« La rédaction de chronique de disque pour les nuls » Par Dr. DIXIE WHISKEY.

L’exercice périlleux de la chronique de disque a détruit et continue de détruire moult réputations de rédacteurs plus ou moins chevronnés, connus et reconnus. Il existe cependant nombre de techniques ayant fait leurs preuves au cours de l’histoire de la musique et de cette littérature moderne. Voici les plus connues et utilisées.

Chapitre 1. « Maîtriser le bluff.»

Prenons pour exemple le disque de MORKOBOT, « Morto », groupe inconnu et incompréhensible du grand public.
L’idée étant de faire de cette formation, plutôt qu’un combo de musique bruitiste, intellectuelle et expérimentale, la nouvelle coqueluche « in » des nouveau aficionados barbus et, ou, mèchus de drone, doom et musiques inabordables.
Les termes « bruitiste », « intellectuel » et « expérimental » ne sont pas vendeurs, VOUS êtes le commercial qui DOIT vendre ce produit, vous leur préférerez donc les termes « noisy » (le terme en anglais restera toujours plus marchand, en plus d’améliorer votre cote de popularité naissante d’écrivain), « cérébral » (afin d’éviter la comparaison avec le premier de la classe ainsi que d’affirmer sa modestie) et « contemporain » (même si le terme n’est pas à proprement parler un synonyme, la compréhension restera claire).
La particularité de ce « band » (notez ici l’utilisation du terme anglais) est de posséder deux guitares basses, une batterie ainsi que quelques sons électroniques dues à l’utilisation d’effets ainsi que de claviers.
Parler des instruments utilisés est ici inapproprié, d’une vous risqueriez de vous faire malmener par quelques « geeks » à l’affût de sons divers et variés, et de deux, vous risqueriez d’y passer la nuit. Vous n’avez pas été engagé pour vos connaissances musicales mais bien pour votre loquacité et votre plume. Souvenez-vous en.
Non, vous vous devez d’écrire sur les sentiments ressentis à l’écoute (qui se doivent d’être positifs, dois-je vous le rappeler). Vous parlerez donc d’un sensation « étrange », d’une impression de « planer » (la référence aux drogues restera toujours bienvenue) ainsi que d’explosions puissantes et d’effets psychédéliques (toujours cette référence aux drogues et aux années 70).
Le lecteur souhaitera toujours connaître le style de musique jouée (les gens aiment à mettre chaque chose dans une petite case) et c’est à VOUS que revient la tâche ardue de formater ce qui, en principe, ne peut pas l’être.
Vous pouvez toujours utiliser des termes déjà existants, tels que « doom », « drone », ces termes ont montré leur efficacité et ont fait leurs preuves. Utilisez-les seulement tant qu’ils sont encore en odeur de sainteté (vous avez, « grosso modo » six mois à un an avant que le terme ne tombe en désuétude). Cette solution peut être la bonne mais elle vous demandera forcement plus de travail et de recherche afin de savoir où vous mettez les pieds et si vous ne commentez pas un anachronisme. LA solution la meilleure et qui vous fera passer à la postérité avec un peu de chance (souvenez-vous des termes « hard », « grunge », « metal », « thrash » etc… tous ont été inventés par vos pairs !) reste celle de créer un mot « cool » et facile à prononcer. Cette musique est à la fois lente, psychédélique, expérimentale et agressive. A vous de trouver comment nommer ceci.
SLURM pourrait être un bon nom.
Acollez à ce mot, le terme Rock et vous obtenez une nouvelle branche à l’arbre du rock and roll.

Voilà pour ce qui est du bluff, nous parlerons, dans le chapitre suivant des connaissances musicales et plus précisément de comment masquer ce manque de connaissance inhérent à votre fonction d’écrivain.


P.S. : Evitez autant que possible de parler du concept vaseux d’extraterrestres venus sur Terre pour délivrer leur message en musique pour ne pas casser votre effet de coolitude branchée.



Merci à Philippe Manœuvre pour ses conseils avisés de « maître es esbroufe »


Rédigé par : Dixie Whiskey | 15/20 | Nb de lectures : 10543