MOURNING BELOVETH - The Sullen Sulcus (Aftermath Music/Adipocere) - Selection VS du 18/04/2003 @ 18h19
Si l’on s’en tient aux vagues d’engouement souterraines qui accompagnent ses remous de surface (à l’exception notoire de Shape of Despair), le doom est voué à rester ventousé au parquet de la confidentialité, tel un mouvement respecté à sa valeur mais régulièrement laissé à l’index au moment de concocter les playlists qui comptent. Trop inerte, trop étanche, trop élitiste peut-être, il a la particularité de voir la plupart de ses pratiquants être élevés au stade de groupe culte tant leurs œuvres sont rares et proportionnellement recherchées. En dignes dauphins de la dynastie des Skepticism, Candlemass et autres Esoteric, les Irlandais de Mourning Beloveth actualisent l’héritage fidèlement, mais aussi en y apportant un grain de sel individuel qui ne peut manquer de leur attirer la sympathie des connaisseurs. Proche de la terre – une constante pour beaucoup de groupes du cru (cf. Primordial, Geasa…) – le son soulève une puissance intéressante. La guitare lance ses vibrations pachydermiques lors de riffs décidés qui vont à l’essentiel sans précipiter la manœuvre, la batterie délimite avec autorité les semblants d’ascensions et de descentes qui animent un scénario voilé de cendres, laissant les cymbales frapper des temps binaires ou ternaires en suspension. Les tribulations majoritairement traditionnelles de Mourning Beloveth échappent à la dénomination de « funeral doom » qui flotte dans l’air du temps, avec seul le chant stomacal de Darren comme vestige fossilisé des catacombes. En effet, bien que la tonalité directrice de l’album invite davantage à rester bougonner dans son antre qu’à sortir le complet à paillettes, les morceaux ne tombent jamais dans l’étouffement chronique et offrent au fil de leur genèse patiente de nombreux débouchés qui nous convoquent à l’air frais et serein des prairies irlandaises sous les étoiles. Non pas que des éléments de folklore ou même d’atmosphérique viennent réclamer leur part du gâteau, comme on a tendance à vouloir l’attendre (à tort) de la part des groupes issus d’un milieu culturel celtique, mais ce côté agréablement oxygéné de la musique permet de mieux se concentrer sur les mélodies, ce qui tombe à pic puisque ces dernières tiennent une place de premier ordre comme premier agent de la spécificité du groupe. C’est ainsi que l’on est le témoin charmé de quelques arpèges conjoints très propres, judicieusement placés en tête de chapitres, ou encore de prouesses lyriques médusantes à l’image du splendide solo épique au petit trot sur « My Sullen Sulcus ». Encore plus original et propre au groupe, l’utilisation fréquente d’un chant clair très sobre, jamais emprunté, jamais sentencieux, simplement humain et de ce fait particulièrement touchant. Ce dernier occupe peu ou prou chez Mourning Beloveth la fonction d’harmonisation qui souvent chez d’autres échoit à une castafiore et, sans mysoginie aucune, le fait d’avoir ici une voix masculine, très belle de surcroît, joue pour renforcer l’impression de corps qui domine un style foncièrement uni et naturel, marque des œuvres sincères mues par une source inspiratrice entière. D’ailleurs, celui qui prendra la peine de s’arrêter sur la combinaison visuels-paroles ne pourra qu’être abasourdi par leur force et leur personnalité qui, en adéquation avec la musique, dégagent un vif pouvoir auto-réflexif à travers des allégories verrouillées visitant des thèmes tels que le spleen, l’isolation et la dépossession. Campés dans leur petite retraite confortable, bien loin de la piste aux acrobates que sont devenus les gros titres d’une scène metal plus souvent pathétique qu’honorable, Mourning Beloveth alimentent la flamme d’un doom noble et insoumis qui ne s’éteindra pas tant que des albums capitaux comme « The Sullen Sulcus » continueront à atterrir dans les bacs, à leur rythme, au compte-gouttes, au plus grand plaisir d’une cohorte de mélomanes dévoués pour lesquels le temps ne compte pas vraiment…


Rédigé par : Uriel | 17/20 | Nb de lectures : 8590




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Commentaire
the.freezing.clown
Invité
Posté le: 15/01/2004 à 11h52 - (6782)
Un chef d'oeuvre ce disque: lourd, tourmenté, hypnotique (euh...Doom quoi !)

Le mélange des chants fonctionne à merveille, et les compos sont parfaitement structurées

18/20

shadowtiny
Membre enregistré
Posté le: 31/03/2005 à 18h52 - (14613)
Aussi peu de commentaire pr ce disque d'esception!!??
Aye, aye, aye.... Même après d'inombrables écoutes, ce disques restent sublime et il est tjs bon de le ressortir de tps a autre. Et ce chant clair.... Quelle efficacité!!
La suite n' pas l'air du même accabi. On verra plus tard!



Dying Love
Membre enregistré
Posté le: 04/06/2005 à 14h46 - (16183)
oui ce disque est une perle, je m'en lasse pas!!



Another-Perfect-Circle
Membre enregistré
Posté le: 20/12/2005 à 14h35 - (22590)
Superbe !
Un plus pour The "Insolent Caul" et l'intro de "The Words that Crawled" !

Die by the sword
Membre enregistré
Posté le: 20/05/2007 à 16h24 - (42187)
Une perle , oui c'est le mot



Vlad Tepes
Membre enregistré
Posté le: 04/09/2008 à 00h26 - (61154)
Comme le précédent je le trouve assez inégal. Mais rien que pour "Narcissistic funeral, la possession de cet opus s'avère indispensable pour tout mélomane qui se respecte.



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