Sorti il y a un peu moins de deux dans, "Aftershock", l'avant dernier album de MOTÖRHEAD, m'avait séduit à un tel point que je n'avais pas hésité une seule seconde à le mettre en sélection. Revigoré et à nouveau en phase avec une créativité retrouvée, le bombardier alignait sur ce brûlot une collection de baffes pesantes qu'on n'avait plus reçu de leur part depuis (trop?) longtemps. Je ne m'étais donc pas fait prier pour louer les mérites du trio et avait exprimé toute ma joie de voir un de mes groupes favoris revenir à son top niveau.
Aujourd'hui émaillé de plusieurs événements inquiétants quand à l'état de santé de Lemmy, MOTÖRHEAD sort néanmoins une nouvelle bombe avec "Bad Magic" qui semble arriver bien tôt quand on voit combien la santé du chanteur peut être déclinante ces derniers mois. Est ce que le patriarche n'en fait pas trop ?
L'avenir de MOTÖRHEAD semblant désormais s'accorder avec des "Si" et des points d'interrogation, je me garderais donc de donner mon avis sur des éléments dont, de toute façon, je ne sais pas grand chose. Reste que "Bad Magic" est depuis peu dans les bacs, et que, aussi surprenant que cela puisse paraître, il est d'une bonne qualité, se rapprochant même du génial "Aftershock" à quelques petits différences près... tout un programme en somme !

Si je dis être surpris par la qualité de "Bad Magic", c'est avant tout parce que ces dernières années, MOTÖRHEAD n'enquillait pas les albums de qualité comme d'autres enfilent des perles. En général, et à mon goût, on se retrouvait souvent avec des pics de créativité, l'inspiration du groupe ressemblant à des montagnes russes quand le trio réussissait à produire un bon album pour en proposer par la suite deux moyens, voire passables. Il semblerait cependant aujourd'hui que l’arithmétique si particulière de Lemmy et sa bande se trouve aujourd'hui un peu bousculée par une doublette assez étonnante et ô combien jouissive. Certes pas parfait mais pas dénué de belles qualités et d'un intérêt certain, "Bad Magic" souffre principalement à mon sens de rayures sur sa carrosserie qui font au final prendre de l'éclat au bolide. Suivant un peu la même construction que son grand frère, "Bad magic" commence de façon musclée avec deux titres hyper forts en gueule, se la joue cool avec quatre cinq morceaux "classiques" et se paye deux/trois jokers/curiosités avant de terminer sur une reprise étonnante de The Rolling Stones, on en reparlera un peu plus tard.
Musicalement, le propos reste majoritairement mid tempo et rock' n roll (hommage soit rendu au savoir faire de Campbell à ce niveau là) avec des envolées à la limite du boogie sur "Electricity" et "Evil Eyes". On note aussi dans le même temps quelques chansons plus lourdes avec de belles frappes metal sur "The Devil" et "Shoot Out All of Your Lights", chanson faisant d'ailleurs beaucoup penser à "Sacrifice", du moins dans sa structure. Niveau hits de set list, le trio ne s'est pas loupé en proposant outre l'excellent "Victory or die", le délirant "Teach Them How to Bleed" au groove fédérateur ou encore un très étonnant "Till the end" sublime morceau aux lyrics forts et à l’atmosphère mélancolique. Ce morceau rassemble avec "Sympathy for the Devil" et le vicieux "Choking on your screams", le savoir faire de MOTÖRHEAD quand il sort du classicisme qu'il lui est parfois reproché... et ce n'est pas tout chers amis ! L'urgence de "Thunder and lightning" et de "Tell me how to kill" dessine un relief intéressant avec la doublette finale "Chocking on your screams" et "When the sky comes looking for you". Ces deux morceaux développent des ambiances un peu plus sombres (comme sur le morceau "Orgasmatron") et accompagne la fin de "Bad Magic" d'une aura vicieuse. Bref, ça commence à être pas mal tout ça non ?
Le seul bémol de l'album viendra du fait que MOTÖRHEAD s'est cette fois ci un peu laissé aller à quelques fignolages un peu trop scolaires et à un soucis du détail moins rigoureux que sur le précédent. Prenons "Sympathy for the devil" par exemple : le chant de Lemmy est excellent, la batterie tribale de Dee super entraînante, mais les célèbres "Ouh, ouh" de l'avant dernier couplet sonnent franchement plats et peinent à faire monter la sauce. Et que dire de l'idée de Campbell de jouer un solo à lui à la place des célèbres Bends de Richards ? Ok il à fait son truc... mais vous imaginez une cover de "Highway star" sans les notes originales ?
Le morceau "Fire Storm Hotel" me déçoit aussi un peu avec son riff à la "Cat Scratch Fever" de Ted Nugent... écho hélas malheureusement de quelques moments où le groupe se laisse un peu aller à retaper dans ce qu'il sait faire, point à la ligne. Bon, ok, c'est pas graaave, graaaave et cela n’empêche pas l'album d'être très agréable mais, à mon sens, cela ne le hisse pas au niveau d'"Aftershock" et, évidement, des "gros" albums du groupe.

Puissant et bien produit, ce "Bad Magic" confirme donc la bonne santé studio de Motörhead, qui offre près de quarante ans après sa naissance encore des albums qui font la nique à pleins de groupes dits "talentueux" et "modernes". Toujours "Over the top" MOTÖRHEAD continue donc son bonhomme de chemin en dépit des propos des oiseaux de mauvaises augures qui se trouvent cette fois encore le bec cloué par le bombardier. J'espère qu'on pourra encore entendre de nouvelles chansons de Lemmy (peut être son projet d'album solo va-t-il finir par aboutir ?) en souhaitant évidemment le meilleur pour sa santé. Et pour finir, je reviens un instant sur les lyrics de "Till the end" en me rappelant que ce grand Monsieur de la musique a choisi de toute façon, et depuis longtemps, un chemin qui est le seul à assumer aujourd’hui. "Un grand Monsieur de la musique"... si il m'arrive parfois de sortir des formules en phase avec la réalité, là, je pense que je suis en plein dedans.




Rédigé par : Pamalach | 16/20 | Nb de lectures : 12344