Formé en 2002, Mourning Dawn est à la base un "projet un-homme" de Laurent, vocaliste du groupe de doom parisien Innborn Suffering. S'ensuivent deux démos et un mini pro-CDr, avant que Laurent ne décide de former un groupe, notamment pour monter sur les planches. Après quelques changements, la formation s'est désormais stabilisée et Laurent (guitare/voix) est désormais entouré du bassiste Toxine (Funeralium, Heol Telwen, Ond Aand), du guitariste Fabien (Orgasmic Tears, ex-Ad Vitam Aeternam) et du batteur Thomas (Inborn Suffering). Tous ces petites noms ne sont pas inconnus des amateurs de la scène francilienne. Signé pour deux albums chez Totalrust Music, Mourning Dawn déboule avec un premier album éponyme dans nos platines, nous prenant de cours pendant la digestion de la galette des rois.

Et si une seule influence résonne aux oreilles pendant l'heure que dure cet album, elle n'est pas des moindres : Shining. La musique de Mourning Dawn s'inspire très profondément des litanies suicidaires du ressuscité suédois. Les six titres (et deux interludes) étalent longuement leur mal-être, régurgitent la douleur d'une lente agonie. La patrie de Mourning Dawn n'est pas celle inscrite sur sa biographie, mais bien le territoire des psychopathes du black dépressif. Certes, on peut trouver des passages proches du doom/death suédois d'un vieux Katatonia ou des mélodies d'un Agalloch (écoutez la seconde partie de "When the Sky seems to be a Flag") ou bien encore des élans qui font penser au black/dark des allemands de Bethlehem, voire aux riffs de Forgotten Tomb (RIP). Mais c'est bien l'empreinte de Shining qui apparaît en filigrane sur l'ensemble de l'opus.

Une influence bien visible mais qui n'empêche pas Mourning Dawn d'apporter sa compréhension personnelle du genre. Les titres des français sont plus retenus et ne jouent pas sur une double lancée à fond de TGV par un Hellhammer piqué aux hormones. Mais les mélodies sont bien typiques du style, et restent vraiment accrocheuses, piégeant lentement l'auditeur jusqu'à suffoquer. L'ambiance se met irrémédiablement en place, transformant la douce chaumière en un décor horrifique pour film de zombies. Bouleversé que vous serez, il y a fort à parier que vous allez coller un coup de machette à Cunégonde quand elle va revenir de la cuisine avec les chips.

Pour être totalement de classe internationale, il manque peut-être à cet opus un soupçon de puissance. La production est très propre et chaque instrument se distingue dans un son qui ne se veut pas crassouillet une seconde. Etant donné ce parti pris (très logique vus les récents opus du genre), les guitares ne sont peut-être pas assez en avant, pour soutenir au plus près les hurlements de damné qui caracolent seuls en avant du mix. Le résultat reste tout de même impressionnant et Mourning Dawn n'a rien à envier aux locomotives du dépressif. Le groupe mérite largement votre soutien. J'ai très fortement envie de voir le rendu de ce "Mourning Dawn" sur scène, mais je suis déjà plutôt serein. C'est du bon, que je vous dis!!


Rédigé par : Prince de Lu | 16/20 | Nb de lectures : 13391