Bon, la médiocrité est pardonnable lorsqu’elle provient de certaines insuffisances liées aux erreurs de jeunesse, même au manque d’idées. Je veux bien croire que les Slovaques de Morgain traversent une phase de crise post-adolescente où on ne sait pas encore très bien où on veut aller ni comment y arriver. Il n’empêche, voilà bien l’une des productions les plus faibles qu’il m’ait été donné de chroniquer ces derniers mois, et j’ai du mal à y discerner des parcelles de promesses pour la poursuite d’une carrière. Non contents de passer en revue tous les clichés éculés du gothic metal mélodique depuis Crematory, nos p’tits gars s’autorisent à y ajouter une liste impressionnante de travers qui rendent l’écoute de cet album pour le moins pénible. J’excuse bien volontiers le manque d’inventivité dans des riffs rébarbatifs qui se trainent comme des limaces sur une autoroute - c’est un peu une des marques de fabrique du style après tout, même si là on atteint des sommets dans la pauvreté technique.

Passons directement au pire: le chant masculin, au ton rauque forcé calqué sur les pires ignominies punk-oï des pays de l’Est, qui torpille à lui seul les quelques titres potables de l’album. C’est vraiment bête pour l’ami Richard Zajac que la session studio soit tombée pour lui en pleine période de bronchite glaireuse ! Le plus poilant c’est encore quand il s’essaye à des vocalises mélodiques, genre imaginez un tuberculeux en train de chanter « Le Temps des Cerises »... Non vraiment toi, apprenti chanteur, si tu veux avoir le catalogue complet des erreurs à éviter sous la main, procure toi ce CD de toute urgence ! Et comme il n’y en a pas un pour rattraper l’autre, le chant féminin est absolument dérisoire. Le claviériste, lui, a suivi une formation allégée chez Bontempi, et à part suivre mollement le jeu de guitares (lui-même très mou si vous me suivez) il n’apporte aucun éclairage digne d’intérêt. En clair le produit dans son ensemble est à ranger dans la catégorie « échecs ». L’ultime morceau, en reprenant façon punk une mélodie puérile bien connue des stades de football (et dont j’ignore l’origine), côtoie le ridicule, chose dont Morgain n’avait vraiment pas besoin. Si on ajoute un artwork disgracieux à souhait et un logo à côté de la plaque, on a fait le tour d’une situation peu reluisante.

Au bout du compte ce disque insignifiant ne soulève qu’une seule question: comment un label au demeurant respectable tel que Metal Age peut-il se coller la loose tout seul en lâchant une pareille clique de gugusses sur le marché ? Il doit sûrement y avoir des groupes plus talentueux et non signés en Slovaquie quand même.
Pas très crédible tout ça.




Rédigé par : Uriel | 1.5/10 | Nb de lectures : 6631