"Pas de de bras... pas de Mouga"... en voilà une introduction bien débile à la hauteur des meilleurs non sens catharsiques que j'ai pu développer dans VS. Mais bon, on dit toujours qu'une introduction est bonne quand elle sort de l'ordinaire. Elle a un sens, faites-moi confiance et je vous dirai ensuite pourquoi.
Évidemment, pour un groupe polonais, peut être que Mouga n'évoque pas cette fantastique confiserie venue d'orient. La saveur du Nougat peut aller du "fameux" à la franche "Saloperie" suivant la qualité du produit et son pays d'origine. Alors chers amis, je devine votre question... quel est la saveur de ces petits Polonais de Mouga ?
Ces quatre aficionados de musiques électriques viennent donc nous chatouiller les gages à miel en expérimentant par le groove un rassemblement musical. Je parle bien de rassemblement et pas de métissage, les Mouga ne jouant pas les diasporas du metal en amenant Pantera cohabiter au pays de la pop music. Les boys cherchent plutôt à avoir une personnalité moins patchwork que ceux qui mixent à tout va. Armés d'une solide technique musicale, les Mouga ne sont cependant pas des mélomanes qui cherchent à démontrer qu'ils jouent comme des dieux.

En fait, ils me font penser à une sorte de "The Mars Volta" qui se prendrait moins la tête ou à "Incubus" qui auraient mangé des mentos et bu du coca après. Il y a aussi des frappes à la Glassjaw notamment dans certaines lignes vocales et dans le timbre du chanteur quand il monte dans les aigus.
Tour à tour, les cris alternent avec la douceur, et les mélodies racées qui sortent de la bouche du chanteur restent toujours scandées avec force et justesse. Il est vrai qu'il aurait été dommage que le groupe ne développe pas cette voix comme il le fait tout au long du skeud tant elle sonne bien.
Cependant, à force d'acrobaties vocales, on finit par être de moins en moins impressionné par le bougre au fur et à mesure des titres... mais bon il vaut mieux ça que d'être lassé par la médiocrité n'est-ce pas ?

Vous l'aurez compris, il y a un petit côté néo chez les Mouga qui sans être vraiment manifeste (le groupe ne rappe pas, ne s'accorde pas en Si et ne fait pas du calme/tempête) transparaît quand même assez clairement. Le groupe ne plagie pas les cadors du genre et ne cherche visiblement pas le succès à tout prix. Ils aiment sans nul doute l'état d'esprit "true" du Neo (Houla que cela va pas plaire ça !) où les plus "brillants" représentants baignaient la mélodie dans un seau de bitume.
Mais on accède pas à la réussite artistique d'un Deftones comme ça (même si Mouga a de bons atouts dans sa manche).

Au niveau de la musique à proprement parler, Mouga ne fléchit jamais vraiment et reste toujours dans une dynamique soutenue. Ils n'hésitent pas à s'énerver quand le besoin s'en fait sentir mais il ne s'approchent jamais du metal velu ou de la folie du hardcore chaotique. A se défouler, les Mouga préfèrent prendre le chemin d'une sorte de rock alternatif qui se serait bien habillé plutôt que celui d'une power pop débraillée. Le son de la batterie est bien rond et agréable, et grâce à des grooves sophistiqués et à des roulements gracieux, la rythmique est un très bon support pour les boys.
Le travail à la basse est parfaitement bien dosé et dans les nombreux moments où la guitare est en mode "milieu de manche" on entend très bien le quatre cordiste s'amuser à danser sur le tempo. Les guitares exécutent des riffs plutôt simples qui cherchent surtout à baliser à grand renfort d'un son plutôt gras les envolées du groupe.
De nombreuses syncopes, des harmoniques en pagaille et quelques petites égratignures dissonantes définissent assez bien, dans tout le bourbier de power Chords, le jeu des guitaristes.
Comme je le disais précédemment, sans être très technique, le groupe fait preuve d'une maîtrise musicale importante... qui ne faillit jamais.
"The God & Devil's Schnapps" est donc la première livraison des Polonais et c'est armé d'une pochette énigmatique qu'ils nous arrivent avec dans leur besace 10 titres alambiqués au son pour le moins roots. Les titres et les lyrics sont bien en adéquation avec l'image et le son du groupe : "Placebo Silence", "Who killed the phoenix ?" ou encore "Spider Clock Motel". Ce sont des chansons un brin étranges mais pas dénuées de charme et surtout pas drivées par des envies de béotiens en mal de sonorités fantaisistes. Excepté un piano complètement "Out" sur "Shackles and Feathers" il n'y a pas vraiment d'incursion d'autres instruments, pas plus que des plans psychos inattendus, comme on pourrait le croire dans les premières minutes de "The god...". Le groupe apprécie davantage de se la jouer psychédélique comme sur "Ten Miles Away" plutôt que déglingo cherchant à surprendre à tout prix.

Je disais en début de chro "Pas de Bras... pas de mouga". Eh bien oui, il manque juste quelque chose à ce groupe pour tout défoncer. Juste une certaine variété et le goût de la surprise. Ce style de musique supporte très bien les "hits"... ils ne sont qu'à une petite longueur de bras pour les Mouga. Si l'album est un peu moins passionnant à la longue, dès qu'il s'agit d'écouter deux trois chansons par-ci par-là, vous pouvez y aller les yeux fermés (et dans n'importe quel ordre) car c'est la torgnole assurée. J'attends donc d'ores et déjà le prochain album avec impatience et en attendant je vais me remettre un petit "Placebo Silence" histoire de me rappeler au bon souvenir de ces sympathiques Mouga.


Rédigé par : pamalach | 13/20 | Nb de lectures : 11907