Un nom pas terrible, un artwork et un logo pas plus encourageants, les Rennais de MORKELVYZ n’ont rien pour se faciliter la tâche et pour nous encourager à la découverte de #3. En même temps on sent bien que le groupe ne s’est pas foulé pour donner un titre à #3, cette maquette quatre titres qui succède à « … » (oui oui c’est le titre).
Manque d’idées ? Volonté de ne pas faire comme tout le monde ? Sabordage dans les règles ? Les Bretons de MORKELVYZ semblent avoir une idée bien précise de là où ils veulent en venir et tant pis pour nous si nous n’y sommes pas plus réceptifs. C’est donc à contre cœur qu’on finit, un beau jour, par glisser ce CD dans un lecteur et escomptant le pire car les préjugés ont décidément la vie dure même dans le milieu, soi-disant, ouvert d’esprit du métal.

Contre toute attente, le bide pronostiqué sans arguments valables, la débâcle anticipée ne sont toujours pas de mise à l’issue des quatre titres de cette démo venue de l’Ouest.

MORKELVYZ dont l’originalité se limite au nom fait partie de ces formations sincères qui font de la musique égoïstement pour en tirer du plaisir (imaginez le comble !) Musicalement ça se situerait dans un honnête death thrash qui lorgne ostensiblement sur un petit progressif comme en témoignent les changements de thèmes, les variations de chant (qui finissent toujours pas revenir à de bons vieux braillement thrashy quoique très monocordes) et les quelques petits relents black ou heavy.
#3 se laisse écouter sans déplaisir aucun. Le groupe développe même des idées qui mériteraient d’être creusées (en particulier ce petit côté prog et un sens du riff parfois bien accrocheurs). Question thématique, MORKELVYZ est en plein trip new age basé sur, je cite, « un imaginaire lié aux éléments naturels, chacun portant un nom d'entité qui lui est propre ». A lire ça on hésite à dénoncer les méfaits de la drogue ou on se dit que nos amis ont été bercés trop longtemps sur du MAGMA (entendez par là le groupe) dans leur enfance. Personnellement, je pencherais pour la seconde option.

Le son est correct pour une deuxième démo même s’il ne semble pas avoir bénéficié d’un quelconque mixage et on peut s’envoyer les quatre titres plusieurs fois d’affilées sans souhaiter un tsunami en Bretagne avant l’enregistrement d’une prochaine démo.

Passons maintenant aux points perfectibles et, dieu sait qu’il y en a. A commencer par le chanteur qui aurait bien besoin de cours de perfectionnement. Entre les passages où il pose boiteusement ses paroles sur la musique et d’autres où il cherche à explorer d’autres registres comme le chant clair ou les coassements plus black, il y aurait fort à faire pour un bon prof de chant et MORKELVYZ y gagnerait sans doute une assurance qui lui fait encore défaut.
Du côté des percussions la mise en place du batteur laisse parfois à désirer (désolé Mick !) et le groupe a du mal à éviter certaines longueurs dans ses compos. Si bien qu’on se dit finalement que nos Rennais devraient être capables de faire nettement mieux s’ils s’en donnaient les moyens et s’ils bouffaient un peu plus de répét.

Le plus surprenant dans tout ça, c’est qu’on a même pas envie de démolir une démo comme celle-ci alors que ça serait aussi facile que délicieusement sadique. Non, on a juste envie de dire au groupe de revoir leur copie, de s’enfermer dans leur local, d’en jeter la clé et de nous revenir avec une nouvelle démo plus aboutie. Personnellement, j’espère qu’ils sauront tirer le meilleur parti de leurs quelques atouts et qu’ils veilleront à corriger leurs faiblesses pour ne pas dire lacunes.

MORKELVYZ pour le moment se fait plaisir mais sa musique ne l’emmènera probablement pas plus loin que dans des concerts de MJC et autres fêtes de la musique.
Y’a du boulot en perspective, c’est pas le moment de chômer.


Rédigé par : Tonton | 2/5 | Nb de lectures : 10014