Le cas Mortiis fait l'objet de polémiques multiples depuis son départ de Emperor. L'émancipation du vilain troll n'a pas fait que des heureux et son orientation musicale déconcertante au possible a du être fatale à l'émail de nombreuses dents qui ne demandaient pas à grincer autant. Le précédent disque "The smell of rain" avait pas mal tourné sur mes platines il y a deux ans et j'avais conclu ma kronik à l'époque en me demandant ce qu'il pouvait bien nous réserver pour cette fois ci. Si "The grudge" essaye de se situer dans la continuité de ce qui avait été abordé auparavant, on remarquera vite que cette galette ne sera certainement pas la meilleure de l'artiste. Si Mortiis rappelle parfois Marilyn Manson ('Way too wicked") ou Filter ("Decadent and desperate"), il reste dans d'autres cas cantonné dans un electro minimaliste, trouvant son inspiration sur la scène des précurseurs allemands qui ne s'embarassaient guère d'arrangements compliqués (le single "The grudge"). Les guitares sont samplées (ou sonnent comme si elles l'étaient) et se collent sur des rythmiques plutôt convenues qui doivent beaucoup à KMFDM ou à Ministry ("Gibber", "Broken skin"). En fait, l'inspiration de Mortiis est bien plus efficace quand elle est injectée dans des titres plus calmes comme "The loneliest thing" ou "The worst in me". Son passé ambient est évoqué avec le final "Asthma".
Ce disque manque vraiment de morceaux mémorisables comme pouvaient l'être "Smell the witch" ou "Parasite god". Le côté gothique a été (délibérément ?) laissé de côté et on se retrouve avec un disque d'indus aux rythmiques d'électro plutôt banal au final. Les vocaux manquent singulièrement d'impact et la production, plutôt neutre, n'arrangera pas les choses. Mortiis a le potentiel pour faire de la musique grandiose mais, sur ce coup là, je me suis plutôt ennuyé.
La plupart des morceaux défilent et ne retiennent que trop peu l'attention. La majorité des arrangements sonnent comme des essais de débutant et, si le sens de la mélodie est souvent encore présent, "The grudge" reste un album qui sonne de manière bien trop démodée pour captiver les foules. Le côté kitsch a, dans certains cas, quelque chose de délicieux. Ici, il sent plutôt le renfermé. Vraiment moyen.


Rédigé par : Loufi | 10/20 | Nb de lectures : 9130