S’il est des groupes discrets dans leur façon de mener leur carrière, MY DYING BRIDE en fait indiscutablement partie. Pourtant ce mois d’octobre nous apporte l’un des albums les plus attendus du moment. Il faut dire que l’automne est la saison idéale pour accueillir ce neuvième album de « la fiancée qui n’en finit pas d’agoniser » depuis, maintenant, plus de quinze ans.

Une œuvre principalement attendue parce que tout le monde se demande un peu comment MY DYING BRIDE va pouvoir relever le challenge de sortir un successeur qualitativement égal au bouleversant « Songs of Darkness, Words of light »; un disque qui avait soulevé l’enthousiasme des masses et provoqué l’inimitié de certains fans de la première heure frustrés. Pas facile pour un groupe que d’engendrer un nouvel avatar lorsque le précédent a partout été qualifié de chef d’œuvre absolu. Un déchaînement de passion que MY DYING BRIDE n’avait pas connu depuis « Turn Loose the Sawns » même si le groupe britannique pouvait s’enorgueillir d’avoir à son actif bon nombre de disques magistraux.

Difficile que de succéder à soi-même mais pas impossible car « A Line of Deathless Kings » reprend, à peu de choses près, les grandes lignes qui avaient amené son prédécesseur à la consécration. Oui, je dis bien « à peu de choses près » car ce nouvel album présente quelques différences qui n’ont rien d’anecdotiques puisque MY DYING BRIDE revient ici vers des riffs doom plus marqués. De même, une paire de titres se distingue par des tempos un peu plus rapides qu’à l’accoutumée. Ainsi, les premiers et derniers titres « To Remain Tombless » et « The Blood, The Wine, The Roses » présentent des rythmes qu’on pourrait presque qualifier de primesautiers au regard du reste de ce disque. Les dernières mesures de « The Blood… » se terminent même par un authentique passage death particulièrement rapide.

Envie de varier les plaisirs ou de faire des contrastes avec des morceaux poignants? MY DYING BRIDE ne dévie pourtant pas de son cheminement irrésistible au pays d’un doom métal atmosphérique totalement personnel. Bien vite, des plages de la même trempe que celles de « Songs of Darkness… » font leur apparition, tels « L’Amour detruit » (qui n’a rien à voir avec les rituels amoureux porcins), « And I walk with them » ou encore « Thy Raven Wings ». Avec des riffs et des lignes mélodiques toujours soigneusement concoctées pour transposer l’auditeur dans une ambiance à vous coller le moral dans les chaussettes, MY DYING BRIDE excelle lorsqu’il s’agit de mettre en scène des ambiances pleines de détresse.

La voix d’Aaron Stainthorpe fait une nouvelle fois des merveilles, même si les incursions de chant plus death ont presque totalement disparues du registre de MY DYING BRIDE (Il faut attendre « Loves intolerable pain », le sixième morceau, avant qu’un simili growl ne fasse une apparition). Stainthorpe varie pourtant son chant clair avec une qualité, une émotion, une conviction qui font de lui, un aussi bon acteur que chanteur.

Les détracteurs de cet album, ne manqueront pas de mettre en avant qu’Aaron Stainthorpe, tel un mauvais comédien trop cabotin, en fait des tonnes et que MY DYING BRIDE est arrivé à un point de non-retour qui ne lui laisse plus d’autres choix que de s’autoparodier et peut-être bien qu’ils n’auront pas tout à fait tort.

Pourtant, quand on prête véritablement attention à « A Line of Deathless Kings », difficile de ne pas être frappé de cette empathie communicative, de cette profonde et sombre mélancolie qui viennent caresser les recoins les plus secrets, les plus meurtris, les plus enfouis de nos âmes de névrosés en puissance. La musique inimitable de MY DYING BRIDE se veut la prolongation musicale de nos cicatrices émotionnelles. Libre à nous de les interpréter de la façon qui nous sera la plus personnelle ou de les ignorer.

Mais pour revenir à des choses plus terre à terre, « A Line of Deathless Kings » est un excellent album qui, bien qu’en deçà de « Songs of Darkness, Words of Light » dispose encore d’une certaine magie propre à MY DYING BRIDE qui conforte, une fois encore, son statut de groupe intouchable. Les aficionados sauront apprécier.

Pour info, « A Line of Deathless Kings » sera également disponible dans une édition double vinyl limitée.


Rédigé par : Tonton | 16,5/20 | Nb de lectures : 15306