Comme quoi parfois, l’alcool a du bon... Début juillet, j’étais alors à Londres pour la fête organisée par Earache en l’honneur du nouvel album de MUNICIPAL WASTE. Présents eux aussi pour faire la promo de leur deuxième album (‘Infected Nations’) dont la sortie est prévue en septembre, les petits gars d’EVILE ont profité de l’occasion pour profiter de l’open bar mis en place et d’incruster quelques potos. Soit entre autres le chanteur de GAMA BOMB et les Londoniens de MUTANT qui venaient de sortir leur premier maxi autoproduit. Et lorsqu’un jeune Rosbif à l’œil torve et aussi imbibé qu’une éponge m’a baragouiné quelques mots incompréhensibles vers une heure du matin dans un bar archibondé londonien tout en me tendant un CD à la pochette kitsch semblant sortir tout droit d'une pub pour SEGA de 1986, j’ai tout de suite compris que Monsieur essayait de me refourguer sa démo. C'était l’imprudent chanteur/guitariste de MUTANT, me confiant un exemplaire de 'The Laserdrome EP' tout en gueulant « vive la Fraaaance ! » et en tanguant de droite à gauche. L’entente franco-britannique allait-elle en prendre un coup ?!

Franchement, vu la médiocrité des groupes anglais de retro-thrash apparus justement dans le sillage d’EVILE (Messieurs les PITIFUL REIGN, une bonne pochette d’Ed Repka ne fait pas forcément un bon disque de thrash!) et vu combien la prestation de MUTANT sur la compilation justement consacrée à cette scène (‘Bangers & Thrash’) ne m’avait pas vraiment ébloui, je ne donnais pas cher de ce maxi. Et le nom bien galvaudé, le design très 80’s et cette étiquette stupide de ‘thrash futuriste’ laissaient eux aussi présager le pire… Et toc toc badaboum, ce fut pourtant tout le contraire, peut-être certes pas un nouveau Waterloo mais au moins la preuve supplémentaire qu’il n’y a pas que du réchauffé dans cette vague de revival thrash old-school à laquelle la France reste désespérément hermétique depuis deux ans.

Vu que le créneau poilade était déjà squatté par GAMA BOMB, celui du ‘plus METALLICA que METALLICA eux-mêmes’ par EVILE et tout le back-catalogue de KREATOR par l’Amérique du Sud dans sa quasi-intégralité, MUTANT après une étude de marché ont décidé, eux, d’avancer d’une ou deux années dans la machine à remonter dans les années 80 et de faire revivre un style un chouia plus avancé, avec une basket (à languette) dans le techno-thrash et l’autre dans le power-metal US. Produit très proprement par l’ex-STAMPING GROUND, Scott Atkins (le dernier GAMA BOMB ou IGNOMINIOUS INCARCERATION, c’était lui), le groupe ne mise pas tout sur la vitesse et aime proposer des morceaux aux structures alambiquées et aux solos multiples, avec le niveau technique qui va avec. Bon, ce n’est pas du WATCHTOWER non plus et leur côté ‘nerds’ permet d’éviter toute surcharge pondérale. Tous leurs textes tournent d'ailleurs autour de la science-fiction, d’où leur idée de s’autoproclamer comme en faisant du ‘thrash futuriste’. Et même si la voix fait penser à celle de Mille Petrozza après un gros rhume (comme sur ‘Renewal’ donc), on pense globalement plutôt à une sorte de mélange entre MEGADETH période ‘Rust in Peace’, pour la durée des morceaux, et RE-ANIMATOR (quelqu’un s’en souvient ?!), même s'il est toujours difficile de se faire un avis définitif sur seulement quatre titres et vingt minutes de musique.

Il n’empêche que ces quatre lads sont loin d’être des nains musicalement parlant. Et le meilleur titre de ce EP « The Rauncher », avec ces multiples détours et son riff néo-classique à mi-parcours, le prouve brillamment. Même si EVILE et GAMA BOMB gardent toujours une longueur d’avance grâce à la qualité de leurs compositions, ce qui n’est donc au final qu’un maxi autoproduit laisse quand même entrevoir un sacré potentiel chez ce beau petit MUTANT, malgré sa peau verdâtre et ses quatre yeux globuleux…


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 3,5/5 | Nb de lectures : 10337