1 an et un semestre après le très bon 'Desert Call', il est déjà l'heure du retour des sympathiques Tunisiens de Myrath. Tout le monde sait ce qui s'est passé au printemps dernier de l'autre côté de la Méditerranée, et si il y a bien des gars qui ont été concernés par ces événements, ce sont ceux de Myrath; dès lors quoi de plus logique que de retrouver des références à ces révolutions du monde arabe, dans les textes de «Tales of the Sands». Mais avant de rentrer en détail dans ce 3ème album (en 5 ans, ce qui n'est pas rien) j'ai quelques observations à formuler: premièrement ce qui saute aux yeux l'album en main, c'est la durée des morceaux. Exit les titres de plus de 5 minutes, le groupe privilégie les titres plus courts et directs aux longs périples. C'est simple, 'Desert Call' avec 10 titres atteignait les 1 heure et 5 minutes, le petit dernier dure 45 minutes. Deuxièmement, bien que les titres soient plus courts, et que Myrath rende plus accessible sa musique (je vais m'expliquer), 'Tales of the Sands' ne perd pas en terme de 'richesses sonores' et se veut être un album ambitieux et fourni.

Car il faut s'imaginer la bête: un 'mélange' d'un heavy/power metal, de parties orchestrales qui servent bien plus que de simples fonds sonores, ainsi qu'une belle et forte présence de sons orientaux, le tableau est déjà bien chargé. Ajoutez y une touche de metal progressif et même quelques soupçons de metal plus 'moderne' vous aurez à peu de chose près la constitution de cet album, qui s'il n'est pas difficile à assimiler d'un point de vue structurel, présente une palette sonore fort diversifiée et assez unique dans le genre. Et ceci rejoint un troisième point: Myrath se détache réellement de l'étiquette 'clone de Symphony X' ou 'pompé sur Adagio' pour sonner le plus personnel qu'il soit. Sur 'Tales of the Sands', le groupe n'a plus grand-chose à voir avec le Myrath des deux premiers albums; bien sûr, il n'est pas méconnaissable, juste différent et plus mature. Car oui, on pourrait dire que ce que l'on entend sonne très accessible et semble répéter à chaque fois le même schéma musical, mais ceci n'est que la forme, le fond est bien plus intéressant, et constitue la richesse de cet album.

Ce 'melting-pot' sonore se base donc plus particulièrement sur deux sonorités: les orchestrales et les orientales. D'ailleurs, certains titres sont garnies de touches que je qualifierais de 'sympho-orientales', évitant aux morceaux concernés de partir dans des proportions trop pompeuses et classiques (je pense aux très bons «Under Siege» et «Time to Grow» qui ouvre et ferme l'album), en gardant un aspect exotique dépaysant (parce qu'on en bouffe de plus en plus du metal sympho avec une surdose d'orchestrations !). Myrath ne joue pas avec le feu et en utilise avec parcimonie, bien que ces sonorités soient un peu plus présentes que dans le passé du groupe. Dès lors il est difficile de rester insensible à ces harmonies sonores qui colorent et transcendent le refrain d'un «Braving The Seas», ce superbe air de violon(celle ?) ouvrant «Sour Sigh» ou le délicieux «Wide Shut» imprévisible dans l'utilisation des sons, mais ô combien composé de manière intelligente. Car comme je l'ai déjà évoqué, si le paradoxe est de dire que Myrath rend plus accessible sa musique et offre des structures plus 'basiques', la qualité des arrangements, des sons divers utilisés et les nombreuses tournures musicales démontrent un travail de composition impressionnant. Si le groupe avait voulu continuer à proposer des titres longs en plus d'élargir ses horizons musicaux, le résultat avait des chances d'être indigeste, il en est tout le contraire fort heureusement !

Que ce soit les (quelques) notes de guitares sèches, la présence assez régulière de tambours locaux (darboukas très certainement) qui viennent s'immiscer avec des instruments plus classiques pour du metal, ou ces claviers à la Symphony X qui savent aussi se faire entendre quand il le faut («Requiem for a Goodbye»), la musique de Myrath ne manque pas de ressources. Tout comme la prestation vocale de Zaher Zorgatti, absolument impeccable et irréprochable. L'impression était déjà très positive sur 'Desert Call', mais alors là quelle classe: un timbre de voix qui change au gré des émotions transmises (il est excellent sur les parties plus mélodiques, mais pas que !), qui s'adapte au propos instrumental et dispose des lignes vocales fascinantes, que l'on suit avec délectation. Un chant qui s'est aussi se faire passer pour 'conteur' dans des tons plus dramatiques (un peu à la manière d'un Roy Khan) ou développe méthodiquement sur deux titres, des refrains en arabe (en l’occurrence ceux de «Tales of the Sands» et «Beyond the Stars»).

Alors oui, certains moments sont peut-être trop faciles et prévisibles pour du Myrath (en particulier le titre «Merciless Times», parfaitement ciselé, mais peu surprenant), mais quand on entend les progrès réalisés par le groupe, qui fait preuve d'abnégation et abat un boulot formidable d'album en album, on ne peut que leur tirer un grand coup de chapeau ! Puissent-ils continuer pour encore longtemps à délivrer ce 'metal oriental' à nous occidentaux, ainsi qu'au reste du monde.




Rédigé par : gardian666 | 16/20 | Nb de lectures : 15483