Vous est-il jamais arrivé d’avoir la vague sensation d’être pris pour un con lors de l’écoute d’un album ? Oui, oui, je veux parler de ce sentiment horripilant qui tend à penser qu’on sous estime vos capacités auditives, la justesse de votre jugement, pour vous refourguer n’importe quoi en y apposant une étiquette plus ou moins racoleuse. Allez savoir pourquoi, je déteste être pris pour un con et cet album de MORGAIN va donc en faire les frais.
MORGAIN revient après « Rhymes From The Forest Of Weariness », vous apprécierez au passage la recherche dans les titres, et trois années de silence pour un quatrième album qui sera probablement dans mon top 10 des daubes de 2004. Si l’on en croit leur bio, les slovaques de MORGAIN donnent dans l’ « hypnotic gothic doom metal » alors que cette description pompeuse aurait pu être résumée de la façon suivante : MORGAIN fait de la mauvaise variétoche qui n’a d’hypnotique que son absence d’inspiration, qui n’a de gothic que la couleur de leurs fringues, qui n’a de doom que leur niveau musical et de métal que la monnaie qu’ils vont récolter avec un disque aussi bidon.
Sous prétexte de vouloir faire quelque chose d’inhabituel en ajoutant un harmonica et un accordéon, MORGAIN s’enfonce dans un gouffre sirupeux et dénué d’âme qui ferait passer les disques de Bernard Minet pour des œuvres conceptuelles de haut niveau. Comment vous dépeindre l’affligeance de ce cd par des mots qui ne seront pas agressifs ?
Commençons par le début, d’abord trois voix : la principale, absolument insupportable, appartient à un catarrheux balourd dans sa façon d’extraire ses glaires en chantant, la seconde, bien fadasse, à une matrone vraisemblablement à l’approche de la ménopause et la troisième, dénuée d’intérêt, à un quidam moyen qui place trois mots, ici et là, juste histoire de participer. L’ensemble de ces voix est sous mixé de façon telle qu’on pourrait dire qu’il n’y a que des backing vocals sur cette galette.
Du côté des instruments, le carnage continue avec un clavier joué avec deux doigts qui n’aurait pas paru plus naze en fichier midi. Pour les rythmiques, ils ne se sont pas foulés, ils sont sept dans le groupe mais pas un seul n’est fichu de jouer de la batterie, alors ils ont investi dans une boîte à rythmes de la fin des années 80 qu’ils ont dû programmer en cinq minutes, sans lire la notice. Les grattes sont tout aussi inspirées que les rythmiques et comme ils sont deux guitaristes, j’en ai conclu qu’ils doivent jouer à deux (logique non ?) : un qui gratte les cordes et l’autre qui s’occupe du manche. Ça doit être spectaculaire à voir mais le rendu est définitivement à chier. Je passe sur l’accordéon, instrument que j’exècre par dessus tout, et l’harmonica qui n’avait vraiment pas mérité ça. Celui qui s’en sort le mieux reste le bassiste qu’on n’entend à aucun moment (peut être qu’il était malade pendant l’enregistrement ?).
Comble de malchance et comme si toutes ces tares n’étaient suffisantes, les compos de MORGAIN sont dignes des heures les plus simplistes de la musique de notre ère. Faire entendre ce disque à des enfants seraient faire insulte à leur intelligence. On nage en plein binaire avec des mélodies composées à la va-vite dans les chiottes du studio quand les membres du groupe se sont rendus compte qu’ils avaient oublié leurs partoches. L’alternance des couplets et des refrains, aux tournures tout aussi niaises, devient rapidement intolérable. Quant à la production, ou plus exactement l’absence de production, je ne préfère pas en parler de peur de devenir grossier.
C’est à se demander comment un groupe pareil peut avoir déjà à son actif quatre albums et deux mini cd alors que l’amateurisme est, ici, poussé dans ses derniers retranchements.
« Abandonned In The Forest Of Wearinnes » frise la parodie à chaque morceau. Si encore ils ne se prenaient pas au sérieux, je pourrai rester indulgent mais dans le cas présent je vous conseille de ne pas boycotter cet album mais de brûler chaque copie qui vous passera à porter de main. J’ai même une proposition en conséquence pour le titre du prochain disque : « Burnt In The Forest Of Weariness ».
Faudrait quand même voir à pas nous prendre QUE pour des cons. Maintenant, s’il y en a qui aiment, qu’ils le disent maintenant ou qu’ils se taisent à jamais…


Rédigé par : Tonton | 02/20 | Nb de lectures : 9633