Ça coulait de source. Après la déferlante de « Customized warfare », un premier album aussi délicat qu’un rhinocéros ayant décidé de déflorer un hamster, MUMAKIL allait illico se faire repérer et atterrir sur un plus gros label que le défunt et regretté Overcome. C’est donc avec une certaine jubilation que nous retrouvons aujourd’hui le quatuor helvète pour sa première galette dans le giron le plus prisé du grind, Relapse.

Pour l’occasion, le mammouth a mis les petits plats dans les grands avec un artwork classieux suggérant poétiquement une puissance de feu à vous décalotter la boîte crânienne et vingt-sept nouveaux titres (dont une paire qu’on avait déjà remarqués sur le split EP partagé quelques mois plus tôt avec les BLOCKHEADS) calibrer pour le tir au mortier à bout portant (attention ça tache) et dotés de titres ; reléguant ainsi aux oubliettes une sobre numérotation qui serait devenue source de complications pour le commun des métalleux non autiste.

Et effectivement, le groupe ne faillit pas à sa réputation en tabassant à la ronde pour un album aussi sèchement brutal que son prédécesseur. Pourtant, en y prêtant une oreille attentive, on s’aperçoit que ces ex-NOSTOMO et ex-KNUT ont conservé une bonne part de leur bagage technique qu’ils distillent habilement sur fond de mitraille. Si MUMAKIL conserve avec « Behold the Failure » ce côté death metal dans la façon d’assouplir les vertèbres, ces prédispositions pour planter des breaks plus lourds ou l’art de placer une petite mosh-part-qui-va-bien ici ou là , il se présente parfois sous quelques accords à consonances plus punks qui ne sont pas sans évoquer des relents de NAPALM DEATH. Mais pour bien saisir toute la sensibilité contenue dans le style MUMAKIL il faudrait appréhender ce disque dans la peau d’une fillette confrontée l’espace de vingt-sept rounds à un boxeur poids-lourd trépané (pléonasme ?).

Les fans seront contents, ça défouraille toujours autant du début à la fin et lorsque MUMAKIL rétrograde l’espace de quelques mesures, c’est toujours pour mieux nous bastonner la seconde suivante dans une nuée de coups méthodiquement précis.

Côté prod, on appréciera une certaine évolution par rapport à « Customized Warfare » dans le choix d’un mixage plus mat, plus gras et moins axé sur les médiums ; une production qui aurait été parfaite si la déflagration du chant et l’omniprésence de la batterie n’avaient pas tendance à monopoliser le premier plan au détriment des guitares.

Indispensable si vous ne souhaitez pas vous remettre tout de suite de votre dernier traumatisme crânien.


Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 12499