Il est loin le temps où MOPA ne semblait qu'un simple side project de Milka. Aujourd'hui, après le succès du premier album, le concert avec METALLICA à Nîmes et les tournées à travers l'Europe, le combo n'est définitivement plus un outsider.
Lorsque la première démo est sortie, j'étais très emballé par le groupe et sa démarche. Plusieurs mois après l'avoir découvert et juste avant la sortie du premier album, "AMEN", mon avis sur la musique du groupe était un peu abîmé par l'image que se donnait (volontairement ou non) ce dernier. La faute à certaines déclarations outrecuidantes du groupe, une promotion qui axait trop sa com' sur le côté "artiste" du combo et des lives finalement assez éloigné du carnage intimiste promis au départ.
L'image du groupe m'a donc rapidement fatigué (pour pas dire autre chose) mais il restait tout de même les bonnes chansons de l'album et la promesse d'un deuxième opus.
Je m'interrogeais déjà à l'époque sur l'évolution du groupe. Je me demandais si le groupe ne risquait pas de s'enfermer dans un carcan trop petit pour ses aspirations musicales (la réponse de Milka dans l'interview de VS à l'époque était sans équivoque à ce niveau-là... remember : http://www.vs-webzine.com/news.php?page=new-itw&id_news=963. Force est de reconnaître qu'avec ce "The Red sessions", le groupe nous présente quelque chose d'assez original... une fois encore.
Soulignons tout d'abord la démarche militante du groupe (comme il en a toujours été avec PSYKUP par exemple) qui propose trois versions de l'album, sous différents formats et à des prix très variables (vous trouverez tous les détails sur le My_ du groupe). Toujours dans l'optique de proposer son travail de façon alternative, le groupe essaye de vivre avec son époque et ne se laisse pas enliser dans le marasme économique ambiant.
"The Red sessions" est donc un album composé uniquement de chansons du précédent album, repris à la sauce "acoustique". En fait il n'y a pas plus de guitare folk dans ce "Red Sessions" que de beurre au cul de John Wayne, il faut plutôt entendre par "acoustique" que cet album fait fi des turbulences belliqueuses du précédent. Pas de batterie cinglante où saturent les cymbales, pas de hurlements stridents et pas de frappes lourdes sur le piano.
Les chansons sont donc revisitées et interprétées avec beaucoup de retenue et de finesse. Milka parle plus qu'il ne chante, et nous conte avec une voix grave ce qu'il hurlait sur le précédent opus.
Le batteur se « contente » de ponctuer les chansons de beats minimalistes mais vraiment bien sentis. On dit que frapper à l'économie est quelque chose de très difficile pour un batteur.
Certains se demanderont quelle est l'utilité de la galette si elle ne fait que restituer une resaucée de ce qui avait été livré il y a peu de temps (il n'y a que le premier morceau « Red » qui soit une chanson originale). On a tout juste eu le temps "de plus penser" aux chansons d'AMEN qu'elles sont déjà rappelées à notre bon souvenir.
Les versions sont-elles meilleures sur cet album ? L'interprétation est-elle fraîche ? Perd-on du temps à l'écoute de cet album si on pouvait pas encadrer l'album précédent ?
Au niveau de l'interprétation, je trouve le groupe très bon dans cette retenue et cet "acoustique »... peut-être même meilleur que lorsqu'il est énervé.
Je trouve que cela leur colle particulièrement bien et ils perdent rien à arrêter de se frictionner les nerfs avec du vitriol. Du coup, cela peut carrément intéresser ceux qui n'ont pas aimé "AMEN" puisque le rendu des chansons est très différent.
Je préfère vraiment certains interprétations sur cet album, mais d'autres chansons sont meilleures sur "AMEN" et dans leur forme originelle. Il n'y a que "Where Did You sleep last nigth" que je trouve insupportable, encore pire que sur le précédent opus.
"I am an Island" est particulièrement réussie, les silences, les disparitions et les frappes du combo semblent maîtrisées comme jamais et la chanson apparaît comme rythmée par un tempo inconnu, comme s'il était intimement lié à des émotions secrètes.
"Just Like You and I" possède, elle aussi, une substance vraiment hypnotique et "Red" sonne d'une manière si relaxante et reposante qu'elle est un véritable plaisir pour les oreilles.
Bref, bien que le groupe m'exaspère au plus haut point par moments, il nous livre ici un album très intéressant, pas au top de la créativité puisque le squelette des chansons était déjà là. La nouvelle aventure reste cependant passionnante... que demande le peuple les amis?


Rédigé par : Pamalach | 14/20 | Nb de lectures : 13107