A l’heure où les grands fauves vont se coucher, repus de chair et de sang, me voilà confronté au dilemme suivant : comme vous, j’ai la conviction que les groupes français doivent être soutenus, oui mais jusqu’où ? L’exception culturelle que certains thuriféraires revendiquent haut et fort l’exige, oui mais à quel prix ? D’un autre côté, je ne suis pas leur meilleur avocat. Je n’y peux rien. Très peu d’entre eux trouvent grâce à mes oreilles. Leur obstination à vouloir se glisser dans les pantoufles de telle ou telle référence, leur mépris du soin apporté au chant, leur dilettantisme général et quantité d’autres faiblesses récurrentes sont autant de motifs qui me donnent raison… d’avoir raison !

Certes, vous allez me dire qu’il ne faut pas généraliser ; que certains montrent de réelles qualités, etc. C’est vrai mais ils ne sont pas si nombreux à sortir du lot. Tout du moins dans le genre métal progressif. D’autres s’écrieront: « Vas-y Karadok, essaie seulement d’en faire autant. Montre-nous, toi qui es si prompt à la critique. Es-tu seulement musicien pratiquant? »

Je l’ai été, je ne le suis plus. Oh pas d’un très grand niveau mais suffisant toutefois pour éprouver la joie de partager cette passion en groupe et de ressentir l’émotion de jouer devant la foule.

Mais là n’est pas le problème. Nul n’est besoin d’être musicien professionnel pour savoir si l’on est en présence d’un groupe d’avenir ou bien d’une formation éphémère.

Je peux me tromper mais j’ai le désagréable sentiment que Mother & Pearl appartient à la seconde catégorie. Dur, je sais mais à lire leur bio, leurs « aventures », leur parcours, leurs choix, je ne peux m’empêcher d’éprouver à nouveau cette sourde appréhension.

Et ce que j’entends confirme mes craintes. Leur rock métal blues prog fourre-tout n’accroche l’oreille qu’à de trop rares occasions et se montre trop convenu. Et je renonce à aller plus loin dans la description de leur musique. Car ce qui heurte, rebute et empêche irrémédiablement toute approche positive ou même objective, c’est une nouvelle fois le chant. Je m’adresse donc directement au groupe et je dis stop !

Non, messieurs, non ! Malgré tous les sacrifices consentis, les efforts accomplis, vous ne pouvez pas vous permettre de présenter une démo qui, en plus de ne pas être transcendante – loin s’en faut - propose un chant aussi bâclé. Je dis « bâclé » mais mauvais serait plus juste. Je suis désolé mais vous me tendez le bâton pour vous faire battre… et je le saisis sans aucun remords pour vous administrer une « correction » certes dure à avaler mais salutaire pour votre devenir.

Souvenez-vous de ceci : la concurrence est rude et seuls les meilleurs seront retenus à la fin.
A moins que vous vous contentiez de jouer pour vous. Ce qui est fort respectable en soi. Mais le fait que vous ayez envoyer cette démo à bon nombre de webzines signifie que vous espérez émerger du lot.

Comme beaucoup de kronikeurs bénévoles et en tant qu’amateur gourmand de musique, j’écoute des dizaines d’albums par mois. Et je suis navré d’avoir à vous dire ça mais ce que j’entends durant 35 minutes environ me laisse à penser que faute de prendre en considération ces remarques, vous ne ferez pas long feu dans un milieu aussi exigeant.


Rédigé par : Karadok | pas de notes/ | Nb de lectures : 10895