MOSE GIGANTICUS c’est avant toute autre chose, le groupe de Matt Garfield. Le gars, batteur hardcore de profession, décide un jour que maintenant ça suffit, qu'il en a assez de se cacher derrière ses fûts, tout au fond de la scène. Maintenant, il veut être dans la lumière et chanter dans son groupe à lui tout seul. Ce groupe est MOSE GIGANTICUS. D’ailleurs, au début, il était tout seul et bidouillait dans sa chambre avant de rejoindre le label « trop hype tu vois » Relapse. Maintenant qu’il est chez Relapse, il continue à faire de la musique tout seul mais dans un studio, plus dans sa chambre. Par contre son groupe n’a plus grand-chose de hardcore. Ce projet est né de la passion de Garfield pour les musiques et les sonorités électroniques, du coup il s’est mis à jouer du clavier et toute sorte d’instruments étranges pour le metalleux bas du front. Si on trouve de la guitare, de la basse et de la batterie, dans « Gift Horse » ce sont surtout les synthés et le vocoder qui se taillent, tous deux la part du lion. Mais arrêtes tes salamalecs Bettoun, MOSE GIGANTICUS c’est quoi ?

C’est un mix improbable entre les Melvins, Genghis Tron, Baroness et Mastodon à la sauce rock psyché seventies. De la musique d’intello donc ? Oui, certes, on a bien un côté « intello » dans la musique de ce one-man-band, de par la recherche des sonorités plutôt inhabituelles, l’utilisation d’un clavier-basse, etc, etc. Mais n’oublions pas que Matt Garfield est avant tout un punk repenti et que le gène punk quand on l’a, c’est pour la vie. Le côté expérimental de la musique cohabite avec l’énergie et une vibe punk bien présentes dans certains riffs et certaines parties vocales braillées par Garfield. "Gift Horses" est aussi un concept album retranscrivant un dialogue entre Satan et Dieu dans lequel chacun explique pourquoi les hommes devraient croire en lui et pas en l’autre. Pour retranscrire cette conversation, Garfield emprunte les chemins d’un metal progressif à l’ancienne, très influencés par les années 70, mais en bien plus direct : aucune chanson ne dépasse les cinq minutes mais la vibe progressive est bien là. D’ailleurs certains passages de « White Horse » rappellent furieusement les passages les plus prog d’un Between The Buried And Me. A côté de ça, on trouve des morceaux très directs comme ce « Demon Tusk » aux riffs saccadés carrément metal-stoner. On trouve donc à boire et à manger sur cette galette mais toujours avec toute la cohérence voulue par son géniteur.

La voix de Garfield, elle, rappelle fortement celle de Buzz des Melvins avec un petit côté Mastodon version punk qui se ressent dans le manque de justesse et de précision qu’on peut parfois trouver. Un peu de feeling supplémentaire n’a jamais tué personne. L’album évolue en cours d’écoute et si la première moitié est plus directe, mettant la guitare en avant, la seconde partie, dans laquelle les morceaux s’allongent, est plus électronique et marquée par les claviers, melotrons et autres sonorités psychédéliques qui amènent cette « touch » propre au groupe. Si on a évoqué le caractère seventies, rock et punk de la musique, il ne faut pas occulter l’élément carrément heavy metal de la musique de MOSE GIGANTICUS. Je prends le titre final « The Seventh Seal » avec un son carrément épique amené par les vocaux hyper travaillés, une ambiance « bataille en Terre du Milieu » et un pont héroïque suivi d’un solo true heavy. Cette pièce est assez surprenante lorsqu’elle déboule pour clôturer l’album d’une superbe manière en amenant une dose de grandiloquence bienvenue qui se marie très bien avec les lyrics et le concept générale de « Gift Horses ». Maintenant pour apprécier correctement ce disque il ne faut pas être réfractaire aux sonorités électroniques seventies ni au vocoder et aux voix bidouillées sans quoi, on risque de rester sur le bord de la route. On peut aussi reprocher à l’album une production un peu faiblarde et trop neutre, n’accompagnant pas au mieux les variations d'ambiances musicales ainsi qu’une durée très courtes, sept titres pour moins de trente minutes c’est peu et on aurait aimé en savoir un peu plus sur le concept, l’histoire et tout le tintouin. Au final, on soulignera l’originalité, la prise de risques et la maîtrise de la chose malgré d’inévitables défauts. Mais comment en vouloir à un mec qui s’appelle Garfield et qui tourne en Alaska avec une bagnole roulant à l’huile de végétale usée ? http://www.youtube.com/watch?v=sNROaXA6OSI


Rédigé par : Seb On Fire | 14/20 | Nb de lectures : 12718