Les musiciens de MR DEATH n’ont a priori pas grand-chose pour eux – pas de cheveux, un pedigree qui ne parlera pas à tout le monde et juste une poignée de concerts chez eux à Stockholm, point – mais ils ont ZE atout pour s’imposer dans le milieu désormais férocement concurrentiel du death old-school : celui d’être bien né. Ben oui car pendant que tout le monde s’évertue à coups de schéma technique tordu et de recette de grand-mère chopée sur internet à récréer le son suédois si typique du début des années 90, ces vieux cons, eux, n’ont qu’à fouiller dans leurs souvenirs car pendant que tous les PAGANIZER et autres AXIS POWERS étaient encore en culotte courte, eux pataugeaient déjà dans la fange. Enfin lorsque je parle d’eux, je pense plus précisément à deux d’entre d’eux, soit le guitariste Stefan Lagergren et le bassiste Jörgen Thullberg. Si leurs noms ne vous disent rien, ne vous inquiétez pas, c’est normal car ces deux musiciens de seconde zone avaient disparu de la circulation depuis au moins onze ans. Sauf qu’au sommet de leur maigre tableau de chasse, qui compte les oubliés EXPULSION, on retrouve un article de choix : ‘Summerian Cry’, le premier album de TIAMAT, enregistré alors qu’ils s’appelaient encore TREBLINKA et que Johan Edlund se faisait encore appeler ‘Hellslaughter’ et portait plus de clous qu’un représentant de ‘Bricomarché’. Un album aussi vil qu’essentiel pour tout fan de death à la Suédoise qui se respecte, sans parler du fait qu’il fut le tout premier album complet enregistré aux mythiques studio Sunlight. D’ailleurs, la légende veut que le groupe qui leur a succédé dès le lendemain de la fin de leurs sessions ont tellement trouvé leurs réglages son bons qu’ils n’y ont presque rien changé. Quid de ce groupe ? Boarf, des petits gars de seconde zone dont vous n’avez sûrement jamais entendu parler, des gamins venus graver un truc nommé ‘Left Hand Path’ je crois…

Le fait que deux de ces cinq membres aient été au bon endroit au bon moment se révèle donc l’argument de vente numéro un de MR DEATH. Et c’est assumé. D’ailleurs, histoire d’évacuer tout doute, le groupe a réussi à faire sortir de sa retraite Mr Tomas Skogsberg himself, lui qui depuis quelques années avait lâché le métal pour le rock n’roll (pour info, Monsieur était déjà aux manettes l'année dernière pour l'unique démo du groupe, ressortie depuis en 45 tours et dont on retrouve deux des quatre morceaux ici en version réenregistrée). Par contre à l’inverse, on sent que ces types ont aussi l’intelligence de ne pas oublier qu’ils ont une moyenne d’âge de trente-cinq ans. On parle donc ici non pas de thrashers décérébrés ne se nourrissant que de chips et de bière, dormant dans leur salle de répétition et ne rêvant que de partir en tournée ad vitam aeternam mais bien de pères de famille avec de vrais boulots et une vraie vie (cela existe) qui ont juste voulu se faire plaisir et replonger dans la musique qui les faisait bander quand ils étaient ados.

Pas de pochette de Dan Seagrave ni de paroles inspirées par HP Lovecraft ici, mais c’est tout comme. Les Templiers Maudits, déjà popularisés par CATHEDRAL ou HOODED MENACE, se sont vu refiler un CDD pour apparaître sur la pochette qui nous la joue comics d’horreur avec sa titraille hollywoodienne et tout un bestiaire old-school a été engagé pour apparaître dans les paroles. Niveau musique, on pense certes sans surprise à GRAVE ou DISMEMBER mais surtout à leur version (légèrement) assagie de ‘Soulless’ et ‘Massive Killing Capacity’, mais sans les plans d’harmonies guitares à la NWOBHM du dernier et avec un chouia plus d’agressivité et (yes !) du blast de derrière les fagots. Mais surtout, on ne cherche surtout pas à se compliquer la vie. Pour dire, le titre le plus épique du lot fait trois minutes trente-six secondes ! Pour les dix autres chansons, on navigue entre deux trente et trois minutes, avec en général cinq riffs maximum par chanson. Alors si Lagergren n’a pas le savoir-faire d’un Rogga Johansson ou d’un Fred Estby pour pondre des parties-de-la-mort-qui-tue avec le genre de ch’tit passage accrocheur qui donne envie de jouer à l’hélicoptère avec un stylo dans la main face à votre miroir, ‘Detached From Life’ a au moins pour lui un côté immédiat et un petit goût de reviens-y avec ces trente-deux minutes de bastonnage garanti sans prise de schtroumpf. Et puis bien sûr, il y a ZE son Sunlight, granuleux comme une soupe aux carottes de chez grand-mère. Un ‘détail’ certes qui ne fait pas forcément de cette galette un chef-d’œuvre annoncé mais qui lui permet, malgré tout, d’avoir le petit ‘plus’ qui lui permet de faire la différence avec ses (multiples) concurrents. Et puis accessoirement, cela donne juste un bon album de death old-school, ni plus ni moins.


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 13/20 | Nb de lectures : 11046