MYRK - Icons of the Dark (Ketzer Records) - 04/08/2004 @ 10h47
Je ne sais pas vous, mais l’Islande m’a toujours fait tripper à tel point que j’ai contracté un plan épargne en partie destiné à capitaliser en vue d’un périple découverte sur cet échiquier naturel de glace et de feu lors de vacances prochaines. Toute cotisation-solidarité à cet effet est d’ailleurs la bienvenue. Par ailleurs, comment ne pas adorer l’Islande à travers sa musique, tout au moins à travers le contingent restreint mais brillant d’artistes qui ont conquis nos rivages ces dernières années. Sans s’éterniser sur le phénomène Björk qui campe une superbe ambassadrice auprès d’un public hétérogène, on peut évoquer la paire Múm / Sigur Rós, véritable ilôt de fraîcheur sans complexe en marge de la scène post-rock. Puis sur le terrain plus familier du metal extrême, les fous-furieux Sólstafir se sont distingués il y a deux ans avec « I Blodi og Anda », opus aux quatre vents entre overdose d’énergie et sens de l’hymne pointu (15,5/20 dans VS). Myrk représentent pour leur part une vision beaucoup plus conventionnelle du black metal, mais ils créent la surprise avec un album franchement emballant qui relègue au dernier plan des préoccupations des contenus visuels comme textuels fades et sans imagination.
De fait, les morceaux se caractérisent par un amalgame sain et efficace de rage non calculée et d’efforts pour rendre les sillons aussi lisibles que fournis en événements. Privilégiant le jeu à vive allure ponctué de brèves passerelles acoustiques, le groupe profite d’un mix simple mais sélectif pour mettre en avant un traitement très vivant des guitares, qui affichent au cœur d’un même riff volonté mélodique et constant travail de coordination/superposition entre les lignes, et d’un riff à l’autre des métamorphoses aussi dynamiques que cohérentes. Sans jamais déstabiliser par un profil excessivement complexe, la musique du groupe surprend donc par sa disposition à frapper à la porte de toutes les tangeantes qui s’offrent à elle, une attitude que l’on connaît à peu de chantres de ce style souvent peu enclin à déborder d’un catalogue de composition paramétré dès les premières mesures.
Puis Myrk esquivent habilement toute stagnation à travers leur affection pour des actions imprévisibles, même lorsqu’on les attend au tournant après quelques écoutes. Exemple sur « In Silence », qui visite la mélancolie à plusieurs degrés de tempérament, du riff rude comme le granit arrimé à des intervalles en demi-ton pour exacerber ce sentiment de non-achèvement et d’amertume typique du black, jusqu’à ce court motif à la guitare lead gonflé de spleen en interlude, presque « blues » de visage. On rencontre d’autres exemples moins détonnants mais tout aussi caractéristiques de ce pragmatisme sans exclusion qui permet à Myrk de pouvoir revendiquer un statut de défenseur du black metal tous azimuts, de caméléon à cheval entre old-school dans le grain comme dans l’esprit général, et polyvalence dans les formes intégrées.
Toutes ces sympathiques résolutions sont au prix de quelques passages à vide – je dirais presque en toute logique car le moindre retour vers un schéma de jeu moins « flamboyant » a tendance à faire retomber la tension et l’attention. Mais ce n’est jamais une raison pour lâcher l’affaire, car le moment n’est jamais loin où un plan rondement ficelé, un détail décisif viendra nous faire dire que oui, Myrk ont décidément la partition qui démange, et que c’est diablement contagieux !
Si l’isolement géographique et culturel de l’île semble effectivement faire écran aux influences continentales actuelles, cela se traduit davantage par un rapport virginal à des dinosaures comme Bathory ou Celtic Frost et par une importante dispersion de tons et de méthodes d’un titre à l’autre que par une véritable « spécificité islandaise » dans le son. Quoi qu’il en soit, Myrk peuvent avoir le rictus maléfique à souhait : « Icons of the Dark », album au moins aussi remarquable que les remarquables derniers Nehëmah et Negator, les propulse d’emblée parmi les groupes à surveiller. Non pas dans six mois, un an ou cinq ans, mais dès maintenant tout de suite !

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Rédigé par : Uriel | 14,5/20 | Nb de lectures : 8527




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Commentaire
Necro
Invité
Posté le: 20/10/2006 à 09h29 - (34566)
Mouais, c'est agréable à écouter mais c'est vraiment trop conventionnel et sans identité. Une base black metal sur laquelle viennent se greffer pas mal d'influences à peine digerées qu'ils resortent pêle-mêle dans un pot-pourri honnête mais sans originalité. A l'écoute de ce disque, on retombe dans cette vague de groupes black/death mélo qui trainait fin 90 début 2000 ... c'est bien produit, relativement bien joué mais bon, sans âme quoi.

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