Prenez deux Polonais, exilez-les en Norvège, faites leur jouer du black metal et vous obtiendrez MORD. Je ne reviendrai pas sur les deux premiers EP sortis en 2004 puisque je ne les connais pas. En revanche "Christendom Perished", le premier album sorti en 2006, celui-là, j'y avais déjà prêté attention à sa sortie. C'est d'ailleurs à cause du gros logo hideux qui recouvrait la quasi-totalité de la cover que je m'étais demandé à quoi pouvait bien ressembler la musique de MORD. Pas de quoi casser les trois pattes du canard au final. Ce premier opus, sans être une bouse intersidérale, n'était qu'un album parmi tant d'autres avec une prod bancale au son de batterie synthétique et des compos plus chiantes qu'efficaces. Donc je ne vous cache que je fûs assez surpris lors de l'annonce de la signature du groupe chez Osmose.

C'est avec un scepticisme non dissimulé que je me suis lancé dans l'écoute de ce second album au doux nom poétique, "Necrosodomic Abyss". Mes craintes n'auront pas mis longtemps à se dissiper puisqu'à peine l'"Opus I" entamé j'étais définitivement conquis. Mis à part cette manie de ne pas donner de titres et d'intituler tous les morceaux "Opus" en les numérotant, il ne reste plus rien de ce qui m'agaçait sur "Christendom Perished". Même si le style de black metal est toujours le même, "Necrosodomic Abyss" surclasse en tout point son prédécesseur. Et ce style de black se veut désormais à l'image de ce groupe polonais devenu norvégien par adoption.

Prenez le dernier album d'INFERNAL WAR, mélangez-le au dernier album de TSJUDER et vous obtiendrez "Necrosodomic Abyss". Je crois que l'on ne peut pas faire plus clair: la classe des compos des Norvégiens, la vitesse d'exécution des Polonais et la hargne commune aux deux groupes! Je n'exagère pas concernant la rapidité du batteur, je ne sais pas si ce dernier avait un bras attaché dans le dos sur "Christendom Perished" mais ses blasts sur "Necrosodomic Abyss" sont vraiment d'un autre niveau et constituent l'un des points forts de cet album. Du premier au huitième Opus, on se fait littéralement ramoner les conduits auditifs. Ne cherchez pas de morceaux mid-tempo, cela n'existe pas chez MORD. Il y a bien évidement des ralentissements avec notamment des breaks thrashisants vraiment excellents, mais la trame de "Necrosodomic Abyss" se résume à "Prends ça dans les dents!". Un titre tout de même, l'"Opus II", demeure largement en dessous des autres. Je ne sais pas si c'est son riff (un peu trop inspiré du "Wolves" de MARDUK) qui me rebute ou tout simplement car c'est celui qui a la lourde de tâche de succéder au démentiel "Opus I". J'ai par la même occasion un peu de mal à comprendre le choix de ce titre en guise d'extrait sur la page Myspace du groupe.

La production participe également au gommage des défauts du premier album, la batterie est puissante et sonne beaucoup plus organique exceptée la caisse claire un peu trop large à mon goût. Pour moi "Necrosodomic Abyss" a réussi là où "Christendom Perished" avait échoué. MORD livre un second album un poil répétitif (le leitmotiv "A fond les ballons" n'y est pas étranger) mais véritablement efficace et dévastateur. Finalement, j'ai eu tort de douter du choix d'Osmose, MORD ramène au sein de l'écurie un style de black qui s'était éloigné du label après le départ de MARDUK, il y a quelques années.


Rédigé par : wasted | 15,5/20 | Nb de lectures : 12772