C’est avec une joie non dissimulée que j’accueille la dernière œuvre de Mystic Forest, « Romances ». Il est de notoriété publique chez VS que j’apprécie ce groupe démesurément. Le premier album, « Green Hell » a été une véritable baffe dans ma tronche, ni plus ni moins. Les albums qui ont suivi n’ont jamais dérogé à la règle, le groupe étant toujours resté fidèle à sa musique, malgré une évolution certaine dans la production, de plus en plus propre au fil des réalisations, apportant à chaque fois une once de puissance supplémentaire. On pourrait décrire la musique de Mystic Forest de bien des façons, pour ma part je la considère encore comme un OVNI du metal, mélange de musique « classique » (terme général désignant ici toute œuvre musicale instrumentale datant des siècles derniers, bref : baroque, romantique, classique, etc., empruntant même parfois – comme sur cet album – des compositions de Chopin, Bach, etc.) et de « black metal » (les puristes remettront la chose en cause, avec raison parfois). Bref, un groupe qu’on pourrait qualifier d’invraisemblable.
On reconnaît facilement la musique de MF dès les premières minutes: les guitares, le piano, la boîte à rythmes, les claviers, le chant de Stefan (membre fondateur du groupe qui s’occupe de tous les instrus), les différents instruments en arrière-plan, la voix féminine (Claire Guillon opère ici) intervenant lors de passages plus lents, la production globale ; un groupe identifiable parmi des milliers d’autres groupes. Aucun changement notoire dans la musique est à indiquer, donc, on a toujours à faire à ce mélange détonnant de « black metal » et de musique symphonique comme je vous le disais plus haut. De nombreux interludes au piano sont présents, les plus bourrins d’entre vous passeront sans doute leur chemin face à tant de raffinement musical. Au niveau des compositions, c’est ni plus ni moins du MF : des soli complétement déjantés à la limite de l’impro, des nappes de claviers par-ci, de l’accordéon par-là, des samples de cours d’eau, et des morceaux absolument succulents fortement imprégnés de nostalgie et de mélancolie, un véritable moment de spleen. Ceci n’est évidemment pas nouveau, mais le concept est poussé un peu plus loin avec des paroles et un artwork très « début du 20ème ». On y retrouve des photos de nues en noir et blanc (des originales du début du siècle dernier sans doute) et des lyrics qui changent de ce qu’on pouvait retrouver sur les anciennes productions (les thèmes principaux se référaient à la Nature). Pour autant je ne les apprécie pas plus, mais je dois avouer, objectivement, qu’elles collent parfaitement à la musique et à l’artwork de « Romances ». Ce dernier comporte des morceaux d’une incroyable qualité : « Cette Rose que tend la Mort », « Dans le Couloir du Vice », « Une Ronde dans les Ruines », « Supplice Raffiné » et « Si le Bois pouvait parler » corroboreront mes propos. Ne cherchez surtout pas ici une musique qui égaiera vos soirées, attendez-vous plutôt à avoir le cafard, la morosité de MF est contagieuse, et mon dieu que c’est bon.
Seul petit regret: le manque de folie, celle que l’on pouvait retrouver sur les deux premiers albums du groupe et qui a depuis disparu, dès « Waltz in the Midst of Trees ». Je fais notamment référence à la performance vocale de Stefan, qui n’entrevoit plus les chants aigus à la Helheim, dommage. Passé ce petit travers, je ne vois pas quel reproche on pourrait faire à « Romances ». Les amateurs du groupe ne passeront évidemment pas à côté de ce bijou qui s’inscrit dans la lignée des précédents opus, les néophytes auront certainement du mal à accrocher de prime abord ; des grattes distordues mêlées à un piano et à un accordéon, entre autres , ça vous en refroidirait plus d’un. Mais tout est si bien mené que l’étonnement laisse vite place à l’admiration ; Stefan a su créer une musique personnelle, inimitable, incomparable et par-dessus tout talentueuse. Difficilement descriptible (jetez-vous sur le lien MP3 ci-dessous), impossible à classer.
Tout bonnement unique.


Rédigé par : Belial | 17.5/20 | Nb de lectures : 10748