Dans la série des cheminements de carrière bien tirés par les cheveux, pour ne pas dire « capilo-tractés », revoilà les Polonais de MUTILATION. Alors que Crash music sortait l’été dernier leur premier album « Possessed by reality » datant déjà de 2001, les revoilà chez Adipocère pour leur second opus enregistré en 2003. C’est à croire que les masters sont convoyés par coursier à dos de mulet pour arriver aussi tardivement chez nous.
Bon, MUTILATION est de retour après d’énième changements de line-up qui feront probablement rentrer un jour le groupe dans le livre des records, vu que la moitié de la Pologne a visiblement joué dans cette formation à un moment ou à un autre.
Si « Possessed by reality » proposait un death métal old school influencé par BOLT THROWER, allant même jusqu’à reprendre “Cenotaph” pour voir si on verrait la différence ou pas. Les changements intempestifs ont visiblement changé la donne, en apportant des modifications marquantes. Certes, avec cette seconde galette, il est toujours question de death métal old school mais avec des fondations remontant à 1991, comment pourrait-il en être autrement ? A ceci près que les influences de la scène anglaise se sont fortement estompées, ne laissant qu’un goût prononcé pour les titres bien heavy. C’est plutôt du côté de la scène US de la fin des années 80 que MUTILATION lorgne désormais, avec un death métal qui sent bon la Floride des MONSTROSITY, MASSACRE et surtout DEATH première période. Ce n’est sans doute pas un hasard s’ils ont d’ailleurs choisi de faire une reprise du « Mutilation » de DEATH, extrait de « Scream Bloody Gore », cette fois-ci. A croire que le groupe veut légitimer chacun de ses pompages par des hommages respectueux. Même s’il repique des plans antiques, MUTILATION s’en sort plutôt bien, avec un sens de la composition qui tient vraiment bien la route. Il est clair que le souci de nos Polonais est bien loin des surenchères en matière de rapidité et que « Conflict inside » a été stratégiquement échafaudé pour une efficacité et une diversité optimale. On reste dans les territoires du bon gros death qui tache avec ses mid-tempos, ses solos soignés, ses variations rythmiques, ses breaks opportuns. A croire que l’arrivée d’un nouveau chanteur guitariste a été l’élément déclencheur pour MUTILATION, qui a décidé de se sortir les doigts du cul en nous pondant un album plus que correct. Inutile de préciser que le chant a bénéficié d’une amélioration qui n’a rien d’anecdotique, en comparaison de l’ancien growleur qui tirait l’ensemble du groupe vers le bas.
« Conflict inside » a été également l’occasion pour le combo d’inviter une paire de vieux potes à participer à la fête. Ainsi, Marcin Urbaś (SCEPTIC) pousse quelques grognements ici et là et Piotr Luczyk (KAT) nous balance un joli solo sur une reprise de DEATH qui ne souillera pas la mémoire du regretté Chuck. Attention, lorsque je parle de KAT, cela n’a rien à voir avec « The Great » KAT, la poufiasse maquillée comme une voiture volée, qui nous avait sortis « Worship me or die » en 87. Non, KAT est le premier groupe thrash polonais datant des mid 80’s qui n’a jamais réellement percé en dehors des pays de l’Est.
Pour revenir à nos moutons, il est clair que MUTILATION ne saurait nullement faire de l’ombre aux icônes du genre mais la réussite de « Conflict Inside » mérite tout de même d’être encouragée.



Rédigé par : Tonton | 14/20 | Nb de lectures : 10792