacité. De ce côté-là pas de doutes, on est en plein dedans, entre les riffs groovy et entraînants, les solis enflammés, la wah wah, rien ne nous est épargné. Une lourdeur à la basse très présente, qui sait se faire lancinante, comme sur le titre de clôture "Through The Wound" ou plus pied au plancher ("Dragon Steel). Le gazier a d'ailleurs été nommé dans la liste des 40 guitaristes les plus mésestimés d'un magazine de guitare ricain au côté des gratteux de Clutch ou des Stooges.

La voix est constamment hurlée, à 43 ans (!) la demoiselle a encore du coffre et de l'énergie à revendre. Même si ses interventions sont efficaces et collent parfaitement à la musique de My Ruin, un sentiment de lassitude se fait tout de même ressentir au fil de l'album. Niveau batterie la frappe de Matt reste simple et efficace, sans fioritures, malgré un son de grosse caisse assez déplaisant à la longue.

Le principal écueuil de cet album est sans doute sa monotonie. Il y a un vrai manque de variation dans les plans, dans la voix, dans les rythmiques. "My Ruin signe son album le plus dangereux" me vante la fiche promo, hum hum, depuis quand le pilotage automatique est-il risqué? Si vous avez du temps à perdre, amusez-vous à échanger les plans des chansons dans "Audacity", ça vous fera de nouveaux titres. En effet les couplets et refrains semblent interchangeables, ce qui n'est pas dommageable dans l'absolu mais toutefois agacant au bout de quelques titres.

Je ne sais pas vraiment à quel public peut s'adresser ce groupe, je crains que le chant de Tairrie B rebute les amateurs de stoner métallisé, tandis que les aficionados d'hurlements de donzelles risquent d'avoir du mal avec une musique aussi couillue. Le cul entre deux chaises. Au final on a un album relativement sympathique, quoique quelque peu indigeste sur la longueur. Quelques titres émergent néanmoins du lot, comme le single "Ready for blood" ou le titre final, et qui sauveront cet album de mon poussiéreux placard.


Rédigé par : Crown_me | 13/20 | Nb de lectures : 10721