Et de quatre ! Quatrième rédacteur différent pour le quatrième album de My Ruin chroniqué ici. Cette situation résume bien l’histoire du groupe et de Tairrie B en générale. Personne ne déteste My Ruin, personne n’en est vraiment fan non plus mais tout le monde respecte cette grande dame du Metal. Pourtant sa musique est loin d’être inintéressante ou calamiteuse, simplement elle n’a jamais céder aux sirènes de la hype ou du mainstream et a poursuivi coûte que coûte sa voie sans se retourner ou prêter attention à qui ou quoi que ce soit. Tairrie est un peu la mère de toutes les « metal chicks » d’aujourd’hui, la compromission en moins. Sorte de Henry Rollins au féminin, elle n’a tout au long de sa carrière et de ses différents projets, jamais cesser de se donner corps et âme à son art. Tairrie B, Tura Stana, Manhole et My Ruin aujourd’hui sont des portes ouvertes sur la vie, le cœur et l’âme de sa frontwoman.

Albums après albums, My Ruin se bâtit un univers propre et cette fois encore avec "Ghost and Goods Stories" on retrouve tout ce qui a toujours fait le son du groupe. Un metal lourd et plombé avec cette touche de groove boueux made in Nola supportant les vocaux possédés et rocailleux de Tairrie. Voilà, c’est ça. Une musique sombre, triste et énervée mais qui n’oublie pas le groove en chemin. Un peu comme du Pantera light. L’influence du combo est d’ailleurs évidente sur des titres comme « Abusing The Muse » avec ses guitares rondelettes et sa basse moelleuse qui invitent au headbanging. Sur ce même morceau on retrouve d’ailleurs un solo d’influence « Dimebagienne ». C’est sur cette construction, colonne vertébrale de la musique de Tairrie, que repose tout l’album avec, au fil des morceaux plus ou moins d’éléments venant s’y ajouter. Les vocaux parlés ou sussurés sur « La Ciudad » ou « Deathknell », basse pachydermique et riifs Sabbathien presque doom sur « Digging For Ghost », « Deathknell » et « Saviourself ». Généralement mid tempo misant sur l’épaisseur des riffs, la zik « GNG Stories » sait aussi lâcher les chevaux pour retrouver la vibe punk presque hardcore de Manhole sur des titres comme « Repose », « Long Dark Night » et « Moneyshot ». De quoi ravir tout le monde en somme mais surtout les amateurs pas trop regardants de Pantera, Hellyeah, Corrosion Of Conformity et toute la troupe des groupes officiant dans le metal poisseux et collant à la peau comme la sueur d’un été dans le bayou. D'ailleurs l'artwork est sacrément évocateur avec cette vieille bicoque évoquant à la fois la Louisiane et le Bates Motel. On imagine bien les fantômes qui doivent trainer leurs chaînes par-là...

La prod, en adéquation avec les compositions, est plus que correcte sans être exceptionnelle. Misant sur la lourdeur, la rondeur et le feeling des grattes bien mises en avant, elle apporte une belle épaisseur aux morceaux écrits et composés par Madame B. Chaque instrument possède son petit moment de gloire même si la batterie, surtout la grosse caisse qu’on devine plus qu’on ne l’entend est un peu trop en retrait à mon goût. Voilà donc pour un album de plus signé Tairrie B. Un disque honnête qui ne souffre d’aucun gros défaut mais ne possédant aucun génie non plus. Certes quelques morceaux sortent du lot comme « Digging For Ghost », « Deathknell » ou « Long Dark Knight » mais pas de quoi se rouler dans sa propre fange de plaisir. Un album correct qui respire le monde et le style My Ruin. Sans jamais dévier de la route tracée par le groupe bien installé dans un rocking-chair, un verre de sky à la main, la clope au bec et la Winchester à portée de main histoire de décourager les intrus.


Rédigé par : Seb On Fire | 13/20 | Nb de lectures : 12733